Régions 11 juillet 2019

Le Cégep de Victoriaville et l’ITA : deux styles, deux vitesses

Alors que l’État québécois prendra au moins deux ans à définir la modernisation de l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA), le Cégep de Victoriaville a mis deux ans au total pour planifier et ériger son tout nouveau campus d’enseignement agricole de 4 300 mètres carrés : l’Institut national d’agriculture biologique (INAB). Cet établissement a été inauguré en juin 2018 et emploie présentement 70 professeurs et chercheurs.

Lors du passage de La Terre au campus La Pocatière de l’ITA en 2017, le personnel en place, dont la directrice par intérim Isabelle Allard, avait mentionné un intérêt à construire un bâtiment d’élevage pour les animaux monogastriques et polygastriques sous régie biologique. Un tel projet devait permettre au campus de La Pocatière de se démarquer à l’échelle de l’enseignement agricole québécois, précisait un professeur en production animale. Ce projet est toujours dans les cartons, confirme Sylvain Gingras, le directeur actuel du campus de La Pocatière, mais comme les autres projets de modernisation, il devra être soumis à l’étude, ce qui pourrait prendre deux années supplémentaires (voir autre texte en page 12). S’ensuivront la réalisation des devis et les travaux de construction.

À Victoriaville, le Cégep a mis six mois à planifier la phase 2 de l’INAB. L’établissement procède en ce moment à la construction d’un bâtiment de 500 mètres carrés conforme aux normes biologiques et destiné à recevoir différents types d’animaux d’élevage dès l’automne prochain.

Deux styles

« Si on avance aussi vite et aussi bien, c’est parce qu’on a une excellente équipe en place. Les dirigeants du Cégep de Victoriaville et de l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie savaient comment prendre le leadership dans un secteur. On mise également sur le personnel du Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité [CETAB+]. C’est pour ça qu’on est visionnaires et qu’on a décidé de foncer dans le bio maintenant », explique avec conviction Louis-Samuel Jacques, directeur de l’INAB, qui laisse graduellement sa place à un nouveau directeur, Normand Poniewiera.

Du côté de l’ITA, le directeur Sylvain Gingras aimerait voir rapidement la première pelletée de terre associée à la construction d’un bâtiment d’élevage, mais il veut avant tout que ce soit un investissement d’avenir. « On ne veut pas seulement avoir un toit et quatre murs pour y mettre des animaux dedans. On veut intégrer différentes composantes comme le bio, le bien-être animal, l’impact carbone [pollution], l’enseignement à distance à partir de caméras installées dans le bâtiment, etc. Plus on intègre de paramètres, plus il faut se donner le temps de réfléchir », indique M. Gingras. Il ajoute que le site de La Pocatière comprend déjà une ferme laitière de 36 vaches en production sous régie biologique et 80 hectares de cultures certifiées biologiques. 

Des besoins pressants

Chez AGRIcarrières, la directrice Geneviève Lemonde affirme que les programmes d’enseignement et le développement des infrastructures doivent être pensés en fonction des besoins réels en main-d’œuvre du marché. Elle ajoute qu’il ne faut pas perdre trop de temps lors de la phase de développement des programmes, car les techniques et l’équipement évoluent rapidement dans certains secteurs agricoles et une portion des compétences enseignées peuvent déjà devenir désuètes une fois le programme en place. « On l’a vu dans le milieu porcin, donne-t-elle en exemple. [L’enseignement n’était pas en phase] avec le changement des normes de bien-être animal. » 

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