Ma famille agricole 29 août 2023

Sept générations à cultiver des terres de Saint-Tite

SAINT-TITE – Le producteur de grandes cultures Pierre Thiffault est audacieux. C’est en partie ce qui explique que son exploitation de Saint-Tite, en Mauricie, soit l’une des plus importantes entreprises agricoles des environs avec des activités diversifiées dans les grandes cultures, la production acéricole et la production porcine.

Mathias, l’un des sept enfants de Pierre Thiffault, est déjà impliqué dans les activités de l’entreprise.

Les Thiffault sont établis dans le secteur de Mékinac, en Mauricie, depuis presque 175 ans, ce qui fait des sept enfants de Pierre la septième génération sur ces terres. 

Si la ferme a tout juste permis aux premières générations de survivre, c’est vraiment le père de Pierre, Charles-Edouard, qui a donné à l’entreprise son essor. Au début des années 1970, le troupeau laitier comptait une quarantaine de têtes, un cheptel important pour l’époque. Puis, en 1973, la ferme a changé de vocation pour s’orienter vers l’élevage bovin. 

« Mon père a toujours été avant-­gardiste, raconte Pierre Thiffault. Lorsqu’il a pris la succession, il a démoli les bâtiments pour en construire de plus modernes et j’ai fait la même chose quand j’ai moi-même pris la succession. J’ai vraiment suivi ses traces. » 

Lorsqu’il prend les rênes de la ferme, en 1994, Pierre poursuit les activités dans l’élevage bovin pendant presque dix ans et par la suite, se lance en grandes cultures. C’est alors que les acquisitions se sont enchaînées.

J’ai acheté alors que les prix étaient encore abordables, explique le producteur. Il faut savoir faire les choses au bon moment et ne pas tarder.

Pierre Thiffault

Et les acquisitions se poursuivent encore aujourd’hui. Cette année, il a fait l’acquisition d’une terre de 156 acres, dont plus de 110 prêts pour la culture. 

Actuellement, il cultive 1 800 acres répartis dans quatre municipalités : Saint-Tite, où se trouvent les principales installations, de même que Saint-Sévère, Hérouxville et Sainte-Thècle. Le producteur possède la moitié de cette superficie, le reste étant en location à long terme. « En moyenne, je loue pour des périodes de cinq à sept ans, dit-il. C’est la meilleure façon de m’assurer que les travaux que j’ai effectués soient rentabilisés. » 

Lors du passage de La Terre au tout début de la saison, Pierre Thiffault vérifiait les semences utilisées pour les 1 800 acres de terre qu’il cultive dans quatre municipalités du secteur Mékinac. 

Environ 700 acres sont cultivés en soya, 200 en maïs et le reste en avoine, en blé, en orge brassicole et en foin. C’est sans compter l’élevage porcin, avec une pouponnière d’une capacité de 4 000 têtes et un parc d’engraissement de 1 000 têtes, et l’érablière de 2 000 entailles. Il y a aussi les expériences dans la culture d’asclépiade. « Je voulais voir ce que ça donnait et explorer une production qui avait du potentiel. »

Incendies successifs

Tout cela n’a pas été bâti sans effort et sans affronter des obstacles et des épreuves. Au début des années 2000, la ferme a subi deux incendies successifs : d’une porcherie, avec la mort de tous les animaux, et par la suite de l’un des principaux ­bâtiments de ferme, tous deux des coups durs pour le producteur et sa famille. « Ce sont des épreuves difficiles à vivre », avoue-t-il. 

Pour l’instant, la question de la relève n’est pas une préoccupation dans l’esprit du producteur, qui sait déjà que certains de ses sept enfants sont intéressés par le travail agricole. « Pour les enfants, il y a sur la ferme de la place pour le développement, mais on ne force rien. L’intérêt doit venir d’eux et on les intègre lentement », dit-il.

