Vie rurale 2 juin 2017

Les rodéos au cœur d’une bataille juridique

Un recours juridique en vue de bloquer la tenue d’un rodéo urbain à Montréal pourrait mettre en péril les événements du genre partout au Québec.

Le 29 mai, une demande d’injonction a été déposée devant la Cour supérieure par Me Alain Roy, professeur titulaire à la Faculté de droit de l’Université de Montréal. Ce dernier allègue que les épreuves de dressage contreviennent au Code civil ainsi qu’à la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal. Ces épreuves regroupent la monte de chevaux et de taureaux. Elles constituent l’attraction principale d’un rodéo.

Le changement de statut juridique des animaux a ouvert la porte à ce recours. Ainsi, depuis 2015, ceux-ci ne sont plus considérés comme des biens meubles, mais plutôt comme des êtres sensibles ayant des impératifs biologiques. Selon Me Roy, le rodéo ne tient pas compte de ce statut et cause aux chevaux et aux taureaux du stress, de l’anxiété, de la douleur, de la souffrance, des blessures et même la mort.

Non fondé

« C’est faux de prétendre que les animaux sont maltraités. Chaque animal est élevé et entraîné pour ça », assure le producteur de rodéo Joey Tardif, en entrevue au milieu de son pâturage, où son bétail broute paisiblement. Les animaux aiment faire ça. Ce sont des vedettes, des athlètes. » La veille d’un rodéo, quand la remorque recule dans l’entrée du pâturage, les animaux accourent de leur plein gré. « C’est la plus belle preuve qu’ils aiment ça », affirme l’éleveur. Il estime que ce procès peut causer préjudice à tous les rodéos, les festivals et les expositions agricoles. « Ça pourrait devenir désastreux pour tous les propriétaires de chevaux et de bovins », ajoute le producteur de rodéos. Il se demande ce qu’il adviendra des autres disciplines d’équitation telles que le saut d’obstacles, le dressage western ou le gymkhana. « On se doit de gagner cette épreuve-là », affirme Joey Tardif.

« Pour nous, c’est catastrophique, lance pour sa part le directeur général du Festival western de St-Tite, Pascal Lafrenière. Cette décision risque de faire jurisprudence. Sans rodéo, le Festival n’existe plus, comme l’ensemble des autres rodéos », tranche-t-il. Cet événement génère des retombées économiques de près de 50 M$.

Québec

Au cabinet du ministre de l’Agriculture du Québec, Laurent Lessard, on est persuadé que l’encadrement des rodéos est suffisant pour passer le test des tribunaux. « On sait que ces gens sont consciencieux, qu’ils ont à cœur le bien-être de leurs animaux », a résumé à La Terre l’attaché de presse du ministre, Mathieu Gaudreault. La Cour supérieure entendra la cause le 16 juin.