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Le Québec a besoin de blé. Il en faudrait près de 647 000 tonnes pour combler la demande provinciale, alors que les producteurs en ont récolté, en moyenne, 60 591 tonnes entre 2015 et 2020. Cela représente un très faible taux d’autoapprovisionnement de 9,4 %. Toutefois, une petite révolution s’opère dans le blé. Le développement de meilleures variétés change la donne, tout comme l’amélioration des techniques culturales du blé d’automne, qui connaît un réel succès.
La culture qui retient l’attention présentement est sans contredit le blé semé à l’automne, qui s’est levé comme un lion après l’hiver pour ne jamais ralentir sa course par la suite. Si les champs sont prometteurs, ils retiennent d’autant plus l’attention que plusieurs producteurs ont cette fébrilité d’avoir enfin trouvé la formule gagnante pour obtenir du succès à long terme avec le blé d’automne.
Cette culture, qui était vue comme hasardeuse il y a quelques années à peine, devient tendance chez les producteurs professionnels. « Oui, on ressent cette vibe-là », affirme Julie Boisvert, agronome spécialisée en grandes cultures.
Le producteur Éric Lapierre, de la Ferme Duhamel-Lapierre, à Saint-Nazaire-d’Acton, en Montérégie, affirme qu’il serait déçu de récolter en bas de 7 t/ha dans ses bons champs. Ce dernier soutient qu’il n’y a pas de hasard. « On s’est donné les moyens de nos ambitions. Le blé, il faut que tu y portes une attention particulière pour l’amener à un autre niveau. Les dates de semis, la population, la fertilisation; la différence est là, mais ce n’est pas encore ancré pour tous, car il y a du monde qui ne s’y intéresse pas », analyse-t-il.
Éric Lapierre fait partie d’un groupe d’une douzaine de producteurs, chapeauté par l’agronome Julie Boisvert et subventionné par le ministère de l’Agriculture du Québec. Les producteurs sont payés 500 $ chacun pour partager leurs bons coups, leurs mauvais coups et pour se motiver à améliorer leurs performances dans le blé d’automne. « L’an passé, j’étais l’une des recrues dans la cohorte. Il y a des gars qui sont des kingpin du blé d’automne, de vraies encyclopédies. Ça fait des échanges le fun. C’est motivant au coton, et ça nous tire par en haut », souligne M. Lapierre.
Récolte en hausse
L’un des plus gros acheteurs de blé québécois destiné à la consommation humaine, Les Moulins de Soulanges, remarque et salue cette professionnalisation de la culture du blé d’automne. « Cette année, on a signé des contrats avec des producteurs pour leur acheter près de 10 000 tonnes de blé automne. C’est tout un accroissement, car il y a cinq ans, on pouvait acheter 4 000 tonnes en blé d’automne. C’est une bonne nouvelle, car on manque de blé québécois », dit l’agronome Élisabeth Vachon, qui travaille pour l’entreprise. Cette dernière applaudit les avancées des producteurs de la Montérégie et de Lanaudière, sans oublier ceux d’autres régions qui innovent dans le blé d’automne.
C’est le cas d’Olivier Milot, copropriétaire de la Ferme Taillon et Fils, au Lac-Saint-Jean. Il développe une technique afin d’obtenir une bonne survie à l’hiver du blé dans son secteur, qui reçoit beaucoup de neige, ce qui peut entraîner de la pourriture du blé après l’hiver. « J’essaie de faire du blé d’automne par tous les moyens », affirme celui qui n’y voit que des avantages. D’abord, pour le rendement – de près de 1,5 t/ha de plus que le blé de printemps – mais aussi pour la capacité du blé d’automne à étouffer la mauvaise herbe au printemps, un avantage indéniable pour cette ferme bio. Afin d’y arriver, il sème son blé d’automne… au mois de juillet, dans son champ de chanvre, avec un taux de survie de près de 100 % à sa première année de test.
Rentable?
Considérant le risque de mortalité, LA grande question à se poser concerne la rentabilité du blé d’automne. À ce sujet, l’agronome Julie Boisvert précise d’emblée que dans les champs nivelés, drainés et où le blé est semé tôt à l’automne, « la survie à l’hiver n’est plus un gambling comme avant. » Et comparativement au blé de printemps? « Ben… la question ne se pose pas longtemps. Les rendements plus élevés donnent plus de revenus aux producteurs et ils ont moins de charges, car le blé d’automne a généralement moins de dépenses en herbicide et en fongicides que le blé de printemps », compare-t-elle.