Contenu commandité 5 février 2024

Le premier plan conjoint de l’histoire

Une année de travail a été nécessaire avant de pouvoir adresser à la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec une requête en vue de l’établissement du premier plan conjoint de l’histoire du Québec.

Les producteurs d’œufs québécois sont des pionniers dans la mise en marché de produits agricoles au Québec. Personne avant eux n’avait osé faire ainsi front commun pour vendre le fruit de leur travail. 

La rédaction du premier plan conjoint de l’histoire du Québec, en 1965, est cependant une tâche titanesque. Pour y parvenir, le comité exécutif doit entreprendre des études et des travaux de recherche pour brosser un portrait de la production, consulter les producteurs, documenter les possibilités offertes par la loi, etc.

« Tout au début, je me déplaçais souvent à travers la province afin d’informer les producteurs. Avec l’aide de I’UCC [Union catholique des cultivateurs], par le biais de ses services régionaux, on a fait l’inventaire de tous les producteurs du Québec de même que plusieurs études sur la production. Puis, nous avons présenté un règlement sur la production », a expliqué Ovila Lebel après sa retraite. 

Les objectifs sont clairs : augmenter le marché, éliminer le marchandage qui se fait sur le dos des producteurs individuels et stabiliser les prix de manière à couvrir les coûts.

Parallèlement, la Fédération demande aux producteurs des autres provinces de se regrouper eux aussi et de créer des offices de commercialisation. Déjà, certaines provinces comme la Colombie-Britannique ont un office en place. Pour sa part, l’Ontario s’oppose à la création de tels offices et continue d’augmenter sa production, ce qui préoccupe le Québec.

Ces efforts contribueront au développement d’une expertise pour l’ensemble du syndicalisme agricole, qui servira à plusieurs fédérations à emprunter la même voie au cours des années subséquentes. 

Au bout d’une année complète de travail, les dirigeants peuvent enfin déposer à la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec une requête en vue de l’établissement du plan conjoint des producteurs d’œufs de consommation. 

Le vote décisif se déroule entre le 28 décembre 1965 et le 22 février 1966. Près des deux tiers des producteurs (1 751 sur 2 700) ayant déclaré produire des œufs exercent leur droit de vote. De ce nombre, 94 % approuvent le projet. Le plan conjoint devient effectif dès le mois de mars. 

Non seulement un premier pas est-il franchi, mais la voie est aussi tracée pour les autres producteurs agricoles qui aspirent à prendre en main leur industrie.

Dans un premier temps, la Fédération émet des quotas qui correspondent au plus grand nombre de pondeuses dont un producteur assujetti au plan conjoint a été propriétaire au cours des neuf mois précédant l’entrée en vigueur du règlement.

Le prélevé est de 0,000 5 $ par douzaine, retenu par le premier acheteur, qu’il soit un poste de classement, d’emballage ou de décoquillage.

La mise en œuvre de ce premier plan conjoint ne sera pas une chose aisée. Les premières années seront turbulentes. La Fédération réussira néanmoins à poser les pierres d’assise du système de gestion de l’offre tel qu’on le connaît aujourd’hui : prix aux producteurs basé sur le respect du coût de production, contrôle de la production et du commerce entre les provinces et contrôle des importations.

Objectifs du plan conjoint

  1. Augmenter le marché;
  2. Éliminer le marchandage qui se fait sur le dos des producteurs individuels;
  3. Stabiliser les prix de manière à couvrir les coûts.

Premier plan conjoint : mars 1966