Lait 13 avril 2023

Moins de solides non gras dans le lait donnera plus de revenus

La façon de rémunérer les producteurs laitiers sera ajustée, dès le 1er août, pour encourager à la source la réduction du taux de solides non gras contenus dans le lait.

« Malgré les efforts [déjà déployés] à la ferme pour diminuer le ratio dans le lait cru […], on s’est retrouvés dans les dernières années avec un surplus [de solides non gras] qui était croissant », a fait valoir la directrice de la recherche économique des Producteurs de lait du Québec, Florence Bouchard-Santerre, dans un webinaire visant à expliquer en détail aux producteurs en quoi consisteront les changements.

Le problème n’est pas nouveau. Depuis plusieurs années, l’industrie laitière canadienne se creuse les méninges pour trouver de nouveaux débouchés à long terme pour les surplus de solides non gras qui s’accumulent et qui affectent à la baisse le revenu des producteurs. 

En plus de ces efforts, une nouvelle politique de paiement des composants du lait a été mise en place en août 2021 dans les provinces de l’Est du pays (P5) afin d’inciter les agriculteurs à réduire à la source la quantité de solides non gras contenue dans leur lait par rapport à la matière grasse (MG). Lorsqu’ils respectent le ratio établi, qui se veut en accord avec les besoins du marché, ils obtiennent un meilleur prix. 

Or, la croissance des ventes de crème et de beurre à l’échelle canadienne dans la dernière année, soit des produits essentiellement constitués de matière grasse et qui génèrent beaucoup de solides non gras, continue de favoriser une accumulation d’excédents. Les ventes à la baisse de lait de consommation et de fromage, qui utilisent des solides non gras, ont aussi une incidence sur les surplus. 

Dans ce contexte de marché, on a donc convenu de renforcer l’incitatif, de sorte que les producteurs dont les quantités de solides non gras contenues dans le lait sont basses seront récompensés davantage par un meilleur revenu. 

Entre 185 $ et 1 210 $ de plus par mois

Au cours du même webinaire, l’agroéconomiste Simon Jetté-Nantel, de Lactanet, a indiqué, par exemple, qu’une ferme de 100 kg de MG/jour pourrait voir son revenu mensuel brut augmenter de 185 $ à 1 210 $, selon le ratio atteint, lorsque les nouveaux paramètres entreront en vigueur. Une ferme pourrait aussi être pénalisée de 225 $ à 610 $ par la production de solides non gras excédentaires.  


Des conseils pour y arriver

Selon l’agroéconomiste Simon Jetté-Nantel, de Lactanet, la stratégie la plus payante pour abaisser la quantité de solides non gras dans le lait consistera à prioriser la hausse du taux de gras. Pour ce faire, Patrice Fortier, agronome et conseiller stratégique chez Lactanet, a rappelé aux producteurs l’importance de donner des portions généreuses de fourrage de qualité aux vaches et d’appliquer une bonne gestion de la mangeoire. Il a recommandé des fourrages jeunes contenant un taux de fibre ADF d’environ 30 %. 

Selon lui, il est par ailleurs primordial d’éviter les stress de chaleur chez les vaches. M. Fortier a suggéré l’installation d’un bon système de ventilation et rappelle que l’entretien régulier de celui-ci, à commencer par le nettoyage des pales, est important. 

L’installation de gicleurs directement à la mangeoire peut aussi avoir plusieurs effets bénéfiques sur le taux de gras produit, a-t-il avancé. En plus de rafraîchir les animaux, les gicleurs encouragent les vaches qui ont chaud à se tenir près de la mangeoire et, ultimement, à manger plus. 

M. Fortier a par ailleurs conseillé aux producteurs de travailler la génétique de leur troupeau, en favorisant les croisements entre les meilleures vaches présentant le meilleur taux de gras et de bons taureaux.

Une journée additionnelle de production en mai

Les offices de mise en marché des cinq provinces de l’Est (P5) ont émis une journée additionnelle à tous les producteurs pour le mois de mai sur une base non cumulative. La mesure vise à poursuivre l’objectif de reconstruction des stocks de beurre pour 2023.