Territoire 6 octobre 2023

Le milieu agricole craint de perdre des terres au profit de la filière batterie

Le développement de la filière batterie au Québec, qui a franchi une étape importante, le 28 septembre, avec l’annonce de la construction d’une usine de fabrication de batteries pour véhicule électrique par le géant suédois Northvolt, sur la Rive-Sud, dans la région de Montréal, sème l’inquiétude dans le milieu agricole.

Le projet, évalué à 7 G$, occupera une superficie de 172 ha, soit l’équivalent de 318 terrains de football américain, sur des terrains industriels qui chevauchent les municipalités de Saint-Basile-le-Grand et de McMasterville, en Montérégie. Québec et Ottawa ont annoncé des investissements respectifs de 1,37 G$ et de 1,34 G$ dans ce projet, en plus de mettre en place des incitatifs financiers pouvant atteindre jusqu’à 4,6 G$, dont un tiers doit être payé par le gouvernement du Québec.

En réaction à cette annonce, le président de l’Union des producteurs agricoles, Martin Caron, a réclamé un engagement des gouvernements à « protéger le garde-manger des Québécois » face à la montée de l’intérêt pour le développement de cette filière, qui pourrait attiser la prospection minière et la construction de nouveaux projets d’usines. « Ces projets ne doivent pas affecter négativement la protection intégrale du territoire et des activités agricoles […]. Il est donc impératif d’éviter une atteinte grave et irréversible au patrimoine et à l’autonomie alimentaire du Québec », réclame M. Caron dans un communiqué.

Développement minier

Cette sortie fait également suite au dévoilement récent d’un fascicule produit par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), dans le cadre de sa consultation nationale sur le territoire et les activités agricoles. Dans le second de ces fascicules, intitulé Les activités agricoles, le MAPAQ dit anticiper une augmentation du nombre de demandes à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) dans la prochaine année en lien avec le développement minier et des activités qui y sont reliées.

Bien que la majorité des gisements miniers connus se retrouvent souvent au nord du 49e parallèle, et qu’aucun projet minier ayant atteint l’étape de la mise en valeur n’est identifié au sud du fleuve ou dans les basses terres du Saint-Laurent, le MAPAQ indique néanmoins que « deux projets miniers et une mine active ciblant du graphite se retrouvent au sud du Québec, entre autres dans des milieux où des activités agricoles sont susceptibles d’être réalisées ».

Et si les promoteurs miniers ne peuvent accéder à des terres privées ou publiques sans autorisation, ni y réaliser de travaux, le MAPAQ rapporte que « d’avril 1998 à mars 2022, la CPTAQ a rendu 10 décisions, toutes favorables, concernant des dossiers miniers qui lui ont été présentés, dont 6 concernaient de l’exploration minière, 2 de la restauration de sites orphelins et 2 autres des projets d’exploitation minière en Abitibi-Témiscamingue […]. Les superficies touchées atteignent 1 789 ha », précise-t-on dans le fascicule.