Grandes cultures 27 octobre 2023

Une récolte de maïs qui fait disjoncter les capteurs de rendement

Le témoignage qui semble le mieux résumer la récolte de maïs 2023 provient d’Anton Buehlmann, un agriculteur et forfaitaire du Centre-du-Québec : « J’ai rarement vu autant de variation sur mon capteur de rendement. Il y a beaucoup de variation d’un champ à l’autre, mais même dans un même champ. Habituellement, quand tu fais un bout dans un champ, c’est assez égal, mais là on a pogné des pics et des bas comme on en voit rarement. » 

Le type de sol explique cette variation. Les terres de sable ont été plus lessivées, remarque-t-il. Le choix des hybrides de maïs a aussi joué. Il donne en exemple un hybride de la marque Dekalb, qui avait offert des rendements records l’an passé. L’inverse s’est produit cette année comparativement à un autre hybride Dekalb qui a généré 50 % plus de rendement pour des semis côte à côte, effectués le même jour et fertilisés de la même façon. 

Les conditions de récolte qui ont été favorables à M. Buehlmann, dans son secteur de Saint-Cyrille-de-Wendover, et le taux d’humidité acceptable de 20 à 23,5 % expliquent pourquoi il avait déjà pratiquement terminé les battages des 450 ha de maïs, lorsque La Terre l’a contacté, le 24 octobre. Il termine personnellement avec un rendement moyen de près de 10 t/ha, légèrement moindre que sa moyenne d’un peu plus de 11 t/ha. Il remarque que certains champs affichent un rendement jusqu’à 20 % inférieur à l’an dernier. Par contre,  l’un de ses clients a étonnamment obtenu 10 % de plus que l’an dernier.

Pierre Hénault, de Lanaudière, apprécie sa récolte de maïs 2023, mentionnant des rendements de 10 à 11 t/ha, en moyenne. Crédit photo : Gracieuseté de Pierre Hénault

De l’eau, mais pas de retard  

Dans le secteur de Saint-Hyacinthe, Guillaume Leblanc, représentant pour Pioneer, fait état d’une récolte de maïs terminée à 25 %. « Le sol est humide et les cultures aussi », résume-t-il. Les superficies récoltées le laissent entrevoir une récolte dans la moyenne des dernières années, c’est-à-dire ni exécrable ni extraordinaire. Ses clients obtiennent jusqu’à présent des moyennes de 12 à 16 t/ha. 

Il remarque que dans les champs en carence d’azote, en raison du lessivage causé par l’excès d’eau, cet été, le taux d’humidité du maïs est moindre, mais le poids spécifique aussi est plus faible et le rendement est hypothéqué par des épis au remplissage de grains incomplet.

On voit des différences assez considérables, avec de pics rarement vus, là où il n’y a pas de compaction et où le nivellement et le drainage ont permis d’éviter les accumulations d’eau.

Guillaume Leblanc, représentant pour Pioneer

« Ç’a ben de l’allure! »

Alexandre Champagne montre ici la différence de rendement dans ses champs.  Photo : Gracieuseté d’Alexandre Champagne

Dans Lanaudière, à Sainte-Geneviève-de-Berthier, Pierre Hénault apprécie sa récolte de maïs 2023. « Ç’a ben de l’allure! » commente-t-il, signifiant des rendements de 10 à 11 t/ha en moyenne, avec une humidité de 24 à 25 % et un poids spécifique d’un peu plus de 65. « Dans l’ensemble, c’est une belle récolte; on a déjà vu bien pire! Mais il ne faudrait pas qu’il mouille sans arrêt, car les tiges sont plus fines, cette année. Le maïs a poussé en orgueil, et si on le laisse trop longtemps au champ, je redoute que le vent ou les fortes pluies finissent par créer de la verse », affirme le copropriétaire de la Ferme Palene, qui compte 809 ha en culture.

Ses champs bio ont souffert 

Alexandre Champagne, de la Ferme A.B. Champagne, à Lanoraie, également dans Lanaudière, fait état d’une récolte de maïs sous sa moyenne habituelle dans ses 160 ha sous régie biologique. « C’est très, très variable. On a de 6 t/ha à 9,5 t/ha, comparativement à du 11,3 t/ha l’an passé. La terre est restée fraîche au printemps, la levée a été longue et on a eu beaucoup trop d’eau ensuite. La saison complète a été médiocre », décrit celui qui prend aussi la relève de son oncle et sa tante à la Ferme Diane et Denis Champagne. Les deux fermes cultivent 620 ha en bio au total.