Parmi les cinq fournisseurs québécois de Frito-Lay

Neuf générations de Blouin se sont succédé sur les terres familiales de Saint-Jean-de-l’Île-d’Orléans avant que Gabriel ne les reprenne en 1982 pour fonder l’Exploitation agricole GB, spécialiste de la culture de pommes de terre destinées à la fabrication de croustilles. La ferme figure encore aujourd’hui parmi les rares fournisseurs québécois du transformateur Frito-Lay.

Au bout du fil, Gabriel Blouin et sa conjointe, Marie-Josée Lepage, sont à la fois fébriles et fiers. C’est que leur ferme de Saint-Jean-de-l’Île-d’Orléans vient de recevoir le titre de fournisseur de pommes de terre à croustilles de l’année à travers l’Amérique du Nord, des mains du transformateur Frito-Lay.

« Il y avait de gros joueurs sur la glace avec nous. On était très heureux de ça; c’est une reconnaissance très prestigieuse », réagit avec enthousiasme Mme Lepage, spécifiant que les récipiendaires doivent se démarquer par leur rigueur, leur constance, et par la qualité et la conformité de leurs produits.

Cet honneur arrive plus de 40 ans après que Gabriel Blouin eut repris la ferme de vaches laitières et de cultures diversifiées de poireaux, de fraises, de tabac et de pommes de terre de ses parents, en 1982. 

« J’ai toujours travaillé à la ferme, depuis que je suis capable de marcher, se souvient l’agriculteur. Je n’aimais pas trop l’élevage d’animaux, alors quand j’ai repris, j’ai continué un peu dans [les cultures diversifiées]. Puis, j’ai eu [la possibilité] d’avoir un contrat chez Frito-Lay. J’ai offert à l’usine de produire des patates pour eux. » 

Au tournant des années 1990, une vingtaine de fermes du Québec étaient des fournisseurs pour ce transformateur, alors qu’aujourd’hui, elles ne sont plus que cinq, incluant la sienne. De fil en aiguille, l’Exploitation agricole GB est passée d’une production de seulement 8 hectares de pommes de terre en 1982, à 202 hectares aujourd’hui. 

« Ceux qui sont restés, ils se sont mis à avoir plus de contrats. C’est là que c’est devenu intéressant », poursuit Gabriel.

Des Blouin depuis 1964

Depuis environ cinq ans, Gabriel Blouin partage l’actionnariat de l’entreprise avec son fils Patrick, qui en prendra éventuellement la relève. Il s’agira de la 11e génération à exploiter la terre, après qu’un premier Blouin s’y soit installé
en 1684. 

« On a une boîte contenant tous les actes notariés originaux depuis l’arrivée du premier Blouin en Amérique. […] Plusieurs familles souches du Québec et même de l’Amérique sont d’abord atterries sur l’île d’Orléans; plusieurs sont arrivées ici d’abord par bateau », relève Marie-Josée Lepage.

Les premières générations, jusqu’à la huitième, pratiquaient plutôt une agriculture de subsistance, jusqu’à ce que les parents de Gabriel se mettent, vers les années 1950, à commercialiser à petite échelle des produits diversifiés issus de la culture de la terre et de l’élevage. 

Puis, Gabriel Blouin a incorporé la ferme pour se concentrer graduellement sur la production de pommes de terre de transformation et de céréales. 

Si l’agriculteur agit aujourd’hui à titre de « chef d’orchestre » dans l’entreprise, son fils Patrick supervise les activités au champ, pendant que sa conjointe Marie-Josée se charge du volet administratif. 

Marie-Josée Lepage s’implique à la ferme de pommes de terre de croustilles depuis qu’elle a fait la rencontre de Gabriel Blouin, il y a 15 ans. Issue du milieu des affaires, c’est elle qui gère le volet administratif de l’entreprise et les opérations de livraison. Photo : Gracieuseté de l’Exploitation agricole GB

La quart-arrière 

Produire des pommes de terre destinées à la fabrication de croustilles requiert beaucoup de coordination sur le plan des livraisons et de l’approvisionnement. Il faut que les bonnes quantités de matières premières soient envoyées à l’usine, en fonction de la capacité de cuisson quotidienne, pour garder un bon roulement, sans générer de gaspillage. Depuis trois ans, c’est Marie-Josée Lepage qui est désignée pour coordonner les activités entre les cinq fermes québécoises qui fournissent des légumes à Frito-Lay et à l’usine de Lévis. Celle qui se fait tantôt surnommer « la quart-arrière » par ses collègues, tantôt « le filet de sécurité », a accepté ce mandat, à la demande des cinq producteurs fournisseurs. 

« On avait besoin de quelqu’un qui connaît le domaine de la patate de A à Z, et quelqu’un qui a beaucoup de rigueur, détaille Gabriel. Marie-Josée est habituée à travailler avec le public; c’est une femme d’affaires qui a la diplomatie nécessaire », résume-t-il fièrement.  


Équipement techno

La récolteuse mécanique dont les Blouin ont fait l’acquisition il y a cinq ans leur permet de cultiver la pomme de terre dans des champs où ils ne pouvaient que faire pousser des céréales auparavant. L’engin intègre une table de triage qui retire les cailloux et autres matières étrangères directement au champ. « Il y a des champs où, sans la récolteuse, on ne pourrait pas récolter de pommes de terre, car elles seraient trop abîmées par les cailloux », explique Marie-Josée Lepage. Depuis cette acquisition, la ferme familiale a augmenté sa superficie de culture de pommes de terre. Tirée par un tracteur, la récolteuse remplace le travail de deux employés.  

Photo : Gracieuseté de l’Exploitation agricole GB

Le bon coup de l’entreprise

Gabriel Blouin estime avoir fait son meilleur coup dans les années 1980 et 1990, lorsqu’il s’est mis à acheter des fermes avec des terres pour prendre de l’expansion, à une époque où les prix étaient encore raisonnables. « Aujourd’hui, on ne peut plus acheter des fermes, surtout à l’île d’Orléans. […] Si je n’avais pas acheté avant, on n’aurait jamais pu progresser comme ça », estime l’agriculteur, dont les superficies de culture, au fil des ans, sont passées 40 hectares à environ 400 hectares, en pommes de terre et en céréales. « J’achetais des fermes, souvent avec un voisin producteur laitier. J’achetais la partie propice à la culture de la pomme de terre, et la partie non propice, c’était mon voisin qui l’achetait », raconte celui qui a aussi converti plusieurs bâtiments en remises.

Les superficies de culture, au fil des ans, sont passées de 40 hectares à environ 400 hectares, en pommes de terre et en céréales. Photo : Gracieuseté de l’Exploitation agricole GB
Fiche technique 🥔
Nom de la ferme :

Exploitation agricole GB

Spécialité :

Pommes de terre de croustilles

Année de fondation :

1982

Noms des propriétaires :

Gabriel et Patrick Blouin

Nombre de générations :

11

Superficie en culture :

Environ 400 hectares de pommes de terre et de céréales en culture de rotation


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