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La propriétaire de la fromagerie Ruban Bleu, à Mercier, en Montérégie, aimerait qu’un agriculteur intéressé par l’élevage de chèvres laitières se joigne à son équipe afin de sauver la production laissée par son conjoint lors de sa mort il y a trois ans. L’équipe toujours en place a réussi à tenir le fort, mais il manque d’expertise et de main-d’œuvre. « Mon conjoint est parti avec une grande partie des connaissances de l’entreprise », souligne Caroline Tardif.
En novembre 2018, Jean-François Hébert a commis l’irréparable, en laissant derrière lui son élevage de chèvres laitières et son verger expérimental. Il y avait consacré toutes ses énergies durant 20 ans en négligeant sa santé.
Caroline Tardif a réussi, grâce aux services de jumelage de L’Arterre, à trouver un couple pour reprendre en main le verger diversifié que son conjoint avait mis en place. C’était important pour elle que ceux qui le reprendraient conservent le concept élaboré par son amoureux. « J’étais incapable de me dire qu’il avait travaillé comme un malade sur un projet et de le voir disparaître. Je le loue gratuitement dans l’optique de préserver son travail », précise-t-elle.
La propriétaire aimerait maintenant déléguer la responsabilité des chèvres laitières destinées à la production de fromage. Elle cherche quelqu’un qui souhaite démarrer dans cette production ou quelqu’un qui a vendu son cheptel à regret. Elle est ouverte à trouver une entente qui conviendrait aux deux parties.
Pour le moment, l’entreprise possède une trentaine de chèvres, principalement pour la génétique. Caroline Tardif souligne qu’il y a place à grossir le cheptel. « Ça nous prend quelqu’un qui peut assurer la gestion du troupeau et l’orienter pour faire du fromage », indique la propriétaire.
Impossible d’arrêter
Bien qu’il serait plus facile pour elle de tout arrêter, elle ne veut pas s’y résigner. « Ça fait 16 ans qu’on en arrache pour développer l’amour de la chèvre [des consommateurs]. Avant, une personne sur cinq recrachait poliment sa bouchée quand elle savait que c’était du fromage de chèvre. C’était dur pour le moral. C’est la première année où c’est plus facile. On a tellement travaillé fort, on ne peut pas mettre la clé dans la porte. C’est comme si j’avais couru un marathon et que j’arrêtais avant le dernier kilomètre », illustre-t-elle.
La fromagère souhaite aussi que ses enfants de 8 et 11 ans connaissent leur père à travers cette production. Finalement, pour elle, c’est aussi une façon d’occuper le territoire agricole. Elle a envie de développer une offre agrotouristique dans sa région. « C’est mon dernier appel à l’aide. J’ai déjà cogné à plusieurs portes », indique Caroline Tardif.