Vie rurale 13 juin 2019

Encore des roches…

Le temps des roches, c’est le moment de l’année où, petite, je regardais avec envie mes voisins dérocher. Ma mère me disait : « C’est un travail difficile! » Mais moi, je les observais, année après année, avec ce désir d’aider.

En plus, ils avaient l’air de bien s’amuser. Maintenant, je sais ce que c’est. Je peux vous dire que je suis bien contente que ma mère ait su refroidir mes ardeurs de jeunesse. OK. Ce n’est pas ma tâche favorite, mais ce n’est pas la pire pour moi. Je l’avoue, nous n’avons pas beaucoup de terres rocheuses. Il n’y a qu’un petit champ à la roche terreuse qui était rendu relativement potable. Enfin!

qBon. Il l’était jusqu’à ce que mon amoureux décide de le niveler en 2017, découvrant ainsi de nouveaux trésors rocheux et en répandant à la grandeur du champ. Cette année, nous l’avons déjà déroché quatre fois. Et il me dit qu’il manque de nivelage. Ah, Seigneur!

Il nous arrive de dérocher à plusieurs. C’est plus motivant, mais parfois, c’est tout de même pénible. Surtout quand il faut attendre les retardataires! Vous savez, ceux qui traînent de la patte parce qu’ils se prennent pour des aspirateurs et qu’ils ramassent de la « 3/4 nette » dans un champ de maïs. Ou ceux qui s’égarent dans le champ parce qu’ils ne suivent pas leurs rangs étant donné qu’ils ont vu une roche un demi-arpent plus loin dans le sens de la largeur. Ils oublient qu’on va de toute façon repasser dans l’autre sens en revenant. Mais il vaut mieux en rire!

Passion héréditaire

J’ai la chance d’avoir l’aide de mon fils. Il aime tellement ramasser des roches qu’à son retour de l’école, il prend son vélo, SA chaudière, celle qu’il garde précieusement à la maison, et il part seul en trouver. Je dois aller le chercher pour qu’il vienne souper et terminer ses travaux scolaires. Un jour, en revenant de l’école, il m’a demandé ce que nous avions fait dans la journée. C’est sa petite habitude. Je lui ai dit qu’en avant-midi, nous avions déroché, et qu’en après-midi, nous avions fendu du bois. Il s’est mis à pleurer. Je lui ai demandé ce qui n’allait pas. Il m’a répondu entre deux sanglots et avec un trémolo dans la voix : « Y en restera pu quand je vais être en congé! » Je l’ai aussitôt rassuré : « Il y en aura toujours, des roches, mon chéri. »

Quand on déroche ensemble et qu’on voit la même grosse roche, c’est une course pour savoir qui l’agrippera en premier. C’est beau de nous voir courir en criant : « C’est la mienne! » Comblé d’amour pour les roches, mon fils finit toujours ses journées avec des trésors dans les poches pour sa collection. Même moi, je lui en trouve. D’ailleurs, il n’a pas tort : c’est vrai qu’elles sont spéciales. Il doit bien tenir ça de quelqu’un… 

Mylène Surprenant, Agrimom.