Les astres se sont alignés pour leur démarrage

CAP-SAINT-IGNACE — Trouver une ferme abandonnée depuis deux ans avec un vieux bâtiment agricole et une taille de terrain idéale a été une chance incroyable pour Stéphanie Beaulieu et Pierre-Alexandre Dessureault en 2021. Tous les éléments étaient alors parfaitement réunis pour qu’ils puissent lancer leur projet de ferme ovine.

Stéphanie et Pierre-Alexandre se sont rencontrés à Québec en 2018. Elle travaillait comme technicienne en éducation spécialisée dans les écoles et lui, agroéconomiste, était alors chef de culture en serres maraîchères. Ni l’un ni l’autre ne venait d’un milieu agricole, mais tous les deux aspiraient à réaliser un projet commun. 

Ne reculant devant rien, ils ont décidé de foncer tête première dans la vie comme un bélier, c’est-à-dire qu’ils ont quitté la ville pour s’installer au Kamouraska. « Après avoir visité plusieurs types de production agricole, nous sommes tombés en amour avec la production ovine », raconte Stéphanie. Pendant deux ans et demi, ils ont travaillé chez Michel Viens, un éleveur ovin de Saint-Joseph-de-Kamouraska.

Travailler chez un producteur expérimenté comme M. Viens leur a permis d’acquérir une précieuse expérience pratique dans l’élevage des agneaux, ainsi que des connaissances approfondies sur la gestion d’une exploitation agricole. Ils ont pu également bénéficier des conseils et de l’expertise de celui-ci, ce qui a constitué un atout important dans la mise en place de leur propre ferme. Pour parfaire leurs connaissances, ils ont participé à plusieurs formations offertes par le Centre d’expertise en production ovine du Québec, et Stéphanie a effectué un stage à la Ferme ViGo de Saint-Onésime-d’Ixworth.

Une occasion à ne pas rater

Après cette longue période d’apprentissage, une occasion incroyable s’est présentée à eux à Cap-Saint-Ignace, une municipalité voisine de Montmagny, située à quelque 100 kilomètres au nord-ouest de Saint-Joseph-de-Kamouraska. Une fois encore, la bonne fée a agité sa baguette magique, car la ferme, laissée à elle-même depuis le décès de son propriétaire, n’était même pas affichée à vendre. Un contact les a dirigés vers cette option. « Le fait que l’ancien propriétaire avait enseigné en production ovine à l’ITA [Institut de technologie agroalimentaire] de La Pocatière a peut-être convaincu la famille de nous rencontrer », ajoute l’agricultrice.

Il y avait beaucoup de travail et de temps à mettre afin de rendre l’endroit fonctionnel. Cependant, la famille était prête à nous le vendre. Les pâturages ont été refaits et le bâtiment existant, une écurie, a été rénové et agrandi pour en faire une bergerie

Pierre-Alexandre Dessureault

La Bergerie des Petites Laineuses a vu officiellement le jour en juin 2021. L’entreprise se spécialise dans l’élevage de sujets pure race et la vente de sujets reproducteurs Dorset issus d’une lignée élite (agnelles et béliers de reproduction). On y fait aussi la vente d’agneaux en découpes et de produits transformés. 

Boutique à la ferme

La boutique est située en bordure de la route 132. En saison, on peut aussi s’y procurer des courges et citrouilles, des tomates ­italiennes et des petits fruits cultivés à la ferme. Ces deux agriculteurs passionnés ont de plus développé des recettes d’agneau transformé qu’ils aiment faire découvrir à tous ceux et celles qui viennent les visiter. Toute la commercialisation de la viande se fait en circuit court. L’abattage et la transformation sont confiés à la Boucherie de la Ferme de Ladurantaye, située tout près.

