Lait 25 août 2023

La recette du succès de la Ferme JP et ML Forcier

SAINT-LOUIS – Sacrée championne régionale du Club de l’Excellence en matière de qualité du lait par Agropur en 2022 et lauréate du prix Argent du concours Lait’xcellent des Producteurs de lait du Québec pour la même année, la Ferme JP et ML Forcier, de Saint-Louis, en Montérégie, se démarque malgré les défis inhérents à l’élevage en stabulation libre. La Terre est allée la visiter afin de comprendre la recette de leur succès. 

Plusieurs diplômes et trophées ornent les murs du bureau de la ferme, dont la fenêtre donne sur l’étable où une cinquantaine de vaches Holstein circulent librement. Allumé, à la gauche de Martin Forcier, copropriétaire de cette ferme laitière de Saint-Louis, en Montérégie, un écran projette une multitude de statistiques sur les animaux du troupeau, que le producteur consulte assidûment plusieurs fois par jour. Dès le début de sa journée, il porte une attention particulière à ces données afin de suivre l’évolution de l’état de santé de ses vaches, leur rendement, la qualité de leur lait et leur rumination. 

« Je suis très présent à la ferme. Je fais beaucoup de prévention », explique celui qui se décrit lui-même comme une personne minutieuse. Le machiniste de formation suit une routine d’entretien rigoureuse, qui implique entre autres de nettoyer le bras, les lasers et les caméras du robot de traite matin et soir, de nettoyer les planchers de la cabane du robot, de s’assurer que tous les distributeurs de savon soient bien remplis, et de changer les deux filtres à lait doubles toutes les huit heures. 

Le producteur se réjouit que ces démarches lui permettent de produire un lait dont la qualité est reconnue, avec une moyenne de 34 000 cellules somatiques et de 3 800 bactéries par millilitre.

Une transition pas de tout repos

Lorsque Martin Forcier circule entre ses vaches, plusieurs d’entre elles n’hésitent pas à venir chercher des caresses, ou même à affectueusement tirer la langue. « Attachées, elles n’avaient pas cecomportement-là. On a réappris à travailler avec nos animaux après la transition », se souvient le producteur. C’est en 2019 que la ferme est passée de la stabulation entravée à libre – un changement instigué par Martin. Bien que son père, Jean-Pierre Forcier, soit toujours impliqué à la ferme, il s’occupe plutôt des taures et des veaux dans le bâtiment voisin à l’étable en stabulation libre. « C’était clair dès le début que la transition, c’était mon projet. J’ai eu carte blanche », affirme Martin Forcier, qui a d’abord partagé son temps entre la ferme et son métier de machiniste. « Je venais soigner les vaches avant d’aller à l’usine », raconte-t-il. 

Avant de se lancer dans la production laitière à temps plein, le producteur a visité plus de 50 fermes, entre 2016 et 2018, allant jusqu’en Beauce et à Toronto afin de comparer les différents systèmes robotisés. Son choix s’est finalement arrêté sur les produits de Lely. Les travaux d’excavation pour le nouveau bâtiment ont commencé en 2018, et en 2019, le transfert a finalement pu être fait. « Le démarrage a été difficile. Ça a été trois mois d’enfer », se rappelle Martin Forcier, qui peut maintenant en rire. Après cette période, les animaux se sont habitués au nouveau robot de traite installé dans une cabane au centre de l’étable. 

Expansion et relève en vue

Bien que la Ferme JP et ML Forcier ait présentement un quota de près de 70 kg de matières grasses par jour, Martin envisage d’augmenter la production jusqu’à 80, voire 90 kg.

Nous ne sommes pas encore rendus à acheter un autre robot de traite, mais c’est dans les plans des prochaines années, si ça va bien. Quand on a construit le bâtiment, on a placé les tuyaux en prévention.

Martin Forcier

Celui qui donne une grande partie de son temps à la ferme mentionne qu’il pourra bientôt compter sur l’aide de deux de ses fils, intéressés par l’entreprise familiale. Le premier en est présentement à sa troisième année à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec, alors que le deuxième souhaite entamer un diplôme d’études professionnelles en production agricole. « On ne leur met pas de pression, mais pour l’instant, les deux ont vraiment de l’intérêt. Je suis comme une relève sacrifice; je suis arrivé tard et mes fils me poussent déjà dans le dos! » dit-il en riant.