De producteurs ovins à pépiniéristes pour intégrer la relève

GRANBY – Marie-France Bouffard et Christian Beaudry ne font pas les choses à moitié. Lorsqu’ils se sont lancés dans l’élevage de moutons, ils ont développé une expertise en génétique ovine. Et, au cours des dernières années, ils ont entrepris de diversifier leurs activités agricoles, afin que leurs quatre enfants aient leur place dans l’entreprise.

La ferme Agronovie, fondée par Marie-France Bouffard et Christian Beaudry, compte le plus gros troupeau de race pure au Canada, assurent-ils. L’Arcott Rideau y est la race de prédilection. Si tout a commencé en 2002 avec cinq brebis, le cheptel en compte aujourd’hui 900.  

Ce type d’exploitation et sa taille surprennent par sa localisation géographique, car la production ovine y est moins présente que dans d’autres régions du Québec, comme le Bas-Saint-Laurent.   

« Tant qu’à avoir des moutons, c’était plus le côté génétique qui nous intéressait, souligne Mme Bouffard, qui, comme son conjoint, a fait des études en agronomie. Avoir des moutons communs, c’est l’fun. Mais essayer d’améliorer [la qualité du troupeau] et de se distinguer, c’est encore plus de challenge. »

Les efforts du couple ont porté leurs fruits, car la ferme Agronovie vend des moutons au Québec, mais également au Canada et aux États-Unis. L’ouverture de ce dernier marché est relativement récente. Au printemps, elle y enverra des animaux pour la deuxième fois.  

Le traitement minutieux des données de chaque nouveau-né dans les registres de la ferme.

Le souci du détail

Le traitement minutieux des données de chaque nouveau-né dans les registres de la ferme représente une part importante du travail de suivi génétique des producteurs ovins. « Toutes les données compilées sont envoyées à GenOvis [le programme d’évaluation génétique], à La Pocatière », explique l’agricultrice.

Un travail d’évaluation, voire de sélection, est par la suite effectué à partir des indices génétiques et de conformation de l’animal. Tout cela permet de cibler les meilleurs sujets femelles et mâles voués à la reproduction. « Ça nous aide à sélectionner un beau et un bon mouton », précise-t-elle.

La ferme Agronovie a par ailleurs été finaliste dans la catégorie Meilleur troupeau race prolifique, lors des prix reconnaissance GenOvis 2024. 

La terre agricole du chemin Beaudry, à Granby, où se trouve la ferme (et celles d’autres membres de la grande famille Beaudry), a d’abord appartenu à Gérard, le père de Christian. C’est lui qui a mis un terme à la production laitière quelques années avant que Christian et Marie-France deviennent propriétaires de la ferme, en 2005. Les bâtiments ont changé de vocation au début des années 2000 avec l’arrivée des premiers moutons. Ce qui n’était qu’un passe-temps au départ est devenu au fil des ans une occupation à temps complet pour le couple.

Si tout a commencé en 2002 avec cinq brebis, le cheptel de la ferme Agronovie en compte aujourd’hui 900.

De nouveaux pépiniéristes

Marie-France et Christian se sont par ailleurs lancés dans une nouvelle aventure entrepreneuriale au cours des dernières années. Mais cette fois-ci, avec leurs enfants. 

Avec leurs formations respectives, les enfants ont les outils pour avancer.

Marie-France Bouffard

Le couple, ainsi que deux de leurs trois fils, Charles et David, ont fait l’acquisition d’une terre à Saint-Paul-d’Abbotsford, afin d’y aménager une pépinière. Quelque 100 000 cèdres y auront été mis en terre à la fin de l’année. À terme, la culture de 200 000 arbres, principalement des conifères, est visée à la Pépinière Arbora.

Cela permet ainsi aux deux frères, qui ont étudié à l’Université Laval, de mettre à profit leurs compétences et intérêts respectifs. Étudiante en administration, également à l’Université Laval, leur sœur Myriam pourrait se joindre à eux à titre de gestionnaire. 

C’est après avoir rencontré un pépiniériste de Sainte-Cécile-de-Milton, Alain Brodeur, que Charles a eu le déclic pour ce type de culture. Moins attiré par la production ovine et davantage par le travail manuel et la culture des champs, il cherchait une façon de diversifier les activités de l’entreprise agricole familiale. Et visiblement, il n’est pas le seul à avoir été tenté par l’aventure.  

Contrairement à ses frères, Félix, le cadet de la famille, a pour sa part l’intention de travailler à temps plein à la ferme, une fois ses études à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ) achevées. Et, qui sait, la conjointe de David, Lee-Anna Mahannah, qui est employée à la ferme, pourrait également faire partie du plan de relève.

Intéressée par la production ovine, elle a fait un stage en production animale chez la famille Beaudry, dans le cadre de ses études à l’ITAQ. La preuve que la vie fait parfois bien les choses, c’est ainsi qu’elle a fait la rencontre de celui qui allait devenir son amoureux.  

Équipement utile

L’achat et la modification en usine d’une transplanteuse, de marque Mechanical, se sont révélés judicieux pour la culture des cèdres, initiée par certains membres de la famille Beaudry. L’équipement a été acheté neuf l’an dernier, mais l’unité de semis a été ajustée afin de convenir à la grosseur des plants de cèdres. À l’origine, l’équipement était destiné à la mise en terre de plants de fraises, souligne Charles Beaudry. « Avant, on empruntait la machine, quand elle était disponible, d’un autre producteur, fait-il valoir. Là, on a le contrôle sur le moment où l’on plante. » 

La transplanteuse facilite le travail de mise en terre des petits plants de cèdres. Photo : Gracieuseté de la famille Beaudry

Le bon coup de l’entreprise

Avec la diversification des activités agricoles, Marie-France Bouffard se réjouit d’avoir trouvé une façon de permettre à chacun des quatre enfants d’aller au bout de leurs intérêts personnels. « Je trouve ça intéressant que chacun ait sa place et que ça n’ait pas besoin d’être juste une entreprise », dit-elle. Savoir s’entourer de gens compétents est assurément un autre bon coup, selon David Beaudry. « Ça nous tire vers le haut », dit-il en faisant entre autres référence à Alain Brodeur, un pépiniériste de Sainte-Cécile-de-Milton. Ce dernier leur a appris les rudiments du métier au cours des dernières années. « Ç’a été un gros saut de passer de l’animal à l’horticole, insiste David. Ça reste de l’agriculture, mais ça a pris beaucoup d’apprentissages. » 

Charles et David Beaudry ont de grands projets pour la pépinière Arbora, qu’ils ont démarrée avec leurs parents.
Fiche technique
Nom de la ferme :

Ferme Agronovie/Pépinière Arbora

Spécialités :

Génétique ovine/production de cèdres

Noms des propriétaires :

Marie-France Bouffard et Christian Beaudry (ferme)/ Charles, David et Christian Beaudry ainsi que Marie-France Bouffard (pépinière)

Années de fondation :

2002/2021

Nombre de générations :

3

Superficie en culture :

147 hectares (ferme) et 30 hectares (pépinière)

Cheptel :

900 brebis

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