Ma famille agricole 5 février 2024

Une passion devenue virale

SAINT-PASCAL – Si la passion pour l’agriculture était un virus, on pourrait dire qu’il a été transmis à tous les membres de la famille Caron de Saint-Pascal, dans le Kamouraska, et ce, depuis six générations. Cinquième de la lignée à exploiter la terre natale, Martin l’a transmise à son tour à ses deux filles, Arianne et Sarah-Maude, maintenant propriétaires de leur propre entreprise, et à son fils, Xavier.

La terre où est située la ferme Norca Holstein appartient à la famille Caron depuis 1876. C’est l’une des plus anciennes fermes à avoir été transmises de père en fils à Saint-Pascal. Elle a été fondée par Bruno Caron et a appartenu successivement à ses descendants, Bruno, de 1907 à 1933, Oscar, de 1933 à 1972, Simon, de 1972 à 2006 et Martin, depuis 2006. « Cette ferme a toujours été en production laitière », souligne ce dernier.

En 1972, lorsque Simon en est devenu propriétaire, la terre avait une superficie de 80 arpents (27 hectares). En 1987, il forme une société en nom collectif avec son épouse, Pierrette St-Onge, et l’entreprise prend le nom de Ferme Piermon. 

« Quand je l’ai achetée de mon père, nous produisions 24 kilos par jour comparativement à un quota de 150 kilos aujourd’hui », raconte Martin Caron. Ce sont 95 vaches par jour qui sont traites sur un troupeau de plus de 200 têtes. 

Des agrandissements et de nouveaux bâtiments se sont ajoutés au fil des ans. Martin a aussi construit une nouvelle maison plus spacieuse pour loger sa famille. Une nouvelle vacherie avec salle de traite double 10 permettant la stabulation libre des vaches vient tout juste d’être mise en activité.

L’alimentation des animaux a été entièrement automatisée en 2014 quand Simon, le père de Martin, a arrêté de travailler à la ferme. « L’automatisation nous a alors permis d’accroître l’efficacité de l’entreprise », souligne le producteur.

Martin Caron a fait construire une nouvelle vacherie en 2023. Photo : Maurice Gagnon

En 2017, Martin a acheté la Ferme N. C. Bouchard, rebaptisée J. D. Holstein. Les lettres « J. D. » font référence aux initiales de Josée Deschênes, la conjointe de Martin, qui en est la gestionnaire. Josée est aussi professeure d’anglais à l’école secondaire Chanoine-Beaudet de Saint-Pascal.

Lors de l’achat, cette ferme comptait 60 têtes et produisait 27 kilos de quotas. La production laitière a été abandonnée au printemps 2023, alors que la ferme produisait 55 kilos de quota. Les bâtiments servent désormais à héberger les animaux de remplacement. 

Une nouvelle entreprise

En 2023, les filles de Martin et Josée, Arianne et Sarah-Maude, ont acquis le quota de la Ferme Majoric, qui était la propriété de Rémi et de Christophe Pelletier. Cette ferme appartenait à la famille Pelletier depuis six générations. Une partie du troupeau de la ferme J. D. Holstein a été rapatrié au sein de cette nouvelle entreprise, ce qui a permis aux deux femmes de faire croître le quota quotidien de 67 à 85 kilos. Comme elle a étudié à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ), campus de La Pocatière, Arianne a pu bénéficier d’un programme d’aide au démarrage d’entreprise laitière qui attribue un quota à la relève.

« J’ai grandi à la ferme entourée de vaches et de petits chats. Je n’ai jamais envisagé de faire un autre métier que celui d’agricultrice », lance la jeune femme de 22 ans, qui poursuit en parallèle une formation en agronomie à l’Université Laval. Comment parvient-elle à cumuler travail et études? L’université offre une flexibilité d’horaire qui lui permet souvent de condenser ses cours sur deux jours par semaine. « Beaucoup de cours sont disponibles à distance ou asynchrones. C’est une très belle option pour me permettre d’être ici le plus souvent possible », mentionne l’agricultrice. Elle a aussi une grande facilité d’apprentissage et peut compter sur l’aide de Sarah-Maude et de Dominic Pesant, leur  employé à la ferme, pour se rendre à ses cours et à ses examens qu’elle peut parfois faire au cégep de La Pocatière.

