Syndicalisme 29 novembre 2024

Abattoirs de proximité : « Le statu quo est impossible »

Plus de 65 % des animaux élevés dans des fermes de la Capitale-Nationale–Côte-Nord doivent parcourir plus de 100 km pour se rendre à l’abattoir. Une telle situation nuit à la rentabilité des élevages et à leur développement, souligne une étude du Groupa Agéco portant sur l’offre de service d’abattage multiespèces de ce territoire. 

Ces conclusions ont été présentées dans le cadre de l’assemblée générale annuelle de la Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Capitale-Nationale–Côte-Nord, le 22 novembre, à Québec.

Selon le président, Yves Laurencelle, cette situation ne peut plus durer et le statu quo « est impossible », juge-t-il.

Moi, je suis sur la Côte-Nord, et si je veux faire abattre des bouvillons, il faut que je leur fasse faire 7-8 heures de transport. Après, ça me prend une chambre pour les déstresser, et les coûts de transport sont beaucoup trop élevés. Ce n’est pas adapté à la réalité. Ça devrait être des structures d’abattage à 2-3 heures de route maximum.

Yves Laurencelle, président de la Fédération de l’Union des producteurs agricoles de la Capitale-Nationale–Côte-Nord

L’étude montre d’ailleurs que 40 % des éleveurs sondés feraient croître leur cheptel s’ils avaient accès à un service d’abattage de proximité. Elle met également en lumière l’échec de plusieurs petits modèles d’abattoir multiespèce jusqu’ici. Pour cette raison, M. Laurencelle estime que s’il « n’y a pas d’imagination qui sort de la tête des gens du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) dans ce dossier », l’implantation de nouvelles installations d’abattage sera difficile. 

« Il faut que le MAPAQ comprenne qu’il n’est pas aidant. On est la cinquième région qui fait une étude sur le sujet, et c’est le cinquième constat qu’on fait qu’on n’est pas capables d’y arriver parce que l’abattoir n’est pas rentable et que les normes sont trop exigeantes. Ce ne sont pas les producteurs le problème. Nous, le volume, on l’a, mais pour l’instant, ça ne me donne rien de travailler à développer un marché pour quelque chose que je ne serais même pas capable de rentabiliser de mon côté », s’insurge-t-il.

Il prévoit rencontrer, dans les prochaines semaines, les autres fédérations régionales de l’UPA qui ont fait des études sur cet enjeu afin de formuler des propositions concrètes à l’intention du MAPAQ.

Pression pour faire adapter l’aide aux régions périphériques

Une résolution d’urgence a été adoptée par les délégués réunis en assemblée générale annuelle, afin que les programmes d’aide gouvernementaux soient mieux adaptés à la réalité des producteurs situés en régions périphériques. Présentement, le poids de ces régions dans le calcul des coûts de production qui servent de référence pour les versements des différents programmes d’aide n’est pas assez grand par rapport à celui des régions centrales, estime Yves Laurencelle. « Il faut arrêter d’avoir les mêmes coûts de production que le Centre-du-Québec et la Montérégie, car on n’a pas cette réalité-là. Il y a trente ans, on ne le faisait pas, ce débat-là, parce qu’on ne voyait pas une très, très grande différence. Mais là, l’écart se creuse énormément. Ça devient urgent », a-t-il soutenu en entrevue avec La Terre.