Apiculture 12 avril 2024

Mauvaises surprises lors du nettoyage des ruches

SHAWINIGAN – L’apicultrice Gwendalina Langlois peine à avancer dans la neige, les bras chargés de l’équipement nécessaire pour faire le grand ménage de son rucher installé dans la forêt de Saint-Gérard-des-Laurentides, à Shawinigan. En cette journée d’éclipse, il fait déjà 12 °C, et malgré la neige encore abondante, les abeilles bourdonnent déjà autour des ruches encore enveloppées de leur protection isolante hivernale. 

« Dès qu’il fait dix degrés, la colonie s’active », explique l’apicultrice en retirant la couverture qui enveloppe l’une des ruches. « C’est une très belle journée pour faire le ménage des ruches, mais surtout pour constater le niveau des pertes. »  

L’apicultrice Gwendalina Langlois garde le sourire malgré l’hécatombe constatée dans ses ruches.

Et le portrait se révèle assez catastrophique. L’apicultrice a perdu plus de 60 % de ses colonies. De ses 100 ruches, seulement 35 abritent encore une colonie en santé. La cause de cette hécatombe : le varroa, un acarien parasite de l’abeille qui s’attaque aux larves. 

« En huit ans d’existence de La Chope à miel, c’est la première fois que j’ai autant de pertes », dit Mme Langlois. L’apicultrice avait pourtant mené une opération intensive de dépistage du ­varroa au cours de la dernière saison avec une visite hebdomadaire de ses ruches. 

Une fois ce triste constat effectué, elle réagit en contactant La Financière agricole pour obtenir une indemnisation. Elle sait également qu’elle devra adopter une stratégie de subdivision de ses ­colonies pour relancer la production.

« La production sera assurément moins importante cette année », souligne celle dont la petite entreprise vient de lancer une gamme de nouveaux miels crémeux à tartiner. 

Pour l’heure, la priorité est au ménage des ruches. L’apicultrice ouvre chacune d’elles pour en retirer les abeilles mortes qui se sont agglutinées et obstruent les ouvertures de la ruche. Puis, elle va remplacer l’un des plateaux de la ruche par un autre contenant, un réservoir dans lequel elle peut verser un sirop de sucre afin de nourrir la colonie.

Évidemment, à cette période de l’année, puisque les végétaux n’ont pas repris vie, les abeilles n’ont pas les ressources nécessaires. Pour deux ou trois semaines, je leur fournis donc du sirop et de la pâte de pollen. Ça permet aussi de maximiser la ponte chez les reines, et puisque je dois subdiviser les colonies, il faut qu’elles soient suffisamment garnies.

Gwendalina Langlois, apicultrice

Une fois ces tâches terminées, la protection hivernale est replacée sur les ruches afin de les protéger des coups de froid qui pourraient survenir dans les semaines qui suivent.

En attendant que les ressources végétales soient disponibles, l’apicultrice nourrit ses abeilles à la pâte de pollen et au sirop sucré.

« Règle générale, il faut que la température soit au-dessus de 10 à 12 degrés le jour et sans gel la nuit. Pour ma part, je laisse la protection un peu plus longtemps. Je me dis que si nous, on garde un petit manteau de printemps, les abeilles aussi ont besoin d’un petit manteau. Il ne faut pas oublier que la température est de 37 degrés dans l’essaim. »

Une fois l’opération de nettoyage effectuée dans le rucher, l’apicultrice va la poursuivre sur un autre site en forêt quelques kilomètres plus loin. Et là aussi, elle sait que c’est un constat plutôt sombre qui l’attend.  

Montage et réalisation : Pierre Saint-Yves