Lait 1 mai 2024

Les grandes productrices laitières plus touchées par la grippe aviaire

SAINT-HYACINTHE – Les cas de vaches infectées par l’influenza aviaire hautement pathogène, qui semblent se transmettre d’une ferme à l’autre aux États-Unis, ne sont pas à prendre à la légère de la part des producteurs du Québec, prévient le vétérinaire Guy Boisclair. Ce dernier leur suggère d’appliquer les mesures de biosécurité pour repousser le plus possible l’émergence du virus dans la province. 

« Je dirais que si on ne l’a pas et qu’on est capable de s’en passer, ça vaut la peine de mettre les énergies, d’être assez drastique [en matière de prévention] pour ne pas l’avoir », a répondu le vétérinaire à un producteur qui l’a questionné sur son niveau d’inquiétude, le 17 avril, à la suite de sa présentation donnée dans le cadre de l’assemblée générale annuelle des Producteurs de lait du Québec (PLQ).

Étant membre de l’Association américaine des praticiens bovins, M. Boisclair a accès à de l’information officielle sur l’état de la situation là-bas. Il est aussi membre d’un comité qui suit le phénomène de près, dont font également partie le ministère provincial de l’Agriculture, les PLQ, ­l’Association des médecins vétérinaires du Québec et la Faculté de médecine vétérinaire. 

Baisse de production laitière

Dans sa présentation, M. Boisclair a précisé que peu de mortalités chez les vaches ont été rapportées jusqu’ici chez nos voisins du sud et que le virus semble peu dangereux pour l’humain. Par contre, il entraîne une baisse de la production en s’en ­prenant particulièrement aux vaches qui sont en sommet de lactation.

Ce qu’on voit, c’est que ça affecte surtout les vaches de deux lactations et plus. Ça affecte aussi les vaches de plus que 100 jours en lait. Donc, ça affecte nos plus hautes productrices dans notre troupeau .

Guy Boisclair, vétérinaire

« Ça peut représenter une baisse de production de 10 à 20 % du volume total du troupeau », a-t-il ajouté, en spécifiant que le virus semble en revanche se résorber de lui-même. 

Les épisodes observés jusqu’ici dans les troupeaux ont duré environ un mois. « Il y a des vaches qui vont bien récupérer et d’autres qui ne retourneront pas au niveau de production de lait qu’elles avaient avant. »

Côté symptômes, on constate entre autres une baisse d’appétit des animaux et un changement de texture du lait et des fèces. Le lait, par exemple, peut devenir plus épais et brunâtre. Peu de cas ont été repérés chez les veaux, les génisses, les taures et les animaux qui ne sont pas en lait, mais des oiseaux morts et des chats qui semblaient aveugles ou qui adoptaient des comportements bizarres ont été aperçus sur les sites des fermes infectées. 

En date du 24 avril, aucun cas n’avait été déclaré au Canada. Aux États-Unis, des vaches infectées avaient été identifiées dans une trentaine de troupeaux, répartis dans huit États différents. Si les premiers cas ont été repérés dans le sud du pays, d’autres ont été déclarés plus tard, dans le nord-est. 

Le vétérinaire recommande aux producteurs de suivre le plan du programme ProAction, notamment pour les entrées d’animaux à la ferme. Il souligne également que les bovins achetés aux États-Unis peuvent représenter un plus grand risque. 

Selon la directrice générale des PLQ, Geneviève Rainville, si des cas en viennent à apparaître au Québec, le plus tard sera le mieux pour « faire face à la musique ». « Laissons les Américains apprendre de la maladie, et si elle finit par arriver ici, on aura un meilleur état des connaissances », a-t-elle ­mentionné.