Jeunesse 29 août 2023

De futurs meneurs de la fraise 

Les frères Faucher voient grand pour une ferme qui est déjà grande : la Fraisière Faucher, à Pont-Rouge, près de Québec. Francis Faucher, 20 ans, vient de terminer des études collégiales en agriculture. Au cours de celles-ci, il a acquis des notions en gestion qui le motivent à optimiser davantage l’organisation du travail à la ferme familiale. « On a 162 employés. Si tu les mets à 18 $ de l’heure chacun et qu’ils sont arrêtés 20 minutes par jour pour rien, tu te rends compte que ça coûte cher », dépeint-il. Pour cette raison, il a travaillé durant ses études sur un concept de cellule de rencontres, où les neuf responsables de l’entreprise sont rencontrés chaque matin pour recevoir une liste écrite des tâches à effectuer par les employés sous leur responsabilité. « Chaque tâche est classée par priorité. Quand l’une est faite, le responsable la coche. À la fin de la journée, tu sais toutes les tâches qui restent à faire par priorité », indique-t-il. 

2 minutes 28 secondes 

Tenir une rencontre formelle de 15 minutes chaque matin avec neuf responsables peut sembler dispendieux, mais Francis le traduit en chiffres. « Quinze minutes avec les neuf responsables, ça équivaut à 2 minutes 28 secondes de mes 128 travailleurs au champ! Ça ne prend pas beaucoup de temps que ta rencontre est vite payée », atteste-t-il.

Ce genre de concept, qui devrait être mis en place pour la saison 2024, a également l’objectif d’améliorer la qualité de vie des propriétaires, puisque les consignes écrites diminueront le nombre d’appels de leurs neuf responsables au cours d’une journée et réduiront le nombre de consignes qui s’entremêlent. « On est quand même déjà efficaces. On se parle le plus possible, mais avec la cellule de rencontres, je crois que l’entreprise va mieux se gérer », dit le jeune agriculteur, dont la ferme cultive 80 hectares (ha) de fraises, 40 ha de maïs sucré, 200 ha de céréales pour la paille et 105 ha en soya. Les rotations des cultures se révèlent vraiment la clé pour obtenir de bons rendements, souligne-t-il, indiquant que l’entreprise poursuit l’optimisation de ses opérations et désire notamment accroître le travail réduit du sol et convertir les pompes d’irrigation à l’électricité.

On va faire l’économie d’un employé quand toutes les pompes seront électriques plutôt qu’actionnées par des tracteurs. Sans oublier les économies de fuel.

Francis Faucher

La ferme livre la majorité de ses fraises, de Montréal jusqu’à Rimouski. La famille Faucher envisage cependant d’accroître ses exportations aux États-Unis, dans la région de Boston tout particulièrement. 

Francis, qui a touché à la transformation alimentaire au cours de sa formation à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec, désirerait un jour diversifier l’entreprise par la transformation de la fraise en confitures, en boissons alcoolisées, etc. Pour l’instant, il se concentre à poursuivre l’œuvre de son grand-père et de son père. « Je vais être honnête : notre force, c’est qu’avec mon père et mes deux frères, on travaille ensemble depuis qu’on est jeunes et on s’entend super bien. On n’a jamais eu de chicane et après le travail l’hiver, on fait du Ski-Doo ensemble. C’est comme ça qu’on veut que ça continue », résume-t-il.