Vétérinaires 18 décembre 2023

La question de l’autonomie au cœur du Congrès des vétérinaires

L’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ) a sensibilisé ses membres à la question de l’indépendance professionnelle, lors de son Congrès des vétérinaires québécois, les 24 et 25 novembre, à Québec.

Gaston Rioux

Ce thème n’a pas été choisi au hasard. Il émane des résultats d’un sondage commandé par l’OMVQ, il y a un peu plus d’un an, et qui révélait notamment qu’un vétérinaire sur cinq disait ne pas se sentir libre de ses choix dans le cadre de son travail, rapporte le président Gaston Rioux. « En tant qu’ordre, notre rôle est de protéger le public. Il est donc important de parler de tout ce qui peut porter atteinte à l’autonomie des vétérinaires, car cette indépendance est au cœur de la confiance du public pour son professionnel », a-t-il souligné en entrevue avec La Terre, quelques jours après l’événement.

Ces atteintes à l’autonomie professionnelle prennent diverses formes, selon le Dr Rioux. « Dans le secteur des animaux de production, ça peut être des pressions provenant du client ou des techniciens qui travaillent dans l’entourage du vétérinaire et qui insistent pour utiliser absolument un vaccin, ou un produit, qui vient d’une compagnie plutôt qu’une autre, et ce, contre l’avis du vétérinaire. La pression peut également provenir du gestionnaire d’une institution gouvernementale, qui exige du vétérinaire qu’il signe des documents contre son gré, ou de ristournes offertes si un médecin prescrit une certaine quantité de médicaments, ce qui va à l’encontre du code déontologique », poursuit-il. M. Rioux précise que ces exemples n’ont pas été pigés « dans les airs », mais qu’ils sont basés sur des signalements reçus par l’Ordre.

Il encourage évidemment les vétérinaires qui se sentent brimés dans leur indépendance à faire un signalement au bureau du syndic, une instance qui fait partie de l’OMVQ, mais qui mène ses enquêtes de manière indépendante et confidentielle. 

Phénomène des grandes bannières 

Par ailleurs, les vétérinaires ont été appelés à réfléchir à un nouveau phénomène qui touche leur secteur et qui pose un autre risque à l’égard de leur autonomie. Il s’agit de l’augmentation du nombre de grandes bannières, « un peu comme ce qui s’est produit, il y a quelques années, du côté des pharmacies, avec les grands noms comme Jean Coutu ou Pharmaprix, qui dominent aujourd’hui ce secteur », donne en exemple Gaston Rioux. Des représentants de l’Ordre des pharmaciens du Québec ont été invités au Congrès des vétérinaires pour discuter des solutions qu’ils ont trouvées pour s’ajuster à ce phénomène et aider leurs membres à préserver leur autonomie professionnelle.  « Je pense qu’il était important de sensibiliser les médecins vétérinaires à ce phénomène, en offrant des pistes de réflexion et des solutions, réitère M. Rioux. C’est individuel, l’indépendance professionnelle, car chaque vétérinaire a sa part à jouer. Mais les employeurs et l’entourage aussi doivent connaître leurs limites au niveau de l’imposition des choix. Nous, comme ordre, on continue aussi nos démarches pour conscientiser tout le monde. »