Régions 2 mars 2023

Une soixantaine de cerfs saisis dans un élevage en Beauce

Des cerfs de Virginie, 63 au total, ont été saisis par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs du Québec (MELCCFP), le 8 février, dans un élevage commercial de Saint-Hénédine, dans Chaudière-Appalaches. 

Le MELCCFP justifie ce geste par le fait que l’éleveur en question ne possédait pas de permis valide pour la garde en captivité de cette espèce, mais surtout, par les risques de propagation de la maladie débilitante chronique des cervidés, à laquelle les cerfs de Virginie sont particulièrement sensibles. « Depuis 2018, le règlement encadrant l’élevage des cerfs de Virginie a été modifié afin de réduire le risque d’introduction et de propagation de cette maladie [dans la faune], explique Daniel Labonté, relationniste de presse au MELCCFP. Les propriétaires actuels d’élevages de cerfs de Virginie peuvent continuer à opérer en vertu d’une mesure transitoire, mais leur permis n’est pas transférable à une nouvelle entreprise. De plus, aucun nouveau permis pour ce type d’élevage n’est émis. »

Une situation que déplore vigoureusement le propriétaire de La Ferme du Chasseur, Joseph Alfred Boutin, dont les 63 bêtes ont été saisies. M. Boutin, qui a fondé la ferme en 1982, l’avait vendue en 2016. Or, une faillite de son acheteur l’a forcé, à titre de créancier, à reprendre les installations en 2018, peu après le changement de réglementation encadrant les élevages de cerfs de Virginie. « Ce nouveau règlement faisait en sorte que je ne pouvais plus avoir de permis, même si les cerfs n’avaient pas changé de place », regrette-t-il. 

L’éleveur assure avoir redoublé d’effort pour réussir à retrouver son permis, mais ajoute qu’il n’y avait aucune souplesse du côté du ministère dans l’application du nouveau règlement. « J’ai ensuite essayé de vendre les cerfs [plutôt que de devoir les euthanasier], mais je devais préalablement obtenir une autorisation de l’Agence canadienne d’inspection des aliments attestant le statut négatif de chacune des bêtes à la maladie débilitante du cerf », mentionne-t-il.

M. Boutin soutient ne pas avoir eu le temps de terminer ce long processus de tests avant la saisie de ses 63 bêtes. Il estime d’ailleurs que ses droits ont été bafoués, puisque la vente de ses cerfs aurait pu lui rapporter environ 100 000 $.

La présidente de l’Association des producteurs de grands gibiers du Québec, Raymonde Garant, qualifie cette intervention « d’exagérée ». « Les cerfs n’ont pas quitté ses terres. Et la maladie débilitante des cervidés, on vit avec ça depuis 40 ans. Si j’avais subi le même sort, j’aurais considéré ça comme une injustice. Ils [le MELCCFP] auraient au moins pu lui donner un délai pour vendre les cerfs », se désole-t-elle. 

Le MELCCFP rappelle, de son côté, que l’intervention a été organisée pour notamment assurer la préservation du patrimoine naturel du Québec ainsi que la santé et le bien-être animal.