Environnement 8 novembre 2023

Pesticides périmés à la ferme : une nouvelle réglementation peu contraignante

Depuis juillet dernier, il est interdit de conserver à la ferme des pesticides périmés, une nouvelle réglementation qui vient officialiser une habitude déjà bien ancrée chez les producteurs maraîchers. 

« Ça fait déjà une trentaine d’années qu’on fait la collecte des pesticides périmés au Québec, avec un taux de participation quand même assez élevé. Je dirais que c’est un de nos programmes les plus populaires. La nouvelle réglementation vient en quelque sorte assurer la pérennité du programme parce que ça devient maintenant une obligation », explique Christine Lajeunesse, directrice générale d’AgriRÉCUP, l’organisme mandaté par l’industrie de protection des cultures pour mener cette opération qui était volontaire jusqu’ici. 

AgriRÉCUP mène cette collecte tous les trois ans dans l’ensemble des régions du Québec. Cette année, 32 localités avaient été ciblées entre le 18 septembre et le 6 octobre. L’événement était préalablement publicisé dans les médias régionaux et un camion spécialisé dans la cueillette des produits dangereux s’installait pour la journée chez un détaillant de produits agricoles pour y accueillir les producteurs. 

Les spécialistes sur place s’assurent que les produits sont bien préparés. En 2020, nous avions récupéré 63,5 tonnes de pesticides périmés. Les produits sont ensuite brûlés sous haute température chez des ­incinérateurs qui satisfont à toutes les normes du ­gouvernement. 

Christine Lajeunesse

Aux producteurs qui en font la demande, AgriRÉCUP émet une lettre de confirmation indiquant qu’ils ont bel et bien disposé de leurs pesticides périmés. « C’est surtout demandé par les producteurs maraîchers qui font partie de CanadaGAP parce que c’est une exigence pour faire partie du programme. Elle peut aussi être demandée lors de la visite d’un inspecteur de l’ARLA [Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire]. »

Aux producteurs qui en font la demande, AgriRÉCUP émet une lettre de confirmation indiquant qu’ils ont bel et bien disposé de leurs pesticides périmés. Photo : Gracieuseté d’AgriRÉCUP

« Pas tant de changement »

Conseillère en agronomie à l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ), Soumia El Mahdaoui souligne que la nouvelle réglementation n’entraînera pas tant de changement chez les producteurs.

Ces pesticides périmés n’étaient évidemment plus utilisés, mais certains producteurs les conservaient quand même. Là, il y a maintenant une obligation de s’en départir.

Soumia El Mahdaoui, conseillère en agronomie, APMQ

La gestion des pesticides, poursuit-elle, demeure toujours une question d’équilibre entre combler ses besoins et en avoir en trop grande quantité au risque qu’ils atteignent leur date de péremption. « Cette année, par exemple, avec la pluie qu’on a eue, les producteurs maraîchers ont eu besoin de beaucoup de fongicide contre le mildiou. En fin de saison, il y a eu une pénurie, mais il existe une solidarité entre les producteurs et à la fin, tout le monde a pu avoir les fongicides nécessaires », note Soumia El Mahdaoui. C’est d’ailleurs pour cette ­raison que la collecte ne se tient qu’aux trois ans. « Quand les producteurs achètent un pesticide, ils essaient de l’utiliser au complet en autant que possible. Au final, il n’y a pas tant une grosse accumulation de produits périmés au bout d’une saison », conclut la directrice générale d’AgriRÉCUP.