International 1 mars 2024

Les Américains en mode solution pour dénicher de nouveaux marchés

L’économiste en chef du département de l’Agriculture des États-Unis, Seth Meyer, a présenté un tableau qui n’a pas fait la joie des Américains, lors du 100e forum annuel Outlook, le 15 février. Ce tableau montrait des parts de marché à la baisse sur l’échiquier mondial pour leurs exportations de grains. 

Seth Meyer a rappelé que les États-Unis affichaient les plus grandes parts de marché dans les exportations mondiales de maïs, de soya et de blé au début des années 90. Aujourd’hui, le Brésil a emprunté leur philosophie think big pour devenir le numéro un mondial des exportations de soya et de maïs. La Russie et l’Ukraine, notamment, ont contribué à détrôner les Américains dans les exportations de blé. Ces derniers cultivaient 26,3 millions d’hectares de blé en 2008-2009, une superficie qui devrait diminuer à 19 millions d’hectares en 2024-2025, prévoit le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA). Le blé « cheap » de la Russie, tel que qualifié par Seth Meyer, et la concurrence à laquelle font face les ventes de maïs et de soya américains en Chine forcent un changement de stratégie de mise en marché. 

Le USDA ajoute que le secteur du bétail reste dans une phase de contraction du cycle et que dans l’ensemble, les prix ​​des produits agricoles reçus par les agriculteurs par rapport aux prix des intrants payés entraînent un resserrement de leurs marges. Le gouvernement américain soulève ainsi l’importance de se concentrer sur le renforcement des systèmes alimentaires locaux et régionaux et de créer de nouvelles sources de revenus grâce aux marchés des énergies renouvelables et des écosystèmes « afin de construire un avenir plus rentable, plus durable et plus résilient pour les producteurs américains ».

Les parts de marché pour les exportations américaines de grains se sont effritées en 30 ans. Graphiques : USDA

Pas de panique

Malgré des chiffres en baisse dans différents secteurs et un plan de mise en marché différent, les Américains ne paniquent pas, dit Étienne Lafrance, agent d’information sur les marchés pour les Producteurs de grains du Québec, qui a assisté à l’événement, près de Washington. « Un élément qui nous frappe, c’est qu’ils sont en mode solution. Ils investissent dans leur économie et dans leur agriculture. Oui, un marché comme la Chine s’est fermé, mais ils veulent en développer d’autres. »

Les paiements aux agriculteurs sont en chute 

Le USDA a annoncé que les programmes de paiements gouvernementaux destinés aux agriculteurs devraient diminuer de 16 % en 2024, soit 1,9 G$ en moins comparativement à 2023. Il s’agit d’un recul constant et majeur des paiements aux agriculteurs américains ces dernières années, lesquels sont passés de près de 15 G$ en 2022 à 10 G$ en 2024, sans oublier les 45 G$ offerts en 2020 pour aider les agriculteurs pendant la pandémie. 

Pour la prochaine année, malgré la baisse générale, un seul paiement direct devrait être en hausse : celui du programme de conservation. Celui-ci devrait atteindre les 4 G$, soit une augmentation de 12 %, ou de 441 M$. Le gouvernement augmente ainsi le budget pour accroître le nombre d’hectares qui seront retirés de l’agriculture traditionnelle afin d’être principalement laissé en culture fourragère, et ce, afin d’améliorer la qualité de l’eau, de ­l­’environnement, etc. 

Mentionnons que le programme de couverture de la marge laitière prévoit ­verser 264,5 M$ en 2024, soit une baisse de 900 M$ comparativement à 2023. Ce ­programme a offert des paiements de 1,2 G$ en 2023, un record en raison du faible prix du lait.