Les enfants ont grandi à la ferme. Je rentrais même dans l’étable avec les poussettes.

Josée Deschênes

Bien qu’elle étudie en technique infirmière au cégep de La Pocatière, Sarah-Maude, 19 ans, consacre une partie de son travail à la ferme. Le plus jeune de la fratrie, Xavier, âgé de 17 ans, ira lui aussi étudier à l’ITAQ après ses études secondaires. « Il est surtout impliqué dans la gestion des champs », souligne Martin, puisque la ferme cultive 1 000 acres (405 hectares) en grandes cultures. Bref, la relève est assurée au sein de la famille Caron.

Chacune des deux fermes en production laitière fonctionne de façon autonome. La ferme Norca Holstein compte elle aussi depuis quatre ans sur les services d’un employé, Frédérick Choquette.

Quand on demande à Martin de nous parler de ses projets d’avenir, il pousse un soupir en riant. « Avec le projet de construction qu’on vient de réaliser, on va respirer un peu », dit-il. Son objectif d’atteindre 250 kilos de production avec les mêmes infrastructures reste toutefois conditionnel à l’obtention des quotas.  

Le bon coup de l’entreprise

« Pour nous, le bon coup de l’entreprise a été d’investir dans la haute génétique et l’amélioration de la génétique du troupeau 100 % Holstein », croit Martin Caron. Pour 11 000 kilos, sa ferme produit 5 % de gras et 3,6 % de protéines. La génétique et l’alimentation ont été les deux éléments de base du succès de l’entreprise. « On n’a pas hésité à acheter des familles de vaches fortes en gras », dit le producteur. 

Martin Caron est fier de la génétique de son troupeau. Photo : Maurice Gagnon

3 conseils pour… croître et améliorer le troupeau

Investir dans le quota

Chaque année, des investissements sont nécessaires pour assurer la croissance de l’entreprise agricole. Or, selon Martin Caron, le premier endroit où on doit investir est dans le quota. Si on doit faire des choix, c’est plus important de faire l’achat de quota que de renouveler sa machinerie.

Bien sélectionner ses taureaux

Quand vient le temps de sélectionner un taureau, ne craignez pas de payer pour de la semence de haute qualité. L’investissement en vaut vraiment le coût, affirme Martin Caron. Il faut toujours choisir les meilleurs reproducteurs.

Gagner du temps

Le temps est précieux. Quand vous faites un investissement, faites-le d’abord pour gagner du temps et de l’efficacité, affirme Arianne Caron. Un bon équipement, qui vous permettra de faire le même travail en moins de temps et de sauver sur de la main-d’œuvre rare, améliorera la rentabilité de l’entreprise.

Xavier et ses sœurs Sarah-Maude et Arianne dans la nouvelle salle de traite. Photo : Maurice Gagnon
Fiche technique 🐮
Noms des fermes :

Norca Holstein/Ferme Majoric

Spécialité :

Production laitière

Années de fondation :

1876 (Norca Holstein)/ 1888 (Ferme Majoric)

Superficie en culture :

1 000 acres (405 hectares)

Noms des propriétaires :

Martin Caron et Josée Deschênes (Norca Holstein)/Arianne et Sarah-Maude Caron (Ferme Majoric)

Nombre de générations :

6

Cheptel :

95 vaches en lactation sur plus de 200 têtes (Norca Holstein)/58 vaches en lactation sur 110 têtes (Ferme Majoric)

Avez-vous une famille à suggérer?

[email protected] | 1 877 679-7809


Ce portrait de famille est présenté par