Vie rurale 15 octobre 2018

Des porte-parole franchement meilleures!

Depuis plusieurs années, le Lait collectionne les porte-parole célèbres. Mais voilà qu’après les Normand Brathwaite, Dominique Michel, Yannick Nézet-Séguin et Georges Saint-Pierre, la marque innove en confiant son image de marque à des… vaches! Voici les dessous d’une publicité qui sort du lot.

Au début d’octobre, le Lait lançait sa nouvelle publicité, fruit de neuf mois de gestation. « Pour la première fois, le Lait était prêt à dire qu’il existe d’autres boissons de rechange, tout en rétablissant certaines faussetés. Il fallait trouver une façon de véhiculer tous ces messages sans être trop moralisateur ou cérébral. C’est là qu’est venue l’idée de faire parler des vaches », explique Guillaume Bergeron, concepteur-rédacteur chez Lg2, l’agence de création chargée de pondre la campagne. Au début de l’été, une quinzaine de personnes débarquent ainsi à la Ferme FD Daoust, de Saint-André-d’Argenteuil, pour auditionner près d’une douzaine de candidates. Les critères : des bêtes dociles qui possèdent une morphologie idéale pour les effets spéciaux nécessaires afin de les faire « parler ».

« Nous voulions en trouver deux assez différentes pour leur donner un peu d’attitude, comme Laurel et Hardy, puisqu’elles se lancent des répliques, raconte Marc Guilbeault, directeur artistique. Il fallait aussi qu’elles soient calmes et statiques parce qu’avec l’éclairage, les caméras et les accessoires, il peut y avoir jusqu’à
30 personnes autour. »

L’audition donne la frousse aux membres de l’équipe de tournage, peu habitués à voir des vaches s’ébrouer!
« C’était drôle parce que c’était tous des gens de la ville », dit en souriant Guillaume Daoust, l’un des copropriétaires de l’élevage. Aux termes de l’exercice, quatre vaches sont sélectionnées : deux actrices principales et deux substituts.

« Action! »

À la mi-juin, près d’une quarantaine de personnes prennent d’assaut l’étable des Daoust. L’agriculteur apprend du même coup les rudiments de la création publicitaire. « Chaque détail compte pour aller captiver l’auditoire. En 30 secondes, il n’y a pas de place à l’erreur », précise-t-il.

Question d’esthétisme, les Daoust doivent retirer les clôtures autour des deux comédiennes. Six personnes de la ferme les encerclent afin qu’elles ne prennent pas la clé des champs. Lorsque le réalisateur crie « Action! », l’escouade doit rapidement quitter la scène.

Puisqu’il s’avère difficile d’obtenir des regards de vaches directement à la caméra, l’accessoiriste de plateau rivalise d’ingéniosité. Il utilise une perche au bout de laquelle il accroche du foin, des toutous, puis une pomme avec du fil à pêche. C’est finalement un téléphone cellulaire avec de la musique qui réussit à captiver Josianne et Nina. Celles-ci semblent particulièrement apprécier la vieille chanson française de même que le son country du chanteur Johnny Cash! 

Après près de cinq heures de travail et une pause pour se dégourdir les pattes, toute l’équipe remballe ses affaires. En fin de compte, la publicité aura nécessité une trentaine de prises pour Josianne et Nina, une performance avantageusement comparable à celles des comédiens à deux pattes. D’ailleurs, il ne serait pas surprenant que les deux vaches reprennent du service pour une publicité diffusée lors d’une populaire émission spéciale de fin d’année.

L’envers du décor

En dehors du décor de la ferme, l’équipe de réalisation devait faire « parler » Josianne et Nina. C’est grâce à la technologie motion capture, utilisée dans l’industrie des jeux vidéo, que les deux bêtes semblent discourir tout naturellement. Pour « doubler » la voix des vaches, les gens de Lg2 ont auditionné une bonne trentaine de comédiennes, avant d’arrêter leur choix sur Sophie Cadieux et Marie-Soleil Dion. Ces dernières ont dû porter un masque muni d’une caméra afin de filmer les mouvements de leurs lèvres et les coller sur les images de Josianne et Nina. 

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