Grandes cultures 15 avril 2024

Une survie à l’hiver qualifiée «d’exceptionnelle»

Des agriculteurs ont été nombreux, cet hiver, à s’inquiéter du faible couvert de neige. Ils anticipaient une forte mortalité de leurs cultures semées à l’automne, mais, en réalité, il s’avère que, dans plusieurs cas, la survie des plantes a été excellente, voire quasiment parfaite. 

« C’est très, très beau! C’est l’une des très belles survies à l’hiver qu’on a depuis longtemps. On l’a calculée et c’est 95 % ou plus de survie », souligne Renaud Péloquin, à propos du champ de blé de 50 hectares qu’il cultive à Sainte-Victoire-de-Sorel, en Montérégie. Son réseau de contacts lui témoigne un constat semblable. « Je n’ai pas entendu de monde qui vont scrapper leur champ de blé cette année. Ça semble être à la grandeur du Québec. »

Il apprécie d’avoir pu commencer ses travaux au champ de manière hâtive, le 9 avril.

Pour nous autres, c’est exceptionnel de ne pas avoir une goutte de neige dans les champs à ce temps-ci. On a creusé et on a vu que le blé avait fait de nouvelles racines. On sait qu’il ne devrait plus y avoir de gelée, alors c’est le temps de mettre de l’engrais pour le starter comme il le faut.

Renaud Péloquin, producteur

Certains de ses voisins ont même fertilisé leurs champs la semaine précédente. « Ils voient le gros potentiel dans le blé d’automne cette année et ils ne veulent pas manquer leur chance. » 

Après l’épisode de pluie, il s’attend à sortir ses équipements pour semer le blé de printemps. « L’heure des semis est à nos portes. Ça s’enligne très bien pour 2024. On trouve juste ça bizarre de ne pas avoir d’eau dans les ruisseaux. On craint toujours une sécheresse dans ce temps-là », exprime celui qui cultive un total de 535 hectares. 

Le 9 avril, Renaud Péloquin et son garçon appliquaient de l’engrais dans le champ de blé semé à l’automne. La survie à l’hiver de cette culture est exceptionnelle, constate le producteur. Photo : Gracieuseté de Renaud Péloquin

Inquiétudes inutiles

En passant par Saint-Hyacinthe, La Terre a remarqué que le seigle semé à l’automne était verdissant dans des champs, dont l’un appartenant à Jocelyn Michon. « C’est beau partout. Même dans les baisseurs, il ne manque pas un plant! C’est l’une des meilleures survies à l’hiver que j’ai vues. On est au-dessus de 90 % et peut-être proche du 100 % [de taux de survie] », précise-t-il. 

Du seigle semé après la récolte de son maïs, le 6 novembre, a également sorti de terre. Le peu de neige et ensuite la glace dans ses champs lui avaient pourtant fait craindre des pertes de population. « On ne sait jamais avec la nature. Parfois, nos inquiétudes sont inutiles et inversement, parfois, on pense que ce sera bon et ce ne l’est pas », résume M. Michon.

Beau sur la rive-nord aussi

Lanaudière affiche des champs de blé d’automne en très bonnes conditions, observe l’agronome Charles Coutu. Celui qui est directeur des ventes pour le territoire de la rive-nord chez Semican a visité différents producteurs. « Je viens de marcher des champs, et à date, c’est très bien partout. Même que l’un de mes producteurs n’avait jamais vu une aussi bonne survie à l’hiver. » Il mentionne que les champs qui avaient des problèmes de nivellement nécessiteront « un peu de resemis pour repatcher », mais cela concerne à peine 10 % des superficies, s’étonne M. Coutu. 

Ce dernier était dans la région de Québec au moment de l’entrevue. Il fait valoir qu’il est encore trop tôt, dans ce secteur, pour tirer des conclusions. « Même chose pour les plantes fourragères. On voit que les prairies commencent à verdir, mais c’est difficile de savoir ce qu’elles feront exactement. »