Élevage 24 février 2022

Initiatives pour pallier la pénurie de vétérinaires

La pénurie de vétérinaires spécialisés en grands animaux a des répercussions dans les fermes d’élevage depuis plusieurs années. De nombreuses initiatives ont toutefois été mises en place afin de remédier à la situation. Voici où elles en sont.


Les premiers stagiaires sur le marché du travail

Depuis trois ans, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) offre des stages d’été rémunérés dans les fermes aux étudiants en médecine vétérinaire. « La première cohorte qui a eu ses stages arrivera sur le marché du travail dès le mois de mai et on voit déjà une différence », annonce le président de l’Association des médecins vétérinaires praticiens du Québec, le Dr Jean-Yves Perreault. D’ailleurs, l’étudiant que sa clinique de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, dans le Centre-du-Québec, a accueilli durant trois étés consécutifs, Nicholas Audet, intégrera officiellement l’équipe de vétérinaires consacrée aux grands animaux à la fin de ses études au mois de mai. 

L’étudiant Nicholas Audet a eu un coup de cœur pour la pratique bovine durant ses stages d’été. Photo : Gracieuseté de Nicholas Audet
L’étudiant Nicholas Audet a eu un coup de cœur pour la pratique bovine durant ses stages d’été. Photo : Gracieuseté de Nicholas Audet

Les vétérinaires invités à évaluer leur profession

Un sondage maison de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec paru en 2021 révélait que 56 % des 1 400 répondants songeaient à quitter la profession ou à se réorienter. Le président de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ), le Dr Gaston Rioux, dit avoir mandaté un chercheur de l’Université du Québec à Montréal afin de concevoir un sondage plus approfondi pour vérifier cette statistique alarmante. Il obtiendra ainsi des données probantes sur lesquelles il pourra se baser pour évaluer la situation et agir en conséquence. Les vétérinaires recevront un questionnaire à cet effet au début du mois de mars. 


Embûches au projet de Faculté de médecine vétérinaire à Rimouski

Bien que le programme satellite de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal à Rimouski ait été annoncé il y a plus d’un an, le ministère de l’Agriculture n’y a toujours pas donné son aval. « On attend avec impatience une réponse positive du MAPAQ, autant pour mettre en branle la construction des infrastructures, que pour embaucher le personnel supplémentaire. Je considère ça comme une urgence », indique le Dr Gaston Rioux, président de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec. Le cabinet du ministre de l’Agriculture André Lamontagne constate qu’il y a effectivement des embûches au projet. Sans en préciser la nature, il assure toutefois que le projet est important pour le gouvernement et qu’il « avance concrètement ». 


Collaboration interclinique

Pour éviter les bris de service aux producteurs en région, les cliniques du centre de la province envoient sporadiquement des vétérinaires prêter main-forte à leurs collègues depuis quelques années. « Ça fonctionne très bien », soutient le Dr Jean-Yves Perreault, président de l’Association des médecins vétérinaires praticiens du Québec. 


Projet d’intégration des vétérinaires étrangers

L’Ordre des médecins vétérinaires du Québec déposera au printemps un projet de modification réglementaire à l’Office des professions pour faciliter l’intégration de vétérinaires étrangers sur le territoire québécois. Concrètement, un vétérinaire qui a 15 ans d’expérience dans l’inspection des viandes en abattoir en France pourrait obtenir un permis d’exercice limité à l’inspection des abattoirs au Québec. Dans ce cas de figure, ce dernier n’aurait pas à repasser tous les examens d’équivalence des compétences (pour les petits et grands animaux, par exemple), comme c’est présentement le cas, et pourrait passer un examen spécifique à ce créneau. L’Ordre travaille également à la reconnaissance des acquis entre le Québec, la France, la Belgique et la Suisse. 


Étudiants spécialisés en grands animaux dès 2025

Depuis deux ans, 15 étudiants par cohorte débutent leurs études à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal avec une spécialisation en grands animaux. Au total, 30 étudiants en première et deuxième année se destinent aujourd’hui à cette pratique. Ils arriveront sur le marché du travail dès 2025. 


Plus d’actes délégués aux techniciens en santé animale

Devant l’urgence d’alléger la charge de travail des vétérinaires, l’Ordre des médecins vétérinaires déposera un projet de modification réglementaire à l’Office des professions du Québec à la fin février afin de leur permettre de déléguer davantage d’actes aux techniciens en santé animale. « On a le soutien du MAPAQ pour que les choses aillent le plus vite possible, parce que c’est une urgence », indique le Dr Gaston Rioux, président de l’OMVQ.