Complices dans l’excellence

SAINT-LOUIS-DE-GONZAGUE – Au début de l’année, les frères Benoit et Ghislain Montpetit sont officiellement devenus la sixième génération à posséder la ferme laitière fondée en 1920 par leur aïeul Magloire Montpetit. Ces deux complices caressent de grands projets pour leur entreprise placée sous le signe de l’excellence par leurs parents. 

Assis dans son ancien bureau attenant à l’étable, Daniel Montpetit ne dissimule pas sa fierté de voir ses deux fils désormais aux commandes de la ferme qu’il a développée pendant plus de 40 ans avec sa femme, Jane Nieuwenhof. 

Infirmière de formation, Jane Nieuwenhof a supervisé la santé du troupeau pendant 40 ans. Elle pose fièrement avec son petit-fils Gauthier dans la nouvelle étable. Photo : Gracieuseté de Jane Nieuwenhof

« C’est ce que nous souhaitions », confie-t-il avec un large sourire. « Nous sommes satisfaits, car des transferts réussis, nous n’en voyons pas beaucoup. Je trouve que nous avons bien fait ça. »

Devant lui, les deux frères affichent une confiance mutuelle, basée sur une complicité cultivée depuis plusieurs années. L’aîné, Benoit, a pris naturellement la responsabilité de la gestion des cultures, alors que Ghislain assouvit sa passion pour la reproduction et la production laitière. 

« Nous nous complétons bien », confirme l’aîné, qui se considère comme agriculteur depuis son plus jeune âge. « Je fais ça depuis toujours. C’est pour moi un grand terrain de jeux, ajoute-t-il. J’ai commencé à 10 ans à faire de la soudure pour réparer de la machinerie. Je n’aurais pas pu apprendre ça à cet âge-là nulle part ailleurs. »

En revanche, Ghislain a pris quelques détours avant de choisir l’agriculture. Pendant cinq ans, jusqu’à l’âge de 20 ans, ce sportif de haut niveau a fait partie de l’élite du circuit professionnel de planche à neige. Ce sont des fractures à un pied et à une jambe qui l’ont poussé à réfléchir à son avenir. Son intérêt pour la génomique l’a convaincu de suivre la voie de son père.

« Je l’avais déjà convaincu d’acheter quelques vaches reproductrices [à l’époque où il faisait du sport professionnel], raconte son père en riant. C’est comme ça que je l’ai eu. »

Éleveurs de Holstein pur sang

La reproduction de vaches Holstein pur sang fait partie de l’ADN de la Ferme 236. Daniel Montpetit et Jane Nieuwenhof avaient en effet décidé de miser sur cette race pour améliorer la qualité de la génétique de leur troupeau. « Nous avons commencé en 1984 par l’achat de vaches souches », se rappelle cet ancien président du club Holstein de sa région.

Rapidement, les talents d’élevage du couple se sont manifestés. La vente d’embryons et d’animaux a alors pris une place importante dans les activités de la ferme. En 1989, il avait déjà vendu près d’une centaine de ses taureaux à des centres d’insémination à travers le monde. Le troupeau a d’ailleurs obtenu le titre de Maître-éleveur en 2004.

Aujourd’hui, l’entreprise vend des embryons génomiques et des génisses testées hautes en génomique. Une centaine de vaches laitières sont vendues par année.

La Ferme 236 se maintient, année après année, parmi les dix premiers rangs canadiens au chapitre des indices Pro$ et l’IPVG dans sa catégorie.

Candide, fils de Ghislain, et Camille, fille de Benoit, prennent plaisir à imiter leurs pères dans l’étable. Photo : Gracieuseté de Jane Nieuwenhof

Expansion

Le transfert de l’entreprise familiale se prépare depuis près de deux décennies. C’est pour lui donner une nouvelle impulsion que la famille a investi dans la construction d’une nouvelle étable complètement robotisée en 2018. Une autre phase d’expansion est déjà prévue.

« Nous avons actuellement 150 vaches en lactation. L’objectif est un troupeau de 250 vaches », indique Ghislain Montpetit. 

Son frère Benoit n’est pas en reste dans les champs. Avec sa famille et ses employés, il gère près de 800 acres (324 hectares) de terres qui servent à alimenter le troupeau en ensilage de maïs et de luzerne. Il cultive également du seigle et du seigle fourrager. 

L’heure de la retraite a-t-elle sonné pour les parents ? Bien sûr que non. Ils se sont acheté une nouvelle ferme, quatre kilomètres plus loin, où ils s’occupent toujours des veaux de leurs fils. Ils font aussi les sucres à leur érablière. 

« Mais ils ont maintenant le temps de voyager à leur goût », indique Benoit. « Ils le méritent de plein droit. »  

Le bon coup de l’entreprise

La construction de l’étable complètement automatisée, en 2018, représente une étape décisive pour la ferme, affirment les frères Montpetit. Avec ses trois robots de traite, son système d’alimentation et ses robots-balais, elle permet d’épargner 2 000 heures de main-d’œuvre par année. « Un seul employé pourrait opérer l’étable à lui seul sans effort », souligne Ghislain Montpetit. « L’automatisation nous fait aussi gagner une grande flexibilité pour concilier les travaux à l’étable avec le rythme familial, ou pour concentrer toute notre main-d’œuvre sur les travaux dans les champs en cas de besoin. »   

L’automatisation de l’étable a généré une économie de 2 000 heures de main-d’œuvre par année, selon Ghislain Montpetit. Photo : André Laroche

3 conseils pour… une bonne gestion

S’entourer d’agronomes et de nutritionnistes

L’embauche d’une équipe d’agronomes et de nutritionnistes est un investissement essentiel. Leurs conseils se traduisent rapidement par des économies substantielles et des hausses de rendement, rappellent les frères Montpetit.

Aller voir ailleurs

La loyauté envers un fournisseur se paie chèrement, croit Benoit Montpetit. « Il ne faut pas hésiter à aller voir ailleurs, à marchander et à négocier pour obtenir le meilleur service et le meilleur prix possible », dit celui qui s’est déjà rendu jusqu’au Wisconsin avec son frère pour acheter un planteur à 12 rangs pour le maïs et le soya. Plusieurs pièces de machinerie de la Ferme 236 proviennent d’aussi loin que le Nebraska et la Saskatchewan.

Valoriser les employés

La main-d’œuvre agricole est précieuse, rappelle Ghislain Montpetit. « On doit traiter nos employés avec considération et travailler de concert avec eux pour qu’ils se sentent valorisés dans leur emploi. Par exemple, on doit diversifier les tâches pour éviter que la routine s’installe. Et on doit leur offrir une flexibilité dans leur horaire pour les aider à concilier la ferme et la famille. » Fait à souligner : les deux employés de la Ferme 236 ont accumulé ensemble 37 ans de service.

La Ferme 236 est reconnue pour la qualité de ses animaux de reproduction. Photo : André Laroche
Fiche technique
Nom de la ferme :

Ferme 236

Spécialité :

Production laitière

Année de fondation :

1920

Noms des propriétaires :

Benoit et Ghislain Montpetit

Nombre de générations :

6

Superficie en culture :

800 acres (324 hectares)

Cheptel :

400 vaches, dont 150 en lactation

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