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MONTRÉAL – Julien Ghannoum n’est pas peu fier quand il présente les arbres de pawpaw qui s’élèvent dans sa cour du quartier Côte-des-Neiges à Montréal. Féru d’histoire et d’horticulture, il a été, en 2005, l’un des premiers au Québec à cultiver l’asiminier trilobé, de son vrai nom. Le goût de ce fruit à la texture crémeuse est un croisement entre la banane et la mangue. « La première fois que j’y ai goûté, j’ai éclaté de rire. Je n’en revenais pas qu’un fruit comme ça pousse ici! » raconte-t-il.
Encore rare sous nos latitudes, le pawpaw est toutefois en pleine lancée. « La demande en ce moment est incroyable, explique Ken Taylor, propriétaire de la pépinière Green Barn, de L’Île-Perrot. Ça s’est vraiment développé depuis trois ans. Il y a eu trois ou quatre livres sur le sujet, des reportages, etc. »
Ken Taylor a été le premier à commercialiser les plants de pawpaw au Québec, il y a plus de 20 ans. « J’y avais goûté lors d’un voyage en Floride et je me suis dit que ça pourrait peut-être pousser chez nous. J’ai fait des tests durant plusieurs années. Sur 99 plants, 100 n’ont pas passé l’hiver. Puis, il y en a un qui survécu un premier hiver, puis un second, etc. »
Passionné par le pawpaw, l’horticulteur amateur Vincent Renaud, de Farnham, a lancé il y a deux ans le groupe Facebook « Pawpaw (asiminier trilobé) du Québec et autres régions nordiques », qui compte maintenant 3 500 membres. « Des centaines de gens se sont mis à échanger sur le sujet et à en cultiver. Ç’a a vraiment fait une différence », juge celui-ci.
Plusieurs de ces jardiniers ont acheté leurs plants auprès de pépinières ontariennes ou encore auprès des quelques pépinières québécoises qui en produisent, comme le Verger Pépinière Bord-du-Lac, de L’Île-Bizard. « La zone idéale pour le cultiver au Québec est le 5b. En zone 4b, dans les meilleures conditions, c’est possible, mais les arbres seront moins productifs », explique Olivier Ross, qui, depuis 2016, en vend à sa pépinière, en collaboration avec l’horticulteur amateur François Lebel.
Parmi les autres pépinières à en proposer, on compte Arbo-Québécium, à Sherbrooke, Casse-Noisette, à Maskinongé, et tout récemment, Fleurexcel, à Farnham.
La quête du pawpaw nordique
Yvan Perreault, du Jardin des noix, situé à Saint-Ambroise-de-Kildare, se passionne pour le fruit depuis des années. En 2017, il a organisé avec Jean-François Lévêque, des Jardins de l’Écoumène, une virée dans un verger expérimental de l’Université de Cornell dans l’État de New York, où l’on trouve des dizaines de variétés. Lors de la visite, l’un des plants, plus avancé dans la saison, a capté l’attention de M. Lévêque. « Je me suis dit que cette variété aurait plus de chances d’arriver à maturité chez nous, explique le semencier de Saint-Damien, dans Lanaudière, situé en zone 3b. Malheureusement, ceux que j’ai plantés à l’extérieur sont morts à l’hiver. Mes prochains tests seront sous tunnels! » Les plants d’Yvan Perreault, en zone 4a, ont toutefois survécu en pleine terre et non protégés. « Ils ont souffert, mais ils s’en remettent, dit-il, rempli d’espoir. Vendre des plants acclimatés pour les zones plus froides au Québec, j’en rêve! »
Des festins de pawpaws
Les fruits du pawpaw se font encore très rares au Québec et aucun commerce ne les vend à ce jour. Toutefois, par passion et pour populariser le fruit, Yvan Perreault, du Jardin des noix à Saint-Ambroise-de-Kildare, organise une dégustation baptisée Pow wow de pawpaw chaque automne depuis de nombreuses années, un événement où les convives se régalent de fruits qu’il rapporte des États-Unis. Le Verger Pépinière Bord-du-Lac organise aussi une dégustation chaque mois d’octobre.
Quelques conseils pour la culture
Selon l’endroit où il croît, le plant de pawpaw peut faire de six pieds à quelques mètres. « Il peut pousser dans une ombre légère ou en plein soleil », explique Vincent Renaud. Il a besoin d’un sol riche en matière organique (au moins 50 %) et bien drainé. Il doit absolument être protégé du vent. Les fruits se récoltent entre le début octobre et le début novembre. Le plant est très résistant aux maladies et aux ravageurs. Autre particularité : les fleurs sentent la chair putréfiée. « Mais il faut avoir le nez collé dessus et encore, c’est très faible », nuance M. Renaud.