Acériculture 30 mars 2023

Une saison des sucres « tranquille » pour plusieurs

La saison des sucres n’est évidemment pas terminée, mais la majorité des acériculteurs suivis par La Terre auraient souhaité une meilleure collaboration de dame Nature. Si l’acériculteur situé dans le Centre-du-Québec se dit satisfait des premières semaines de production, celui qui est situé le plus au sud craint que la saison se termine rapidement. Voici le troisième compte rendu de la tournée.


Alexandre Bourdeau, Outaouais
Nombre d’entailles : 23 000
Fin de l’entaillage : 5 mars
Première évaporation : 15 mars
Rendement en date du 28 mars : 0,6 lb/entaille
Objectif de rendement : 5 lb/entaille

« C’est tranquille! Ça coule un peu tous les jours, mais c’est des peanuts. Je bouille une fois aux 5 à 6 jours. J’ai parlé avec des voisins et tout le monde vit la même chose; ça ne coule pas. On est stallés depuis trois semaines. Le temps commence à être long », décrit Alexandre Bourdeau. D’un ton serein, il précise que la situation n’est pas catastrophique. « On peut faire un gros mois d’avril », espère-t-il. Sauf qu’il regarde ses notes et, à pareille date l’an dernier, il avait 2,25 lb/entaille de produites contre 0,6 lb/entaille actuellement. « Il faut dire que l’an passé, c’était une saison record », se remémore-t-il. Les journées de pluies prévues dans quelques jours devraient, selon lui, faire « décoller les coulées pour de bon ». Il faudra que la pluie soit cependant significative, car le couvert de neige est encore très épais dans son érablière située en terres publiques, à Lac-Simon.

Gracieuseté de Alexandre Bourdeau

Gracieuseté deDavid Bourdeau

David Bourdeau, Montérégie
Nombre d’entailles : 12 000
Fin de l’entaillage : 27 février
Première évaporation : 18 février
Rendement en date du 28 mars : 3,55 lb/entaille
Objectif de rendement : 6,5 lb/entaille

« Jusqu’à date, je dirais que c’est bon. Je viens de passer les 3 livres à l’entaille. Nous avons eu des coulées tous les jours, mais pas des grosses. Nous avons peut-être eu une ou deux vraies bonnes coulées. Sauf que si les prévisions météo ne changent pas à long terme, j’ai peur que dans deux semaines, ce soit déjà fini et qu’on soit en train de désentailler », s’inquiète M. Bourdeau.  Les modèles météo de sa région ne prévoient plus de gel la nuit dans son secteur. « On dirait que la météo n’est pas de notre bord, cette année. Il va falloir qu’ils nous envoient du gel si je veux me rendre à mon objectif de 6,5 lb/entaille! » dit celui qui recueille l’eau de 12 000 entailles à Havelock. L’acériculteur tente de demeurer positif. « Je me dis qu’il faut prendre ça une journée à la fois. Et on fera [le sirop] qu’on fera », affirme-t-il. La Terre lui a demandé s’il avait reçu le fameux concentrateur qu’il attendait à la mi-mars. « Non! Et à l’heure qu’on est, quand je vais le recevoir, je pense que je vais le mettre dans la cabane pour le regarder! » Il aurait aimé utiliser son nouvel équipement, pas tant pour accroître la productivité, car le volume des coulées était modeste, mais pour économiser le mazout que consomme son évaporateur. Le sirop qu’il produit présentement est bon et d’une belle couleur, dit-il, remarquant toutefois que le niveau de sucre a diminué considérablement dans l’eau qu’il collecte.


Pascale Malenfant, Bas-Saint-Laurent
Nombre d’entailles : 3 000
Fin de l’entaillage : 1er mars
Première évaporation : 16 mars
Rendement en date du 28 mars : 0,5 lb/entaille
Objectif de rendement : 4 lb/entaille

« Les coulées ont slaqué pas mal. Je n’ai pas bouilli depuis huit jours. C’est trop froid, tout est gelé et il a neigé à plein. On prend tout ce qui passe, mais disons que ça ne part pas en peur. Aujourd’hui, ça recommence à couler », a commenté, le 28 mars, l’acéricultrice Pascale Malenfant, qui exploite une érablière de 3 000 entailles à Sainte-Rita, au sud-est de Trois-Pistoles. Elle fait remarquer que dans son secteur, au mois de mars, il y a parfois des années où les acériculteurs n’ont aucun baril produit. « La saison débute parfois uniquement en avril », nuance-t-elle. La demi-livre de sirop à l’entaille qu’elle a produit jusqu’à maintenant demeure donc un boni pour elle, et pour ses enfants… « Quand je mettais en baril l’autre jour, j’ai pogné mon bébé en train de se servir lui-même. Il m’a dit que le sirop était très bon, mais pas autant que celui de mon père. Les enfants disent toujours que celui de leur papi est meilleur que le mien, mais il faudrait un jour réellement se comparer », lance-t-elle en rigolant.

Gracieuseté de : Pascale Malenfant

Gracieuseté de Francis Roy

Francis Roy, Chaudière-Appalaches
Nombre d’entailles : 70 000 entailles
Fin de l’entaillage : 1er mars
Première évaporation : 15 mars
Rendement en date du 28 mars : 0,5 lb/entaille
Objectif de rendement : 5 lb/entaille

« Aujourd’hui, ça coule à plein dumper. Mais c’est nouveau, car les deux dernières semaines ont été assez tranquilles. Il nous manquait toujours un degré [Celsius, le jour]. La nature ne nous le donnait pas. Ça commençait à couler trop tard et ça gelait trop fort la nuit », raconte Francis Roy, de Saint-Côme–Linière. La météo des prochains jours ne l’encourage pas. « La semaine prochaine, ce sera sous le point de congélation le jour. Ce n’est pas terrible », dit celui qui exploite un total de 70 000 entailles réparties sur quatre sites. Son réseau est prêt. « On attend les coulées; on est patients. On a un léger retard comparativement aux dernières années. Les vieux disaient qu’il fallait faire une livre en mars pour connaître une grosse saison. Mais c’est aussi possible qu’on n’ait rien en mars et [qu’on finisse] avec 5 lb/entaille en avril. En tout cas, c’est ce qu’on souhaite! »


Gracieuseté de Carl Laprise

Les frères Laprise, Centre-du-Québec
Nombre d’entailles : 29 000
Fin de l’entaillage : 24 février
Première évaporation : 14 mars
Rendement en date du 28 mars : 1 lb/entaille
Objectif de rendement : 3,5 lb/entaille

« Ça va bien ici. Ça coule tous les jours et on bouille pas mal tous les jours. Ça va en augmentant. Et ça n’arrêtera plus; on commence la vraie saison! » atteste Carl Laprise. Ce dernier, qui produisait avec son frère trois ou quatre barils par jour, a augmenté la cadence à sept. « Quand le soleil sortira, on va monter à 10. Et après, ça va redescendre. » Les frères Laprise pompent à 22 ou 23 inHg, même s’ils pourraient pomper à un niveau de vide supérieur. « L’écorce est sèche encore, l’entaille n’est pas encore assez étanche et si on pompe plus, on va faire sécher l’entaille et on va faire moins long. On attend que la chaleur et les pluies humidifient l’écorce, et après, on va monter ça à 28. Car, présentement, nos fuites sont faites. On se retient pour ne pas pomper plus haut, mais il faut suivre la saison. C’est ce qu’on a appris dans nos cours. »