Ma famille agricole 23 janvier 2024

L’amour de la campagne

Saint-Nazaire-d’Acton — Les racines sont fortes dans la famille Laforge. Depuis la fin du XVIIIe siècle, cinq générations se sont succédé pour vivre et se nourrir de la généreuse terre familiale. Si personne n’hésite à partir explorer de nouveaux horizons, tous reviennent au port d’attache lorsque l’appel de la campagne se fait entendre.

À 22 ans, Gaston Laforge a quitté la maison où il est né pour aller travailler en ville après ses études en technique mécanique. D’abord au tout nouveau métro de Montréal, à l’époque, puis dans les usines du constructeur Pratt & Whitney.

Ces huit années de vie urbaine lui ont amplement suffi pour comprendre son besoin de grand air et de liberté d’action. Sans hésitation, il est revenu à la maison natale lorsque l’occasion s’est présentée. 

« J’aime mieux la campagne », confie sobrement l’homme aujourd’hui âgé de 79 ans, sourire en coin.

La naissance d’Éric m’a fait réaliser que c’est ici que je voulais élever ma famille. Quand mon père m’a offert de prendre sa relève avec mon frère Floriant, je n’ai pas hésité.

Gaston Laforge

Dans leur jeunesse, les deux frères avaient œuvré dans cette ferme fondée à l’origine par leur arrière-grand-père. On y élevait des vaches et des cochons, en plus de produire des fraises et des framboises que la famille allait vendre au marché Bonsecours de Montréal. 

Une fois réunis, Floriant et Gaston se sont lancés avec leur père dans la production d’œufs en achetant le poulailler voisin, en plus d’en construire un second, tout en poursuivant la culture maraîchère. 

La famille Laforge forme un clan tissé serré autour du grand-père Gaston. Les conjoints de Xavier et de Kaléann, Florence Delorme (à gauche) et William Perron (deuxième à droite), n’hésitent pas à venir en renfort quand ils peuvent prendre congé de leurs études universitaires. Photo : André Laroche

Des choix naturels

Éric Laforge se rappelle sa jeunesse passée dans les tracteurs aux côtés de son grand-père Bruno. Nulle part ailleurs il ne pouvait s’imaginer plus heureux, admet-il. « Quand j’étais à l’école, ma tête était toujours à la ferme. J’imaginais en classe ce que faisaient mon père, mon oncle et mon grand-père dans le garage. Je n’ai jamais envisagé autre chose qu’être agriculteur comme eux. »

La vente des poulaillers au milieu des années 1990, nécessaire pour faciliter un transfert de propriété, lui a permis de se concentrer sur ce qu’il préférait : les grandes cultures. 

« Je ne suis pas attiré par l’élevage d’animaux. Je préfère la mécanique, les tracteurs, le travail des champs… J’étais un enfant manuel qui jouait avec des blocs Lego et des jeux Mécano », explique-t-il. « La décision de cultiver du grain n’était pas un choix bien difficile. »

La vie de ferme a été un choix tout aussi naturel pour sa conjointe, Geneviève Rajotte, qu’il a rencontrée à la cantine du village au début de sa vingtaine. « Cela n’a jamais été un questionnement pour moi. J’ai trouvé ma place ici », glisse simplement cette diplômée en comptabilité.

Passion transmise

Le couple a donné naissance à trois enfants en l’espace de quatre ans. L’aîné et le benjamin se préparent à faire leur place dans l’entreprise familiale.

À l’instar de son père, Xavier a toujours préféré les sièges de machines agricoles aux bancs d’école. « Le premier mot qu’il a prononcé, ce n’est pas “maman” ni “papa”. C’est “tracteur” », souligne sa mère en riant. « Même quand il joue à des jeux vidéo, c’est à des jeux de tracteurs. »

« Je suis né là-dedans », confirme le jeune homme de 22 ans en haussant les épaules. « Je ne vois pas ce qui pourrait me rendre plus heureux. »

Son jeune frère Zachary a bien pensé, lui, opter pour la menuiserie-charpenterie. Mais il a vite compris que son bonheur se trouvait dans la mécanique, comme son grand-père. « J’ai travaillé avec des vaches et des poules dans d’autres fermes. J’aime bien les animaux, mais je préfère jouer dans les moteurs », confirme-t-il.

Éric Laforge et Geneviève Rajotte ont élevé leur famille dans la maison natale du grand-père Gaston. Photo : André Laroche

La cadette, Kaléann, pour sa part, se destine à la kinésiologie. Cette hockeyeuse a entrepris, l’automne dernier, des études à l’Université de Montréal. Elle n’hésite cependant pas à revenir prêter main-forte lors des grands travaux. « On peut toujours compter sur elle », affirme sa mère avec fierté.

« Je suis une fille de la campagne », confirme la jeune femme. « Je n’aime pas la ville. C’est sûr que je vais revenir, un jour. »  

Le bon coup de l’entreprise

Éric Laforge n’hésite pas longtemps : les nouveaux séchoirs à grains à récupération de chaleur, acquis en 2022 par le biais de subventions gouvernementales pour la diminution d’émissions de GES, ouvrent de nouveaux horizons pour l’entreprise familiale. Trois à quatre fois plus rapides que les anciennes installations, ils permettent de sauver trois semaines de travail. Ce temps économisé permet d’offrir un service clé en main de récolte, de séchage et de livraison aux autres fermes de la région. « De plus, les baisses réelles d’émissions de GES surpassent les prévisions. On s’attendait à une diminution de 15,5 tonnes, mais nous avons atteint les 20 tonnes dès la première année. » 

Grâce à un écran tactile, Éric Laforge et son fils Xavier peuvent connaître le volume de grains de chaque silo et contrôler les opérations de séchage. Photo : André Laroche

3 conseils pour… savoir innover

Ne pas attendre

« Le changement n’a jamais fait peur à mon père ni à mon oncle. Ils étaient toujours parmi les premiers à faire l’essai des nouvelles technologies. Ils décidaient ensuite s’ils la conservaient ou non », raconte Éric Laforge. « Il ne faut pas attendre pour tenter de nouvelles expériences, sinon la marche devient trop haute. »

Suivre des formations

Les occasions d’apprendre ne manquent pas dans le monde agricole. Outre les séminaires et les conférences offertes, il se trouve toujours un agriculteur qui se fait un plaisir de partager ses expériences. « Il ne faut pas avoir peur d’aller voir ce qui se fait ailleurs, dans les autres provinces ou dans les autres pays », souligne M. Laforge. Son père et son oncle ont longtemps consacré leurs vacances à des voyages agricoles à l’étranger.

Ouvrir son esprit

La diversité d’idées est une richesse, rappelle Éric Laforge. « Il faut éviter de rejeter d’emblée les nouvelles tendances et les opinions des autres. Chaque producteur possède un bagage d’expériences dont on peut s’inspirer. L’agriculture bio apporte quelque chose aux techniques conventionnelles, et vice-versa. Tout le monde peut apprendre de l’autre. »

Zachary Laforge a trouvé sa place au sein de l’entreprise familiale dans l’entretien de la machinerie. Il a entrepris, l’automne dernier, des études en mécanique agricole. Photo : André Laroche
Fiche technique
Nom de la ferme :

E.F.G. Laforge

Spécialité :

Grandes cultures

Année de fondation :

1996

Nom du propriétaire :

Éric Laforge

Nombre de générations :

5

Superficie en culture :

850 acres (344 hectares)

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