Vie rurale 21 janvier 2015

Terres des Sœurs de la Charité : une grosse côte à remonter

La mobilisation citoyenne sur le Web lancée par la Fédération de l’UPA de la Capitale-Nationale–Côte-Nord suffira-t-elle pour empêcher, ou modifier substantiellement, l’énorme projet immobilier envisagé par le Groupe Dallaire sur les 200 ha des Sœurs de la Charité?

C’est en tout cas ce qu’espère la présidente de la Fédération, Jacynthe Gagnon, qui a réitéré « la valeur inestimable de ce bien patrimonial dans Le Soleil du 16 janvier dernier. On n’a aucune chance d’y arriver si la population n’est pas à nos côtés », a-t-elle ajouté.  

Chose certaine, la côte à remonter est gigantesque. En effet, le vaste projet domiciliaire de 6 500 unités concocté par le Groupe Dallaire et les Sœurs devrait générer des profits de l’ordre de 150 M$ qui seraient versés dans leur fondation respective dédiée à des œuvres caritatives. Et il sera sans doute difficile de persuader les Sœurs de la Charité de renoncer aux 39 M$ que le Groupe Dallaire a versés pour acquérir ces 200 ha, par ailleurs totalement enclavés. Chose certaine, aucun producteur ne pourrait rentabiliser des terres payées 195 000 $/ha par ce promoteur immobilier!

Il sera en outre très ardu de convaincre le maire Régis Labeaume de changer d’avis et de tourner le dos à ce projet. Il soutient d’une part que la région de Québec prend déjà en considération l’agriculture urbaine, un motif soulevé par des opposants au projet, avec ses 24 jardins communautaires. Mais on peut croire que ce sont les retombées en taxes qui incitent fortement le maire Labeaume à se ranger derrière le Groupe Dallaire. Selon des informations obtenues par la Terre, la Ville de Québec perçoit actuellement des compensations de taxes d’environ 20 000 $ par an sur ces terres agricoles. Or le futur développement résidentiel (6 500 logements x 200 000 $ chacun x 0,8774 $/100 $ d’évaluation) pourrait lui rapporter plus de 11 M$ en taxes par an, à terme.

En cas de soutien insuffisant de la population, il restera toujours le rempart que constitue la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ). Dans une éventuelle décision, la CPTAQ prendra sans doute en considération l’existence de vastes superficies pour le développement situées en zone blanche de l’agglomération de Québec. Selon une étude présentée au milieu agricole en 2013, la zone agricole couvre 23 % des 54 754 ha de l’agglomération.