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La nouvelle stratégie de développement éolien annoncée le 30 mai par Hydro-Québec, qui souhaite prendre en main les projets à grande échelle sur le territoire québécois, laisse planer un certain flou sur le sort qui sera réservé aux projets privés de plus petite envergure ciblant souvent le territoire agricole pour s’implanter. Des regroupements souhaitent d’ailleurs une exclusion des zones agricoles dans les futurs appels d’offres que lancera la société d’État pour ce type de projets.
Dans le secteur de Bellechasse, dans Chaudière-Appalaches, des promoteurs privés sillonnent encore, et ce, depuis janvier, les rangs en quête de signatures pour sceller des ententes d’implantation d’éoliennes chez des producteurs agricoles de la région. Ce démarchage a été rapporté dernièrement dans le 1er Rang entre Saint-Gervais et Saint-Lazare. L’endroit compterait « les plus belles terres et champs cultivables de la région », signale Jean Malo, président du syndicat local de Bellechasse à l’Union des producteurs agricoles (UPA).
Pourtant, aucun appel d’offres d’Hydro-Québec n’est ouvert pour cette région, qui n’est même pas ciblée comme une zone à potentiel de développement éolien, spécifie M. Malo. « Ils espèrent avoir l’exclusivité de l’air en attendant qu’Hydro-Québec ouvre un appel de projets. C’est ça que ça fait penser en tout cas », analyse-t-il.
Cet exemple n’en est qu’un parmi d’autres à travers le Québec, où les terres agricoles sont souvent un premier choix pour l’implantation plus rapide et facile d’éoliennes, alors que les promoteurs s’arrachent les signatures pour fidéliser des producteurs « dans un chaos qui prend autant les agriculteurs que les élus et les citoyens au dépourvu », illustre Rachel Fahlman, fondatrice et porte-parole du regroupement Vent d’élus. Ce dernier est composé de 42 élus et ex-élus provenant de 15 municipalités régionales de comté qui se sont mobilisés pour réclamer une meilleure protection du territoire agricole et un processus plus démocratique dans le développement des projets éoliens sur le territoire.
« Actuellement, c’est plus facile en terre agricole; ça va plus vite. Même Hydro-Québec nous l’a souligné au dernier appel d’offres. La raison pour laquelle ils ont ciblé les terres agricoles, c’est pour la rapidité et la proximité des lieux de branchement au réseau », rapporte Mme Fahlman, qui est conseillère municipale à Saint-Zéphirin-de-Courval, dans le Centre-du-Québec.
Est-ce que la nouvelle stratégie d’Hydro-Québec annoncée le 30 mai prendra un virage tenant compte de leurs revendications? L’élue et porte-parole du regroupement a un timide espoir, mais reste prudente. « Il n’y a rien de concret encore. On ne sait pas ce que ça veut dire. Hydro-Québec indique vouloir éviter les terres agricoles et les terres habitées, mais jusqu’à quel point? Il n’y a encore rien pour nous préciser ce que ça veut dire concrètement. » Son regroupement compte bien surveiller de près les prochains appels d’offres Hydro-Québec pour voir si plus de contraintes seront exigées, comme « une clause d’exclusion des terres agricoles, qui pourrait régler le problème », donne-t-elle en exemple.
Ce souhait est partagé par Jean Malo, dans Bellechasse, qui précise que la protection des terres agricoles demeure prioritaire pour l’UPA.
De son côté, Hydro-Québec dit être en lien avec l’UPA et être consciente de ses préoccupations. « La protection du territoire agricole est nommée comme considération dans la stratégie. Nous la garderons en tête, autant au niveau des projets à grande échelle pour lesquels Hydro-Québec sera maître-d’œuvre que pour les projets à petite échelle pour lesquels Hydro-Québec s’assurera en amont que les milieux ciblés seront favorables à l’accueil de projets éoliens », a spécifié Caroline Des Rosiers, porte-parole et conseillère stratégique en communication d’entreprise chez Hydro-Québec.
Cette dernière assure que l’acceptabilité sociale est au cœur de la stratégie de développement éolien de la société d’État.