Élevage 29 août 2014

L’élevage industriel est incontournable

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L’élevage industriel des animaux de ferme est là pour rester, ne serait-ce qu’en raison de sa dimension écologique.

Et le rêve d’étendre à la planète une alimentation sans viande n’est pas réaliste. C’est ce que soutient Jean-Pierre Vaillancourt, professeur à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, dans l’édition du 14 janvier du Journal Forum.

« Il n’y a pas d’intérêt écologique à cesser l’élevage industriel des animaux de ferme », affirme ce médecin vétérinaire en appuyant ses propos d’un exemple éloquent.

Dans l’élevage de poulets, il faudrait 140 kilomètres de terrain pour construire les bâtiments requis pour loger les 165 millions de têtes produites au Québec si on leur procure 20 % plus d’espace, dit-il. Si on les laissait vivre huit jours de plus, il faudrait cultiver 31 kilomètres carrés de plus pour produire les quelque 15 millions de kg de grains pour les nourrir. Et le transport de ces grains nécessiterait 38 000 litres d’essence, sans oublier l’émission de 378 000 kg d’azote due aux déjections animales.

Sans viande?

Une alimentation équilibrée exclue de viande est certes possible dans nos sociétés d’abondance, admet ce spécialiste de l’élevage de la volaille. Mais l’obligation de doubler la production de protéines d’ici 2050, vu la croissance démographique mondiale envisagée, écarte le scénario basé sur un régime alimentaire sans viande à l’échelle planétaire.

« Il n’existe pas de modèle nous permettant de répondre aux besoins de la population en protéines si nous cessons la production de viande parce que la protéine animale est de meilleure qualité que la protéine végétale. Des pays comme la Chine et l’Inde sont incapables de satisfaire leurs besoins grandissants. »

Ce directeur du Groupe de recherche en épidémiologie des zoonoses et santé publique explique que la demande alimentaire actuelle est comblée grâce à l’élevage industriel et à l’amélioration de l’alimentation animale. Il souligne ainsi qu’une vache produit cinq fois plus de lait qu’en 1920 avec la moitié moins de nourriture.

Par ailleurs, le vétérinaire considère qu’il n’y aurait pas de gain énergétique à consommer les céréales données au bétail au lieu du bétail lui-même. « Il n’y a que 25 % de la nourriture donnée aux bovins qui pourrait convenir à l’humain », estime M. Vaillancourt. Et grâce à cette viande, nous bénéficions de 1,5 à trois fois plus de protéines qu’en consommant les céréales prodiguées aux bovins.

Droit des animaux?

M. Vaillancourt prend aussi ses distances par rapport au discours « animaliste » véhiculé dans des documentaires comme « La face cachée de la viande ».

S’il remercie les défenseurs des animaux de dénoncer les pratiques inacceptables, ce médecin vétérinaire refuse d’accorder aux animaux les mêmes droits qu’aux êtres humains.

Bref, « il importe d’accepter que l’espèce humaine fait partie de l’écologie planétaire et cesser de nous culpabiliser de notre nature carnivore », conclut-il.