Ma famille agricole 25 septembre 2023

Des alpagas au détour du destin

SAINT-ALEXANDRE-DE-KAMOURASKA – Rien ne les prédisposait à devenir agriculteurs, jusqu’à ce que l’occasion d’acheter un troupeau d’alpagas se présente. La vie de Maryse Hénault-Tessier et de Nicolas Chabot, tous deux originaires de la Rive-Sud, dans la région de Montréal, a pris une toute nouvelle direction depuis qu’ils sont propriétaires de la Ferme fibres et compagnie. 
Le soleil vient tout juste d’amorcer sa descente vers les montagnes de Charlevoix, de l’autre côté du fleuve. Quelques poules courent librement sur le grand terrain entre la maison et l’étable. Le troupeau d’alpagas erre au pâturage derrière la clôture de broche. Un vent de quiétude agite les feuilles des camérisiers. C’est dans ce paysage enchanteur que le couple formé de Maryse Hénault-Tessier et de Nicolas Chabot accueille les visiteurs à sa ferme depuis six ans.

C’est l’heure de la collation pour les alpagas. Photo : Maurice Gagnon

Le début de l’histoire remonte au milieu des années 2000. Fraîchement arrivés de la ville, après des études universitaires en géographie, Maryse et Nicolas louent une maison à Notre-Dame-du-Portage. Nicolas en avait marre de son travail en décontamination des sols dans le nord du Québec et le couple rêvait de s’installer à la campagne. 

L’occasion de s’établir se présente en 2008. Ils font l’acquisition d’une maison et de quelques bâtiments de ferme désaffectés qui viennent d’être mis en vente dans le village voisin.

« À ce moment, nous n’avions, ni l’un ni l’autre, le désir de démarrer une entreprise, surtout pas avec des animaux », raconte Nicolas. D’ailleurs, chacun occupe déjà un emploi dans le domaine de l’environnement.

Maryse apprend que la ferme Les alpagas d’Aldo veut se départir de son troupeau. Elle convainc Nicolas d’aller « au moins » les voir. Ils décident d’acheter. « Ça s’est fait très vite, raconte la géographe, en riant. C’est peut-être parce qu’on n’a pas pris le temps d’y réfléchir qu’on l’a fait. » 

Le troupeau compte alors 25 bêtes. Comme il y a déjà des bâtiments sur le terrain, un travail de restauration a été suffisant pour les accueillir. L’un des bâtiments est alors converti en boutique. La terre de 30 hectares en compte 10 en foin pour assurer l’alimentation du bétail. « Notre première année d’opération a surtout été consacrée à l’apprentissage », raconte la productrice. 

Nicolas aime bien se comparer à un fermier des années 1960 et 1970 à cause de son tracteur et des équipements un peu désuets de cette époque qu’il utilise pour faire les foins. « Compte tenu de la taille de notre exploitation, ils font très bien l’affaire », dit-il. La ferme est autosuffisante en fourrages.

L’agrotourisme

Maryse et Nicolas avaient commencé la culture de champignons un an avant l’arrivée des alpagas, en collaboration avec le centre collégial de transfert de technologie Biopterre. Celle des noisetiers s’est ajoutée par la suite. Ils détiennent aussi une plantation de camerises.

Dès le départ, ils ont voulu que leur ferme en soit une agrotouristique avec un volet important d’éducation et d’interprétation. Pour accentuer le volet éducatif, le couple a aménagé un sentier artistique avec des sculptures d’artistes régionaux dans la partie boisée de sa terre et a installé un circuit touristique avec codes QR. « Cela va permettre aux gens de visiter la ferme à leur rythme et de façon autonome. Cette offre s’ajoute aux visites guidées », ajoute Maryse Hénault-Tessier.

Avec l’ouverture au public de la ferme, ils se sont lancés dans la fabrication de produits transformés de petits fruits et d’accessoires utilisant la fibre des alpagas. C’est surtout Maryse qui mitonne les confitures, marinades, ketchups et autres produits cuisinés, alors que Nicolas nettoie la fibre et tricote les tuques et mitaines destinées à affronter l’hiver en toute chaleur. Maryse et Nicolas récoltent également des champignons forestiers que l’on peut acheter à la boutique ou déguster dans certains restaurants.

Auréline sera au chaud cet hiver avec son bonnet en fibre d’alpaga. Photo : Maurice Gagnon

Pas trop d’entretien

Élever des alpagas n’est pas trop compliqué, explique Nicolas Chabot. L’animal nécessite un minimum de soins. Il suffit essentiellement de les nourrir et de garder les litières propres. La tonte de la fibre a lieu de la fin mai au début juin en prévision des périodes plus chaudes. À l’occasion, il faut aussi faire la taille des dents et des onglons. « L’élément le plus problématique survient lorsqu’il y en a un de malade. Puisqu’il ne s’agit pas d’une espèce très répandue au Québec, les soins spécialisés sont rares et on doit se tourner vers les médicaments ovins ou bovins », souligne l’agricultrice. L’alpaga n’est pas du tout agressif envers les humains.

Le troupeau compte maintenant 29 têtes : 21 femelles et huit mâles. En contrôlant les accouplements, Maryse et Nicolas accueillent deux ou trois nouveau-nés par année, afin de maintenir le nombre d’animaux à son niveau actuel. Les bâtiments ne pourraient pas en accueillir davantage et le couple ne souhaite pas investir dans des agrandissements qui permettraient de l’accroître. La longévité des alpagas est d’environ 20 ans.   

Équipement techno

Maryse Hénault-Tessier et Nicolas Chabot ont installé des panneaux dont le code QR, scanné par les téléphones intelligents ou les tablettes, donne accès à une vidéo, des jeux, des quiz, etc. Réalisés en partenariat avec la firme Kale Digital Solutions, ces codes conduisent en fait l’utilisateur sur une page cachée du site Web fibresetcie.com. Une façon de rendre la visite encore plus éducative en utilisant la technologie.

Des codes QR permettent de guider les visiteurs sur le site de la ferme. Photo : Maurice Gagnon

Le bon coup de l’entreprise

L’élevage d’alpagas à petite échelle n’est pas vraiment rentable. Pour accroître ses revenus, l’entreprise a choisi de diversifier son offre de produits et de services de différentes façons. Une combinaison de l’animal et du végétal permet de rejoindre différents publics. Certains viennent pour voir les animaux, alors que d’autres sont attirés par les produits faits de fibre d’alpagas et les aliments à base de fruits et de champignons de la ferme, qui sont en vente à la boutique. Bref, chacun y trouve son compte. Maryse et Nicolas ont su trouver différentes façons de rendre la visite agréable, même en y ajoutant un parcours artistique en forêt. 

Les champignons forestiers font partie de l’offre diversifiée de l’entreprise. Photo : Maurice Gagnon
Fiche technique
Nom de la ferme :

Ferme fibres et compagnie

Spécialité :

Élevage d’alpagas

Année de fondation :

2017

Noms des propriétaires :

Maryse Hénault-Tessier et Nicolas Chabot

Nombre de générations :

1

Superficie en culture :

30 hectares (incluant la zone forestière)

Cheptel :

29 alpagas


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