Arielle termine ses études en droit et Marie-Pier est technicienne en milieu naturel. Mathias est déjà impliqué dans l’entreprise comme opérateur et Elliot, le beau-fils de Pierre, s’intéresse au travail dans l’érablière. Quant aux trois autres, Bahia, Nicolas et Vincent, ils sont encore jeunes, mais démontrent de l’intérêt pour les activités de l’entreprise.

Il reste que pour le père de famille, il ne fait pas de doute qu’une septième génération de Thiffault exploitera les terres de Saint-Tite et des environs.


Le bon coup de l’entreprise

Si la ferme de Pierre Thiffault n’est pas certifiée biologique, le producteur n’en a pas moins adopté les principes de la culture écoresponsable. Le semis direct, qu’il pratique depuis longtemps, a vraiment marqué une révolution dans ses façons de faire. « Dans ma formation sur la production biologique, c’est l’un des aspects qui a été une révélation et je n’exagère pas en disant que ça a contribué à sauver l’entreprise en permettant d’importantes économies de temps et d’argent dans le travail du sol. C’est sans compter les bienfaits pour le maintien de la qualité de la terre », énumère le producteur. Son implication dans le club-conseil Lavi-eau-champ s’inscrit d’ailleurs dans cette volonté de propager de bonnes pratiques. « On a tout intérêt à se montrer responsables dans nos pratiques, dit-il, parce qu’on sait très bien que c’est nous qui allons en subir les conséquences dans l’avenir. »

Le producteur estime avoir su prendre les bonnes décisions au bon moment. Photo ; Photos : Pierre Saint-Yves

3 conseils pour…une meilleure gestion de son entreprise

Miser sur la formation
« Il y a encore beaucoup de gens qui pensent que la formation, c’est une perte de temps. Non, non, non! Il faut s’informer, aller chercher de nouvelles connaissances, les mettre à jour. C’est toujours profitable », affirme Pierre Thiffault. Il est donc intarissable en parlant des formations qu’il a suivies et qu’il va encore chercher, notamment en agrobiologie, une véritable révélation pour lui. Il s’abreuve aussi des conseils et des expériences des agronomes, des conseillers et des autres producteurs qui ont mené des expériences par le passé. « Je vais chercher le plus d’avis et de conseils possible », dit-il.

Déléguer 
« J’essayais de tout faire, mais on ne peut pas être bon dans tout », fait remarquer le producteur de Saint-Tite. Il dit avoir appris à se concentrer sur ce qu’il aime et à confier à d’autres les tâches avec ­lesquelles il a moins d’affinités. Il en a d’ailleurs fait une devise : un bon gestionnaire doit déléguer ce que d’autres savent mieux faire que lui. « Ça permet surtout d’économiser du temps que tu peux consacrer à autre chose. »

Maintenir un équilibre
Pierre Thiffault reconnaît que l’équilibre entre le travail, la famille et les loisirs n’est pas toujours facile à atteindre. Il n’en considère pas moins que c’est là un objectif important à viser pour affronter les défis et les difficultés de la production agricole. « Pour nos parents, ce n’était pas compliqué : loisir et travail, c’était synonyme. Maintenant, on apprend, on essaie de tirer un trait entre le travail et la vie personnelle et familiale pour avoir une vie équilibrée. » C’est aussi ce qu’il appelle « être solide ». « Tout ça nous aide à être plus fort, à mieux faire face à tous les défis qu’on doit relever. »

Comme son père l’avait lui-même fait en prenant les rênes de l’entreprise, Pierre Thiffault a aménagé des installations qui répondent à ses besoins.
Fiche technique 🍁🐷
Nom de la ferme

Ferme Pierre Thiffault

Spécialité

Grandes cultures, productions porcine et acéricole

Année de fondation

1855

Noms des propriétaires

Pierre Thiffault (en copropriété pour la porcherie)

Nombre de générations

7

Superficie en culture

1 800 acres (728 hectares), dont la moitié en location 


Avez-vous une famille à suggérer?
[email protected] | 1 877 679-7809


Ce portrait de famille agricole est présenté par