Ma famille agricole 8 novembre 2023

Pour l’amour des petits fruits oubliés

NOTRE-DAME-DE-LOURDES — Faire connaître la groseille et la gadelle, petits fruits oubliés, c’est la mission que se sont donnée Louis-Xavier Ariel et Véronique Papineau en fondant le Domaine de la Groseille, à Notre-Dame-de-Lourdes, dans Lanaudière, en 2013. Depuis, ils ont ajouté le cassis à leur production et cuisinent confitures et sirop, tout en ouvrant leur champ à l’autocueillette.

Même s’ils ont été implantés progressivement depuis dix ans sur la terre acquise en 2011, ce n’est que depuis trois ou quatre ans que les premiers groseilliers, gadelliers et cassissiers du Domaine de la Groseille, à Notre-Dame-de-Lourdes, se sont mis à fructifier en assez grande quantité pour que leurs fruits fassent l’objet d’une transformation. Il en faut, de la patience et de la passion, pour ressusciter une culture oubliée!

L’horticultrice Véronique Papineau et son conjoint, Louis-Xavier Ariel, qui évolue dans le domaine de l’aéronautique, ont grandi entourés de familles œuvrant en agriculture de différentes manières. Après avoir connu la production laitière dans sa famille, Louis-Xavier cherchait une culture moins contraignante. « On voulait créer un projet qui nous laisserait notre liberté, où tout serait fait en conséquence de la famille », précise-t-il.

Afin de ne pas entrer en concurrence avec les productions déjà présentes dans la région, le couple a réfléchi pour trouver quelque chose de complémentaire.

Les gadelles doivent être cueillies avec la grappe. Photo : Gracieuseté du Domaine de la Groseille

« Mes oncles produisaient des fraises et des bleuets, ici dans le rang. J’ai vécu là-dedans toute ma jeunesse. Quand on s’est mis à chercher un projet à faire ensemble, on a eu envie de choisir un fruit moins connu. Les groseilles et les gadelles, petits fruits oubliés, mais faciles à transformer, nous ont semblé intéressants. On a fait quelques recherches et on s’est lancés », raconte Véronique. Le cassis, un petit fruit de la même famille, de plus en plus recherché, s’est finalement invité lui aussi dans leur champ.

« Quand la question de la terre où on allait s’établir est arrivée, on s’est rendu compte que ce ne serait pas si facile. Finalement, c’est un bout de terre déjà subdivisé, et appartenant au grand-père de Véronique, qu’on a choisi. Il s’y était cultivé des patates et d’autres légumes, puis du foin, mais le terrain à l’abandon était redevenu boisé. Il a fallu défricher. On a broyé la végétation et planté par-dessus, tout en bâtissant la maison », souligne Louis-Xavier.

Difficiles à multiplier et longues à établir et à voir fructifier, la groseille et la gadelle demandent de l’investissement et de la patience. Ce sont là quelques raisons qui expliquent en partie leur rareté sur nos marchés, poursuit le producteur. « Il faut dire que dans les années 50 ou 60, la culture de ces fruits est devenue interdite à cause d’une de leurs maladies qui contaminait le pin blanc. Il n’en est resté que de rares buissons dans le fond des cours des familles. C’est dans les années 90 que la culture est redevenue permise. Avant ça, on ne pouvait même pas acheter de plants en pépinière. »

En misant à la fois sur les marchés de Noël et le kiosque de la ferme durant le mois de juillet, la famille Ariel tente de faire redécouvrir à la population ces petits fruits qui font partie de notre patrimoine culinaire, en les faisant déguster frais et en confiture. « C’est le contact que j’apprécie le plus. Quand les gens me disent que ça leur rappelle des ­souvenirs ou que ça leur fait penser à leur grand-mère. Parfois, certains partagent leurs recettes avec nous. C’est ce qu’on tente de faire revivre », dit Véronique.

Tout comme leurs parents l’ont fait quand ils étaient petits, les trois enfants de la famille s’impliquent déjà à la ferme. Felix-Antoine, Anne-Charlotte et Vincent-Xavier donnent un coup de main à toutes les étapes du travail. Entre la récolte des scarabées à la main, la cueillette des fruits, les dégustations de confiture, ils accompagnent leurs parents aux champs, dans la boutique et au marché. « On inculque à nos enfants le respect de la nature. C’est notre gagne-pain », affirme l’agricultrice.  

Vincent-Xavier, 6 ans, Anne-Charlotte, 8 ans et Felix-Antoine, 10 ans, dans le champ du Domaine de la Groseille. Photo : Geneviève Quessy

Le bon coup de l’entreprise

La parcelle de terre étant réduite, Louis-Xavier Ariel et Véronique Papineau ­cherchaient à maximiser l’espace. « On a eu l’idée de créer des rangs piétons. Étant donné qu’ils sont plus étroits que les autres, on ne peut pas y circuler en tracteur, mais seulement à pied. Mine de rien, ça nous a permis d’introduire 3 ou 4 rangs de plus dans le champ », dit Louis-Xavier Ariel.

Le couple cherchait aussi une façon de moins désherber. « Au lieu de prendre une toile de plastique pour mettre au pied des plants, on a choisi une toile tissée, qui empêche les herbes d’être envahissantes, tout en laissant passer l’eau. » 

Parmi les rangs réguliers (à gauche), des rangs plus étroits (à droite), exclusivement piétons, ont été aménagés afin de maximiser l’espace. Photo : Geneviève Quessy

5 conseils pour faire connaître un fruit méconnu

Faire déguster le produit

« Avant de l’essayer, les gens ne sont pas certains d’aimer ça, mais quand ils goûtent aux fruits, on voit leurs yeux s’illuminer. Il faut proposer différentes façons de l’apprêter », explique Véronique Papineau.

Mettre l’accent sur le fruit

Une mise en marché épurée met le fruit de l’avant.
« Il faut se concentrer sur le fruit lui-même. Trop de fla-fla n’est pas nécessaire. Nos produits sont simples, autant dans leur composition d’ingrédients que dans les étiquettes », poursuit-elle.

Trouver des ambassadeurs

Pour faire connaître ses petits fruits, le Domaine de la Groseille peut compter sur le professeur Yvan Perreault, qui les fait découvrir à ses étudiants, et sur la microbrasserie Maltstrom,
qui les intègre à certaines bières.

Aller à la rencontre de la clientèle

« Les clients hésitent à s’arrêter dans une ferme dont ils ne connaissent pas le produit. Il faut les rejoindre là où ils sont, comme dans les marchés de Noël, fait valoir la productrice.
Ils cherchent alors des choses originales, toutes faites, et sont ouverts à goûter. »

Ne pas voir trop grand au début

Louis-Xavier Ariel conseille d’être prudent quand on se lance dans une culture marginale. « On n’a pas beaucoup de conseils, et personne ne peut nous aider à prévoir le rendement qu’on aura. Il faut adapter le projet en conséquence. »

Les marchés de Noël représentent une occasion en or pour les producteurs d’aller à la rencontre de la clientèle. Photo : Geneviève Quessy
Fiche technique
Nom de la ferme :

Domaine de la Groseille

Spécialités :

Groseille, gadelle et cassis

Année de fondation :

2013

Noms des propriétaires :

Louis-Xavier Ariel et Véronique Papineau

Nombre de générations :

1

Superficie en culture :

4 acres, bientôt 5


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