Lait 28 juillet 2023

Prix mondiaux à la baisse et ventes de produits laitiers au ralenti

Le revenu moyen dans les fermes laitières du Québec a connu une baisse considérable en juin par rapport au mois précédent, passant de 94,25 $/hl à 90,49 $/hl. Le phénomène s’explique entre autres par les prix mondiaux qui ont été sur une pente descendante dernièrement, mais aussi par un ralentissement des ventes pour certains produits laitiers.

« Le quart de nos solides non gras sont vendus au prix mondial; ce n’est pas rien sur l’effet que ça a sur le revenu », détaille en entrevue la directrice générale des Producteurs de lait du Québec (PLQ), Geneviève Rainville.

« Dans la classe des ingrédients, notre classe qui est notre débouché pour les solides non gras en surplus, on a un prix à 2,50 $ [le kilo de solides non gras] comparativement à 4,20 $ il y a un an. C’est une baisse substantielle », affirme-t-elle.

Après avoir atteint un sommet en 2022, aidant au passage les producteurs de lait à faire face à la hausse du coût des intrants, les prix mondiaux sont revenus progressivement aux niveaux observés ces dix dernières années. 

« L’inflation qui frappe ici frappe aussi ailleurs dans le monde et ça, ça a un effet sur la demande, globalement, des produits laitiers. Ça a un effet sur les prix mondiaux », détaille Mme Rainville. 

Demande au ralenti et production élevée

Plus localement, l’inflation affecte aussi la capacité d’achat des consommateurs. Selon des données fournies par les PLQ, la consommation de lait (-0,9 %) et de beurre (-4,2%) sur l’ensemble du marché canadien a connu un recul sur 12 mois, jusqu’à mai dernier. La demande pour d’autres produits, tels que le fromage (+0,4 %) et le yogourt (+0,9%), a quant à elle connu une croissance moindre que prévu. La production laitière élevée dans les provinces de l’est du Canada (P5) par rapport à la consommation canadienne se répercute donc sur le revenu des producteurs.

« Par exemple, quand le marché du fromage est un peu moins fort qu’anticipé, on fait plus de beurre avec notre lait et ça se retrouve dans nos stocks de beurre. On avait vu ces stocks reculer dans la dernière année. Il fallait les augmenter pour les ramener à un niveau plus normal [en augmentant la production de lait], mais en raison du marché moins fort, on les a reconstruits plus rapidement qu’anticipé », détaille Mme Rainville. 

Journées additionnelles retirées

D’ailleurs, deux journées additionnelles de production, dont l’une était prévue en août et l’autre en septembre, ont finalement été enlevées, en raison d’une demande au ralenti et des stocks de beurre qui « connaissent une bonne progression ». Les PLQ en ont fait l’annonce sur leurs réseaux sociaux le 25 juillet. « Globalement, ce qu’on remarque, c’est que le marché est quand même en croissance, nuance la directrice générale de l’organisation. Mais on voit un ralentissement de la croissance. » 

En ce qui a trait aux prix mondiaux, rien n’indique qu’ils remonteront à court terme, observe-t-elle. En revanche, le revenu des producteurs pourrait se redresser. « Le contexte des prix à la ferme, il faut vraiment le regarder sur douze mois. En ce moment, la production est un peu plus importante, mais il y aura des mois où ce sera moins le cas, et donc, le prix sera meilleur », affirme Mme Drainville, rappelant que d’autres éléments de saisonnalité peuvent affecter le revenu à la ferme. 

« L’été, le taux de matière grasse dans le lait est moins élevé, avec la chaleur et avec les changements alimentaires, parce qu’on récolte de nouvelles coupes. Ça aussi, ça fait baisser le prix à l’hectolitre », fait-elle valoir à titre d’exemple.