Faits divers 31 décembre 2023

Après avoir été conducteur de tracteur à 11 ans, il exploite maintenant une érablière de 50 000 entailles

Le petit Mathias Hébert, 11 ans, a fait tourner la tête des passants en novembre 2016 alors qu’il conduisait un tracteur de 140 chevaux pour transborder le maïs dans un champ situé près de Saint-Hyacinthe. Sa photo avait d’ailleurs fait la une de La Terre. Son employeur de l’époque, Mario Tanguay, de la Ferme G. Tanguay & Fils, avait souligné le calme du jeune homme et ses habiletés à conduire un tracteur, puis l’estimait voué à un bel avenir en agriculture. Eh bien, M. Tanguay avait vu juste, car, aujourd’hui âgé de 18 ans, Mathias Hébert conduit non seulement des tracteurs pour différentes fermes, mais il termine une formation en production acéricole et exploite avec ses parents une érablière de 50 000 entailles nouvellement acquise à Sainte-Anne-de-la-Rochelle, en Estrie. 

« Mon père a acheté 16 000 entailles en 2019 et en 2023, il a acheté le voisin. C’est établi que je vais en être une relève. Je suis content, car j’ai toujours eu une passion pour l’érable. Mon papi a 14 000 entailles et j’étais toujours rendu là. J’aime travailler dehors. Et dans une érablière, ce que j’aime aussi, c’est que ce n’est pas répétitif. Oui, quand tu entailles, c’est la même affaire, mais dans le temps des sucres, c’est varié. Tu vas faire tes fuites, tu vas voir une station de pompage, etc. », exprime Mathias Hébert, qui était justement en train d’entailler lors de l’entrevue avec La Terre, le 20 décembre. 

Le déneigement commercial et résidentiel fait maintenant partie des compétences du jeune Mathias Hébert. Il dit avoir essayé différents tracteurs, sans avoir une marque de tatouée sur le cœur. « Il y a des marques qui ont un temps de réaction plus rapide, d’autres une cabine plus confortable, ou une transmission plus simple. Tu apprends à connaître chaque tracteur », analyse-t-il. Photo : Gracieuseté de Mathias Hébert

Un travailleur acharné 

Mathias Hébert s’est forgé une réputation de travaillant dans sa région, car au-delà de ses hivers à l’érablière, il effectue depuis sept ans la traite des vaches une fin de semaine sur deux chez un producteur laitier du coin. Il revient toujours aussi à ses premières amours, c’est-à-dire au volant des tracteurs de la Ferme G. Tanguay & Fils. Que ce soit la préparation du sol pour les semis ou l’application de l’azote, les responsabilités ne manquent pas.

 Un applicateur 16 rangs, c’est large, et tu as beaucoup de choses à gérer en même temps, comme ton taux d’application. Pour moi, c’est une fierté de runner cette machine-là.

Mathias Hébert

Travailler en équipe au débardage du grain lors des récoltes représente cependant son moment préféré de la saison en grandes cultures. « Moi, il faut que ça bouge. Et avec le grain cart, j’aime courir après la batteuse, et se timer avec l’autre grain cart et les camions. C’est le fun! »

Une fois les premiers flocons tombés, il joint, depuis ses 16 ans, l’équipe de déneigement des Tanguay. Tant en résidentiel qu’en commercial, cela se passe sans anicroche… ou presque! « Oui, je me suis pris quelques fois sur un tas de neige. Quand tu pousses trop loin et que tu as oublié de lever la gratte arrière… Mais ça arrive à tout le monde, même au boss. La seule affaire, c’est qu’il y a une règle : tu payes le déjeuner à celui qui vient te déprendre », révèle-t-il.

L’un de ses employeurs, Julien Tanguay, lui voue une grande considération. « Il a gagné beaucoup en maturité. Il fait plus que des travaux en tracteur; on lui confie de l’entretien de bâtiment et de l’entretien de machinerie. C’est vraiment quelqu’un qui veut beaucoup », commente le producteur. Et comment se situe-t-il comparativement aux autres opérateurs? « Il est au-dessus de la moyenne, car justement, tu as des conducteurs de tracteurs et tu as des opérateurs, qui prennent soin d’optimiser leur machine, en débarquant à l’occasion pour voir le résultat. Mathias a cette conscience-là. C’est comme ça qu’il a évolué à travers le temps. Ici, on l’apprécie grandement. On lui donne notre confiance. Nous ne sommes pas les seuls. Quand il n’est pas chez nous, ce n’est pas long que je le surprends à conduire les machines des autres producteurs autour! » raconte Julien Tanguay, ajoutant du même souffle trouver « qu’il travaille beaucoup pour son âge ».

La Terre a demandé au principal intéressé s’il avait l’intention de conserver cette cadence encore longtemps. « C’est certain que j’aimerais ça avoir de la relève, avoir [des enfants] qui travaillent autant que moi! Présentement, on ne peut pas se prendre des fins de semaine off, car on grossit l’érablière rapidement. Mais un jour, je vais ralentir », prévoit-il. 

Ce sera à suivre!

Suivi de l'édition du 23 novembre 2016