Apiculture 1 mars 2024

Le projet de chambre de coordination apicole chemine

QUÉBEC – Les membres des Apiculteurs et apicultrices du Québec (AADQ) ont donné le feu vert à leur organisation pour implanter une chambre de coordination et de développement (CCD) apicole afin de coordonner plus efficacement la filière. 

Cet outil, prévu par la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche, permettra de regrouper d’autres partenaires, comme le Centre de recherche en sciences animales de Deschambault et le transformateur La Citadelle, pour développer la production, par exemple en finançant des projets de recherche, ou encore pour faire la promotion des différents produits issus de la ruche. 

Les AADQ ont présenté à leurs membres, lors de l’assemblée générale annuelle qui s’est tenue le 23 février, à Québec, leur plan d’action pour concrétiser ce projet qui est en évolution depuis 2020, et qui pourrait se concrétiser autour de 2025 s’il est autorisé par la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ).

Pour financer les activités de cette CCD apicole, une nouvelle cotisation d’environ 1,50 $ par ruche devrait être imposée à toutes les entreprises apicoles possédant 200 ruches et plus. On compte une cinquantaine d’entreprises de cette taille actuellement au Québec, selon les données compilées par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). L’un des défis réside cependant dans le fait qu’une vingtaine d’entre elles ne sont pas membres des AADQ. Afin qu’elles contribuent à leur juste part au développement de la filière, les AADQ espèrent pouvoir obtenir leurs coordonnées auprès du MAPAQ, où ces apiculteurs doivent s’enregistrer. Pour l’instant, des enjeux légaux empêchent toutefois l’organisation d’accéder à ces données, a précisé Raphaël Vacher, président des AADQ. Néanmoins, ce dernier spécifie qu’il existe d’autres moyens pour trouver ces entreprises.

Un autre frein à la mise en place de la CCD réside dans la représentativité des AADQ par rapport à l’ensemble des apiculteurs, tant professionnels qu’amateurs, qui sont environ 1 500 à travers le Québec. Les AADQ, de leur côté, ne comptent qu’environ 150 membres, soit 10 % des apiculteurs de la province. L’exercice effectué par l’organisation lui permet néanmoins de penser qu’elle est représentative de la production, puisque ses membres détiennent 61 % des ruches du Québec. Cette proportion serait similaire à la représentativité du Syndicat des producteurs maraîchers du Québec, qui a obtenu l’aval de la RMAAQ, en 2022, pour mettre en place une telle chambre de coordination dans ce secteur de production, a donné en exemple M. Vacher. 

« Vraiment, une chambre de coordination, c’est beaucoup moins compliqué qu’un plan conjoint », a-t-il poursuivi devant les membres de l’assemblée, peu avant que ceux-ci se prononcent unanimement en faveur d’une résolution qui permet aux AADQ d’aller de l’avant avec le projet. Plusieurs apiculteurs ont applaudi à l’issue du vote.

Rappelons qu’en 2009, le secteur a échoué dans sa tentative de mettre en place un plan conjoint. Cet échec a créé un mécontentement chez plusieurs apiculteurs qui ont quitté leur organisation de l’époque, la Fédération des apiculteurs du Québec, pour créer un nouveau syndicat, le Syndicat des apiculteurs du Québec. Après dix années de discorde, les deux entités se sont finalement regroupées, en 2019, pour former les AADQ.

Malgré son intention de ne pas se représenter au poste de président des AADQ cette année, pour des raisons familiales, Raphaël Vacher a finalement été réélu par acclamation à ce poste. « Les membres m’ont mentionné qu’ils me faisaient confiance et qu’ils étaient satisfaits de mon travail même si je ne suis pas aussi impliqué qu’avant », a-t-il confié à La Terre. Il a par ailleurs mentionné qu’aucun autre candidat ne souhaitait prendre sa place, et que son départ aurait probablement entraîné celui de la vice-présidente de l’organisation, Maggie Lamothe Bourdeau, qui n’avait pas l’intention d’assumer ce rôle. Les deux élus ont donc accepté, avec l’appui de leurs membres, de poursuivre leur mandat, sans quoi la survie de l’organisation aurait pu être compromise, a laissé entendre M. Vacher. Photo : Patricia Blackburn/TCN

Moins de dépenses pour les AADQ

En parallèle, l’organisation mise une partie de ses billes sur ce projet de chambre de coordination pour amoindrir ses dépenses, puisque cette nouvelle structure permettra de partager certains coûts, dont ceux liés aux activités de recherche.

L’enjeu du financement est d’ailleurs une grande préoccupation pour la jeune organisation, créée il y a cinq ans. Celle-ci accuse, année après année, des déficits de fonctionnement.  Son année financière 2023 se conclut d’ailleurs avec un manque à gagner d’un peu plus de
20 000 $.  « Ce sera épongé par les surplus qu’on avait encore dans nos coffres, donc on est encore corrects pour 2024, mais il faut absolument trouver de nouvelles sources de financement pour 2025 », confie M. Vacher, en entrevue avec La Terre. 

L’une des solutions avancées pour consolider le financement des AADQ est de trouver des commanditaires, comme cela s’est déjà fait dans le passé, avec une commandite d’environ 30 000 $ des Trois Brasseurs, a-t-il fait remarquer.