Régions 7 juillet 2023

Incidence méconnue de la fumée des feux de forêt

Les conséquences de la fumée des feux de forêt sur la santé des animaux de ferme qui y sont exposés sur de longues périodes sont méconnues. De l’avis de plusieurs intervenants contactés par La Terre, le sujet n’a jamais été documenté, mais tous conviennent qu’il mérite qu’on s’y attarde rapidement puisque la fréquence et la durée des épisodes de feux de forêt vont s’intensifier dans l’avenir. Sans compter que le déplacement de la fumée dans l’atmosphère touche des zones s’étendant sur des dizaines de milliers de kilomètres carrés. 

Certains éleveurs vivent depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines, dans un environnement enfumé. « Bien sûr que ça nous inquiète parce qu’on ne sait pas vraiment quelles conséquences ça aura à moyen et long terme », indique Laurie Coté-Sarrazin, qui élève 2 000 bovins à la Ferme R. Bordeleau, de Clerval, en Abitibi-Témiscamingue.

C’est sans doute à l’automne qu’on va voir s’il y a des impacts. Mais en attendant, qu’est-ce qu’on peut faire? Où voulez-vous que je mette 2 000 bêtes?

Laurie Côté-Sarrazin

Et le déplacement des bêtes, si elles ne sont pas en danger, n’est pas ­nécessairement la meilleure solution. « Il faut se demander si on ne fait pas courir plus de risques aux bêtes parce qu’en les déplaçant, elles feront davantage d’efforts et pourraient alors inhaler plus de fumée », mentionne le Dr Sébastien Buczinski, professeur et vétérinaire à la clinique ambulatoire de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal à Saint-Hyacinthe. 

Comme les humains 

Le Dr Buczinski rappelle que le système respiratoire des bovins est comparable à celui des humains. Par contre, les cas de maladies respiratoires chroniques sont extrêmement rares chez les bovidés. « Il reste qu’une exposition prolongée à la fumée peut avoir des conséquences pour les animaux comme les humains, tout dépend aussi de la concentration de fumée », souligne le professeur, qui ajoute que l’irritation des voies respiratoires peut affaiblir le système immunitaire et entraîner des infections. 

Jointe alors qu’elle était en tournée dans le secteur de Mont-Laurier, la Dre Marie-Hélène Forget, de la Clinique vétérinaire Saint-Alexis, dans Lanaudière, partage ses observations. « Je viens de quitter un éleveur de chevaux et j’ai bien constaté des problèmes pulmonaires étranges chez certaines bêtes, mais je ne peux pas les associer à l’exposition à la fumée, ­précise-t-elle. Un producteur de bovins me disait aussi avoir constaté de la toux chez certains de ses animaux. »

Confinement

Selon le président de l’Association des médecins vétérinaires praticiens du Québec, le Dr Jean-Yves Perreault, le confinement des animaux est sans doute le meilleur conseil qui puisse être donné aux éleveurs. « Les normes de construction et d’aération font en sorte que la qualité de l’air est meilleure à l’intérieur qu’à l’extérieur de ces bâtiments », dit-il.