À la une 8 mars 2023

La musique « dans le prélart » en Suisse

Joël Lepage, producteur à Amqui dans le Bas-Saint-Laurent, se souviendra toujours de l’ambiance électrisante qui régnait dans l’arène lorsqu’il a jugé la race Holstein noir et blanc, à l’événement Swiss Expo, en 2020. « En Europe, c’est vraiment un show. L’ambiance, la sonorisation, l’éclairage, les visiteurs rapprochés du ring; ils mettent vraiment le paquet. Quand la classe finit, la musique part dans le prélart, décrit-il, amusé. Quand les rubans sont donnés [aux vaches], l’annonceur crie dans le micro et la foule se met à crier aussi. C’est vraiment le fun, les expositions, en Europe. » En Amérique du Nord, ces événements sont beaucoup plus sobres, voire ennuyants, à son avis. « On a beaucoup à apprendre d’eux, sur tout le côté spectacle. Quand ils viennent chez nous, dans les gros championnats, [les Européens] nous disent toujours : coudonc, on est tu au salon mortuaire? » ajoute l’éleveur en riant.

Quand ils viennent chez nous, dans les gros championnats, [les Européens] nous disent toujours : coudonc, on est tu au salon mortuaire?

Joël Lepage
La révérence au Japon

Pour Callum McKinven, juger au Japon sort de l’ordinaire, notamment en raison de la culture, qui diffère beaucoup. « Je donnais mes raisons au micro, à un moment donné, et le premier exposant s’est arrêté devant moi et m’a fait la révérence. Alors, je me suis incliné aussi, puis il m’a fait la révérence encore avant de partir. Le deuxième s’est arrêté devant moi et m’a aussi fait la révérence. Ils me faisaient tous la révérence, alors moi, je leur rendais la pareille, se souvient-il en riant. Il a fallu que quelqu’un me dise d’arrêter de faire la révérence, parce que tant que je n’arrêtais pas, eux non plus n’arrêtaient pas. »

Madison et Toronto : la « Coupe Stanley » des juges
L’un des souvenirs marquants de Mélanie Boulet est lorsqu’elle a jugé à La Royale avec son frère Pierre, en 2017. Photo : The Bullvine

Après s’être rendus partout dans le monde, les juges interrogés par La Terre désignent tous la World Dairy Expo, de Madison, au Wisconsin, et La Royale, de Toronto, comme le sommet des expositions. « C’est sûr que c’est un rêve d’y aller », indique Éric Hétu, qui n’a jamais été juge dans l’un de ces événements. Pour lui, y parvenir serait comme de « gagner la Coupe Stanley ». Pierre Boulet, qui a été invité à Madison comme juge, l’automne dernier, et qui s’est rendu à La Royale à quelques reprises, confirme qu’il s’agit de l’honneur ultime. « Ce sont les deux plus prestigieuses. La qualité des animaux est incroyable. C’est tellement le fun et valorisant », exprime-t-il. Le plus beau souvenir de sa sœur, Mélanie Boulet, reste d’ailleurs le moment où elle a jugé à La Royale avec son frère, en 2017. « J’étais très fière. Mes deux parents étaient vivants et ils étaient venus nous voir. Ils étaient très fiers aussi », raconte-t-elle. Callum McKinven, qui a jugé dans plus de 850 expositions, considère encore sa première fois à Madison comme son « highlight ». Il a jugé là-bas 13 fois au total.

Plus satisfaits du jugement que du président en France

Mélanie Boulet se remémore une exposition en France où elle a été juge en 2013 et lors de laquelle était présent le président de l’époque, François Hollande. « Il n’était pas bien vu des producteurs laitiers. Il était venu faire un discours et il s’était fait huer », raconte la juge. Plus tard, Mme Boulet a dit à la foule qu’elle espérait que celle-ci avait apprécié son travail davantage que le passage du président. « Ça s’est levé et ça a applaudi. Je n’avais jamais vu ça. On a été obligés de les faire asseoir. Ils étaient contents du jugement, mais pas du président », se souvient-elle.