Syndicalisme 11 janvier 2024

Né pour cultiver !

Patrick Plante (un nom prédestiné s’il en est!) a su très tôt qu’il prendrait le relais de ses parents à la ferme familiale de Saint-Laurent-de-l’île-d’Orléans. À 30 ans, il est en pleine démarche pour devenir propriétaire de ce lieu où il a grandi, qui cache un étonnant vestige de la guerre froide!

« Je savais qu’un jour, c’est ce que je ferais. Après mon secondaire, j’ai fait une formation en acériculture et une autre en mécanique agricole. Comme il manquait un peu de travail à la ferme pour ajouter un salaire à l’année, j’ai travaillé cinq ans dans un garage de mécanique, mais j’étais tanné d’être en dedans! », souligne Patrick en rigolant. 

Son arrivée officielle à la ferme en 2017 s’est traduite par l’ajout de quelques productions, notamment dans le maraîchage et les petits fruits. 

Sous l’impulsion de Patrick, la Ferme Alain Plante, du nom de son paternel, a été rebaptisée la Ferme du Bunker.

Radio-Canada a acheté une partie de la terre dans les années 1960 pour bâtir une antenne. À cause du climat politique de l’époque, ils ont installé un bunker sous le bâtiment qui abrite aujourd’hui notre kiosque, notre cuisine de transformation et les espaces pour la gestion de l’autocueillette.

Patrick Plante

Bientôt, les clients du kiosque à la ferme pourront d’ailleurs effectuer la visite de cet espace souterrain étonnant, et ce, toute l’année.

« Je suis sur le CA de la Chambre de commerce de l’île d’Orléans et on veut développer le tourisme d’hiver. Depuis un an, on est ouverts les fins de semaine d’hiver et ça marche! On a une clientèle de motoneigistes et d’amateurs de kite. C’est vraiment l’fun! » 

Au kiosque, on déniche – frais ou transformés – petits fruits de saison, courges et citrouilles et produits acéricoles, les trois grands axes de production de la famille Plante. L’autocueillette permet d’éviter les écueils de la pénurie de main-d’œuvre. La transformation a comme avantage de valoriser les extras et d’assurer des revenus toute l’année. 

Patrick travaille de connivence avec ses parents, sa sœur et son beau-frère. Sa conjointe lui donne aussi un bon coup de main, notamment en s’occupant de la petite Ariane, qui a à peine 3 mois. « Et ma blonde est vraiment meilleure que moi en informatique! » dit-il en riant.

Ce travail d’équipe lui permet de trouver le temps de s’impliquer au sein des Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ) et à la Relève agricole de la Capitale-Nationale–Côte-Nord. 

« Je me suis embarqué comme observateur à la PPAQ dès ma sortie de l’école et je suis encore là 10 ans plus tard comme administrateur. La Relève, c’est venu après, parce qu’il manquait du monde… On m’a recruté! »

Si elle gruge des cases de son calendrier, cette implication apporte beaucoup à Patrick Plante. « Dans les assemblées de l’UPA et comme dans toutes les autres assemblées, je viens chercher de l’information directe, juste, récente, qui fait avancer mon entreprise. Je suis plus au fait de ce qui s’en vient. C’est important d’être là pour les décisions, pour faire avancer les choses et avoir notre mot à dire, mais s’impliquer permet d’aller chercher beaucoup d’information. C’est une belle place pour échanger, partager nos idées, nos problèmes, nos solutions. J’ai des échanges avec d’autres producteurs qui vont venir tout chambouler pour le mieux! »

Certes, quitter la maison est parfois un peu difficile. « Ça ne me tente pas tout le temps, mais rendu là-bas, je suis content. Je ne regrette jamais! » 

Les changements climatiques et toute l’adaptation nécessaire pour y faire face sont parmi les sujets « chauds ». « Il a plu énormément cet été et j’ai des collègues qui ont essuyé de grosses pertes. Moi, ça ne m’a pas trop touché, mais qui sait pour l’année prochaine? Il faut se battre ensemble pour que l’aide soit là parce qu’on va en perdre, des producteurs », dit-il, avec une pensée pour ceux qui ne « l’ont pas facile ». Et il n’y a pas que l’aide financière, insiste-t-il.

C’est aussi important qu’il y ait du soutien psychologique. Les travailleurs de rang, par exemple, peuvent vraiment faire une différence quand il y a des périodes plus difficiles. 

La réciprocité des normes de production l’interpelle aussi. « Au point de vue de la réglementation, on en demande beaucoup ici, au Québec, à l’ensemble des agriculteurs, mais on voit les aliments d’ailleurs qui ne sont pas produits dans les mêmes normes et qui, forcément, sont moins chers. Le consommateur est bien intentionné, mais il a des bouches à nourrir… » 

Comment convaincre les Québécois d’opter pour l’achat local dans ce contexte? « Ça prend des incitatifs! Mais aussi des règles plus sévères au niveau de l’importation. Si nos producteurs de fraises n’ont plus le droit aux plastiques à usage unique, ils vont devoir charger plus cher. La compétition est inégale. » 

Quoi qu’il en soit, Patrick Plante est né pour être agriculteur et il entend bien le rester… tout comme il entend continuer à s’impliquer. « C’est assez simple : si tu laisses les autres prendre les décisions à ta place, peut-être que ça n’ira pas dans le sens que tu veux! Implique-toi! »


Patrick Plante (Ferme Le Bunker)
Maraîchage diversifié, acériculture, petits fruits, Saint-Laurent-de-l’île-d’Orléans

Implication :
Depuis 2013 : implication aux Productrices et producteurs acéricoles de la Capitale-Nationale (deux ans à titre d’observateur relève et administrateur depuis 2015)

  • Depuis 2015 : implication à la Relève agricole, région de la Capitale-Nationale-Côte Nord
  • Depuis 2021 : administrateur à la Chambre de commerce de l’île d’Orléans