Régions 10 novembre 2023

Des aménagements routiers qui bloquent les agriculteurs

SAINT-LIBOIRE – La scène est impressionnante : un gros tracteur John Deere à roues doubles est obligé de reculer, bloquant les voitures derrière, pour passer de l’autre côté d’un terre-plein, en sens inverse du trafic. La raison?  Un terre-plein construit en plein centre du rang Saint-Édouard, à Saint-Liboire, en Montérégie, réduit la largeur des deux voies, dont l’une ne fait plus que 4,9 mètres de largeur, ce qui se révèle insuffisant pour laisser passer le tracteur et son semoir de 6 mètres, lesquels sont de largeur règlementaire.

Bien que les agriculteurs soient passés maîtres dans l’art de contourner différents obstacles avec leur machinerie, cette fois, même en grimpant sur la chaîne de trottoir, le conducteur ne pouvait pas se faufiler, notamment en raison d’un poteau de signalisation positionné sur le terre-plein. Une situation que dénonce la copropriétaire du tracteur et de la Ferme Fatran, Lise Tremblay.

Ça ne passe pas! La seule solution, c’est qu’ils enlèvent leur terre-plein. Sinon, ça nous oblige à faire un détour de 22 km. Il faut que les gens comprennent que de se déplacer, ça fait partie de notre métier, pour nourrir les gens.

Lise Tremblay, copropriétaire de la Ferme Fatran

Celle qui siège au comité de circulation routière de sa municipalité a appris que les terre-pleins centraux, tels que celui construit dans son secteur, devraient apparaître de plus en plus sur les routes d’autres régions du Québec, pour ralentir le trafic, notamment. D’où l’importance, selon elle, que le milieu agricole réagisse.

En ce qui concerne le terre-plein, le maire de Saint-Liboire, Yves Winter, dit que sa municipalité est également contre. Cependant, il s’agit d’une route du ministère des Transports, et M. Winter rapporte que le Ministère a répondu que si les agriculteurs ne peuvent y circuler en raison du terre-plein, ils n’ont qu’à… emprunter d’autres routes! La Terre a demandé au ministère des Transports et de la Mobilité quelle était son obligation quant à l’accès aux routes sous sa juridiction. Mariepier Tremblay, conseillère en communication, s’est limitée à citer le Tome 1 – Conception routière, évoquant que « les largeurs dépendent de la classification de la route et des débits de circulation ».

Les poteaux de pistes cyclables posent aussi problème

David Phaneuf, le fils de Lise Tremblay, ajoute que les poteaux de la piste cyclable situés dans la seule rue lui permettant de traverser le village de Saint-Liboire représentent une autre entrave majeure, car advenant la rencontre d’une simple voiture, l’agriculteur doit se ranger et passer par-dessus lesdits poteaux en les faisant plier. L’un des poteaux a ainsi brisé une composante du compresseur à air de son tracteur. Combinés à l’étroitesse de la rue, il lui est impossible de rencontrer un camion. Le maire Yves Winter, comprend le problème, mais dit que la rue a été élargie au maximum et que les poteaux de la piste cyclable sont nécessaires afin de protéger les citoyens se rendant à l’école.