Vie rurale 6 juin 2020

« Agricultrice, c’est un choix de vie » – Annie-Claude Lauzon, La Fermette

Elles ne sont pas filles d’agriculteurs et ont toujours habité en ville. À première vue, rien ne prédestinait Annie-Claude Lauzon et Justine Chouinard à se lancer dans la production maraîchère. En 2018, elles ont pourtant fondé La Fermette, une entreprise agricole située à Hemmingford, en Montérégie.

Elles ont adopté le modèle de l’agriculture bio-intensive, qui consiste à tirer le maximum de rendement sur une petite surface. Sur leur ferme de 1,5 acre, elles cultivent une quarantaine de variétés de légumes, de tomates et de verdurettes (roquette, laitue, mini-kale, etc.). « Notre spécialité, c’est la tomate de serre. On a plusieurs variétés ancestrales comme la Marnero, dont la couleur tire sur le mauve et qui est délicieuse, et la Margold, jaune et à la forme souvent imparfaite », explique Annie-Claude Lauzon.

S’initier à la culture bio

La première fois qu’elles ont mis les mains dans la terre, c’est en participant à un projet de jardin collectif dans le quartier montréalais où elles habitaient. Puis, d’autres expériences ont suivi dont une collaboration à la Ferme du Roulant, un projet d’agriculture biologique du Santropol Roulant, un organisme communautaire qui offre différents services dont une popotte roulante et la distribution de paniers bios. « Tout cela a contribué à notre réflexion sur les grands enjeux du monde agricole et de l’autonomie alimentaire, raconte Annie-Claude Lauzon. S’il y a de la place pour l’agriculture de masse, il y a lieu aussi d’avoir une masse de petits producteurs qui privilégient la vente directe. C’est ainsi que, d’une idée floue d’avoir notre propre ferme, on en a fait un choix de vie. »

Elles ont appris les rudiments du métier en travaillant chez différents producteurs, dont la Ferme des Quatre-Temps, avec leur mentor, Jean-Martin Fortier. Le projet de La Fermette a pris forme lorsqu’elles ont rencontré les propriétaires des restaurants la Buvette Chez Simone et le Café Parvis, à Montréal, qui rêvaient de produire ce qu’ils serviraient à leurs clients. « Ça a été un catalyseur, ajoute Annie-Claude. C’était un beau partenariat qui assurait une partie de la mise en marché de nos produits. »

Savoir rebondir

Elles amorçaient une troisième année de production quand est arrivée la crise de la COVID-19. « Ça a été un choc. Du jour au lendemain, on a perdu 30 % de nos revenus avec la fermeture des restaurants. » Il leur a fallu se revirer de bord et vite. « On a redirigé une partie de notre production vers les particuliers grâce à un marché en ligne. Il y a un réel engouement pour les légumes bios achetés directement du producteur. Cela devrait nous permettre de passer au travers sans trop de dommages. »

Elles gardent aussi le cap sur leurs objectifs. « On veut retrouver un équilibre de vie. Démarrer une ferme, c’est intense, avoue Annie-Claude. À court terme, on veut mettre en place des stratégies pour allonger la saison de production d’avril à novembre en ajoutant une serre et en augmentant notre capacité de culture en tunnel chenil. » 

Productrice maraîchère, une affaire de passion

Élyse Gagnon à la Ferme  Aux coureurs des champs.
Élyse Gagnon à la Ferme Aux coureurs des champs.

Cultiver la terre, c’est le rêve d’Élyse Gagnon depuis son plus jeune âge. Il s’est concrétisé avec le démarrage de sa ferme, Aux coureurs des champs, établie dans la région de Thetford Mines. « Avec mon copain, je me suis acheté une terre de 93 acres (38 ha) il y a deux ans, raconte la jeune femme de 27 ans. Pour le moment, j’y cultive de l’ail. Cet été, nous allons préparer les champs pour pouvoir lancer la production l’an prochain. »

En attendant, elle cultive ses légumes biologiques sur les terres de l’Incubateur agroalimentaire des Appalaches. « J’en produis quelque 70 sortes provenant toutes de semences québécoises », précise la maraîchère qui est diplômée en production horticole au Centre régional d’initiatives et de formation en agriculture (CRIFA) de Coaticook. Elle se félicite d’avoir fait un retour sur les bancs d’école pour apprendre à être fermière. « J’ai été formée à la culture biologique, à la permaculture… J’avais déjà une bonne base de connaissances ayant déjà travaillé à des fermes ici et à l’étranger. Je croyais pouvoir me parfaire de façon autodidacte. Je réalise aujourd’hui que la formation m’aide à partir du bon pied. »

Elle a déjà entamé les procédures pour que sa production soit certifiée biologique. Elle vise une mise en marché de proximité par la distribution de paniers hebdomadaires et la vente à la ferme. Le travail agricole est loin de lui faire peur, elle qui, pendant neuf ans, est allée planter des arbres dans le Nord québécois. « On dit que c’est un des métiers les plus durs au monde. C’est vrai! », lance Élyse qui nourrit de nombreux projets pour sa ferme dont celui de transformer la grange pour pouvoir y accueillir des gens pour des fêtes familiales ou cuisiner en groupe lors des récoltes.

Sylvie Lemieux, collaboration spéciale