Politique 26 janvier 2024

Une réglementation du fédéral pourrait avantager les producteurs de maïs

SAINT-HYACINTHE – Le Règlement sur les combustibles propres, dont une première portion est entrée en vigueur en 2022 et l’autre le sera plus tard en 2024, vise à diminuer la quantité de pollution émise par chaque litre de carburant. Voilà qui devrait ouvrir la porte encore davantage aux biocarburants, dont l’éthanol produit avec du maïs, croit Douglas Dias, vice-président des ventes et du développement du marché chez Greenfield Global. 

Ce dernier est venu présenter cette occasion d’affaires pour le milieu agricole lors d’une conférence prononcée à Saint-Hyacinthe devant les membres de l’Association des commerçants de grains du Québec, le 15 janvier.

Si, auparavant, le gouvernement fixait une teneur minimum de contenu renouvelable dans le carburant – par exemple, de 5 % d’éthanol dans l’essence et de 2 % de biodiesel dans le diesel – le nouveau règlement fédéral vise plutôt un résultat, en ciblant une réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur des transports de 15 % sous les niveaux de 2016, et ce, d’ici 2030. 

Pour s’y conformer, les pétrolières ont différentes options, comme de décarboniser les activités de leurs raffineries, d’acheter des unités de conformité, d’utiliser des mélanges de biocarburant, etc.

Les biocarburants sont évalués comme la stratégie la plus importante pour la conformité anticipée en 2030. Et à mesure que les exigences augmenteront pour les pétrolières, elles consommeront plus de biocarburants, et la demande des grains va augmenter pour ces secteurs.

Douglas Dias

L’une des usines de Greenfield Global est située à Varennes depuis 2007. À elle seule, elle utilise entre 17 et 18 % de tout le maïs-grain produit au Québec. La Terre a demandé à M. Dias si une nouvelle usine d’éthanol ou encore l’agrandissement de l’actuelle usine sont envisagés avec la nouvelle réglementation fédérale. Sans vouloir se commettre, il dit que les conditions sont effectivement favorables à un investissement et que son équipe analyse cette possibilité.

Des exigences aussi pour les producteurs

Le gouvernement fédéral désire cependant privilégier une approche globale; par exemple, que le grain servant à produire le biocarburant réponde à des exigences de traçabilité et d’utilisation des terres et de respect de la biodiversité. Le producteur doit remplir et signer une déclaration, mais Douglas Dias assure que les critères « font déjà partie des choses que font les producteurs du Québec » et qu’il n’y aura pas de surcharge pour eux. 

Des perspectives divergentes

La production de biocarburant est une affaire de gros chiffres. Greenfield Global estime qu’au Canada, environ 2,9 milliards de litres d’éthanol sont mélangés dans l’approvisionnement d’essence chaque année. 

Cependant, dans une autre conférence le même jour, l’analyste en marché des grains Jean-Philippe Boucher a souligné que la production d’éthanol stagnait en Amérique du Nord et qu’il n’anticipait pas d’augmentation. « Peut-être qu’elle pourrait baisser à long terme avec les voitures électriques? » questionnait-il. 

Aussi, la dimension éthique refait souvent surface, à savoir s’il s’agit d’une bonne idée de produire du carburant avec de grandes quantités de grains, lesquelles pourraient plutôt nourrir des humains. La Terre a demandé à Douglas Dias si une nouvelle usine pourrait produire de l’éthanol à partir d’autres matières, comme les résidus forestiers. Il a répondu que l’éthanol à base de maïs est un procédé qui fonctionne bien pour l’entreprise, tandis que celle à partir de résidus forestiers est encore au stade de développement.