Élevage 14 avril 2022

Abattoir de Saint-Luc-de-Vincennes : l’absence d’un vétérinaire inquiète

La construction de l’abattoir de volailles de Saint-Luc-de-Vincennes, en Mauricie, est pratiquement terminée. Le manque de vétérinaires pourrait toutefois retarder le début de ses activités.

L’aménagement de l’abattoir de volailles de Saint-Luc-de-Vincennes, en Mauricie, va bon train. D’ici quelques semaines, la chaîne de production devrait être complètement installée et prête à fonctionner. « La structure est pratiquement terminée de construire. Il nous manque une pièce sur la chaîne de montage qui devrait arriver à la fin avril », explique Sylvain Dupont, directeur général de la Coopérative de solidarité Abattoir Massicotte. Celui-ci est persuadé que lorsque l’usine sera pleinement opérationnelle, la Coopérative recevra rapidement son permis d’exploitation du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).

D’ici quelques semaines, la chaîne de production de l’Abattoir de Saint-Luc-de-Vincennes devrait être complètement installée et prête à fonctionner.
D’ici quelques semaines, la chaîne de production de l’Abattoir de Saint-Luc-de-Vincennes devrait être complètement installée et prête à fonctionner.

L’obtention du permis ne représente toutefois pas le principal souci de la coopérative, qui est davantage préoccupée par le manque de vétérinaires. Sans eux, aucun abattage ne peut se faire au Québec. « Moi, je demande d’abattre les lundis et mercredis pour deux à trois mille poulets par semaine, explique le directeur général de la coopérative. Pour ça, ça me prend un vétérinaire ces journées-là. C’est lui qui valide que les poulets sont en forme, en santé, et tout ça, puis qui dit qu’on peut les abattre. Mais là, le MAPAQ dit qu’il n’en a pas, de vétérinaires. »

Pas de vétérinaire, pas d’abattage

Les vétérinaires du MAPAQ assurent l’inspection de 26 sites d’abattage en ce moment au Québec. Cinq postes du genre sont vacants au ministère. « La pénurie des médecins vétérinaires au Québec n’est pas exclusive au secteur bioalimentaire », signale Yohan Dallaire Boily, relationniste au MAPAQ. « [Cette situation] est susceptible d’affecter la prestation que le MAPAQ doit offrir aux exploitants d’abattoir sous inspection permanente », mentionne le porte-parole, qui ajoute que le ministère est à la recherche constante de solutions en collaboration avec les différents intervenants impliqués. Parmi eux, on trouve l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ), qui considère l’accès à un vétérinaire comme une priorité. « La problématique s’est globalisée dans la plupart des régions du Québec », souligne Patricia Noël, de l’OMVQ. Des gestes sont posés, assure-t-elle, pour faciliter l’accès aux professionnels des soins animaliers. L’ordre professionnel souhaite, par exemple, permettre aux techniciens en santé animale de pratiquer certains actes actuellement réservés aux vétérinaires. Il veut aussi que les diplômés en médecine vétérinaire provenant de l’extérieur du Québec aient un accès plus facile à la profession.

Rupture de service en vue

Le manque de vétérinaires risque de causer d’autant plus de maux de tête aux producteurs de volailles de la Mauricie qu’on manque de solutions de rechange pour l’abattage. La Ferme des Voltigeurs, de Drummondville, abat leurs oiseaux pour le moment, mais seulement jusqu’à Pâques. Après, ce ne sera plus possible. Les poulets élevés par les producteurs de la région (de 4 à 5 kilos vivants) sont trop gros pour les nouvelles installations de l’abattoir des Voltigeurs qui entreront en activité le 19 avril. « De 90 à 95 % de notre abattage est dans le poulet de 2 kilos et demi. On n’est pas pour investir dans de la machinerie qui va abattre du poulet de 5 kilos; ça n’aurait pas de bon sens », explique Dominique Martel, président-directeur général de la Ferme des Voltigeurs.

Un vide dans l’abattage de volailles pourrait être observé pour les producteurs de la Mauricie entre la mise en activité des installations de la Coopérative de Saint-Luc-de-Vincennes et la fin des réceptions d’oiseaux par l’abattoir des Voltigeurs. Cette possibilité inquiète Sylvain Dupont, le directeur général de la coopérative. « Si on se fie à ce qui se passe dans d’autres élevages, y en a qui vont abattre [les oiseaux] dans des fonds de grange », craint-il. Cette possibilité n’inquiète cependant pas trop Stéphane Gagnon, président de la coopérative et producteur de poulets à Saint-Maurice. « Nous, on pense que le MAPAQ va trouver quelqu’un pour nous à un moment donné, c’est sûr », dit M. Gagnon, qui admet du même souffle qu’il se serait toutefois bien passé de cette période d’incertitude.

Claude Fortin, collaboration spéciale