Entre-temps, le couple a accueilli la petite Juliette, qui a aujourd’hui deux ans, et a élaboré un projet d’agrotourisme en voie de se réaliser d’ici un an ou deux. « Comme nous sommes juste en face du fleuve, nous aimerions avoir un chalet de type “meublé rudimentaire”, ­c’est-à-dire sans eau ni électricité, afin que les visiteurs puissent vivre une expérience rustique », raconte Pierre-Alexandre. Ils pourraient aussi voir les animaux en pâturage et recevoir une courte formation sur la vie ­d’éleveur ovin.

À deux ans, Juliette aime accompagner sa maman dans la bergerie. Photo : Maurice Gagnon

Un troupeau de race pure

Le troupeau, composé d’une centaine de brebis et d’une dizaine de béliers Dorset, compte également de 30 à 50 agneaux d’engraissement. La ferme possède 26 hectares en culture et en loue six autres. Quatre hectares sont réservés au pâturage. Le couple se partage équitablement les responsabilités dans l’exploitation agricole et auprès de Juliette. Pour avoir un revenu qui leur permet de continuer de s’adonner à leur passion, Pierre-Alexandre occupe un poste en comptabilité au sein d’une entreprise de la région. Pour le moment, ils n’ont pas beaucoup de temps pour des vacances, mais la rivière qui coule derrière chez eux devient leur oasis de bonheur.  

Le bon coup de l’entreprise

« Travailler pour un producteur ovin comme Michel Viens a été l’une des meilleures décisions que nous avons prises. Nous avons tellement appris lors de notre passage chez Michel! » affirme Stéphanie Beaulieu. Les éleveurs se disent très reconnaissants d’avoir eu accès à cet emploi et d’avoir pu profiter de l’expérience d’un mentor comme éleveur de races pures. « Je ne dis pas que ç’a été une période facile, puisque Pierre-Alexandre et moi avions quand même conservé nos emplois respectifs afin d’amasser de l’argent pour notre projet, précise l’éleveuse. Nous occupions à l’époque des emplois à temps plein en plus d’être ouvriers agricoles à la ferme de Michel. Avec du recul, nous sommes très heureux de l’avoir fait, puisque toutes ces expériences de travail nous ont beaucoup apporté. Notre expérience là-bas nous a évité beaucoup d’erreurs en démarrage. » 

Quelques têtes provenant de chez Michel Viens ont permis de lancer le cheptel. Photo : Maurice Gagnon

3 conseils pour… un démarrage réussi

Bien s’informer

Les éleveurs estiment qu’il faut essayer, aller sur le terrain, poser des questions, faire des stages et des formations afin de bien se documenter sur la production agricole dans laquelle on désire se lancer.
Cela vaut la peine, selon eux, d’aller explorer différents modèles d’affaires afin de prendre conscience du projet dans lequel on souhaite s’embarquer.

Savoir s’entourer

Il faut aussi savoir bien s’entourer. Leur projet serait bien différent aujourd’hui s’ils n’avaient pas eu l’aide de mentors et le soutien d’amis, de membres de la famille, de voisins et d’autres petites entreprises autour d’eux. Il est nécessaire, affirment-ils, d’aller chercher l’aide dont on a besoin et de ne pas hésiter à développer des partenariats et collaborations avec les gens autour de nous.

Bien se connaître

Enfin, pour réussir son démarrage, un agriculteur doit surtout bien se connaître, savoir identifier ses forces, ses défis et se faire confiance. Selon Stéphanie Beaulieu, une grande part de la réussite viendra du fait que les entrepreneurs connaissent bien leur projet. Faire une étude de marché ainsi que suivre des stages et des formations sur le sujet sont loin d’être des pertes de temps. Ces choses serviront à solidifier le projet et à le rendre viable, estime-t-elle.

Malgré un emploi à l’extérieur de la ferme, Pierre-Alexandre aime retrouver les moutons chaque jour. Photo : Maurice Gagnon
Fiche technique
Nom de la ferme :

Bergerie des Petites Laineuses

Spécialité :

Production ovine

Année de fondation :

2021

Noms des propriétaires :

Stéphanie Beaulieu et Pierre-Alexandre Dessureault

Nombre de générations :

1

Superficie en culture :

32 hectares

Cheptel :

160 têtes

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