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Le rythme de croissance de la valeur des terres agricoles au Québec s’est encore accéléré en 2022, avec 11 % d’augmentation. En 2021, la hausse avait été de l’ordre de 10 % sur un an. Ces données, compilées dans le plus récent rapport de Financement agricole Canada (FAC) et dévoilées le 13 mars, surprennent l’économiste en chef de l’organisation, Jean-Philippe Gervais, qui avait plutôt anticipé un ralentissement de la progression, à pareille date l’an dernier, en raison de la hausse des taux d’intérêt annoncée, qui aurait pu freiner la capacité d’achat des producteurs.
« On commence à peine à voir certains signes de la hausse des taux d’intérêt […] On voit qu’on commence à avoir un certain ralentissement du rythme d’augmentation dans les six derniers mois », précise-t-il cependant, soulignant qu’en juin 2022, le taux de croissance annuel de la valeur des terres était de l’ordre de 13 % et qu’il a ralenti à 11 % au 31 décembre.
Bien qu’il soit difficile, remarque-t-il, d’établir des tendances générales, puisque le marché est de plus en plus localisé et que les particularités d’une région à l’autre sont de plus en plus marquées, M. Gervais observe une rareté des terres agricoles, ce qui, en raison de la concurrence que le phénomène engendre, peut exercer une pression à la hausse sur les prix. Il avance également que les revenus bruts des producteurs, par exemple en grandes cultures, ont peut-être été assez élevés pour éviter un ralentissement de la capacité d’achat et, ultimement, de la demande.
« En grandes cultures au Québec en 2022, on a eu 17 % d’augmentation des revenus bruts. Il y a eu aussi une hausse du prix des intrants et une hausse des taux d’intérêt, c’est sûr, mais somme toute […], les revenus ont été assez intéressants [pour ne pas ralentir la demande] », note l’économiste.
Dans l’ensemble du Canada, la valeur moyenne des terres a grimpé de 12,8 % en 2022, soit la plus forte augmentation enregistrée depuis 2014. Le rapport de FAC fait état de la demande qui, comme au Québec, « demeure vigoureuse » à l’échelle nationale par rapport à l’offre réduite.
Ralentissement anticipé
Dans ses prédictions pour 2023, M. Gervais s’avance encore sur un ralentissement potentiel du rythme de croissance de la valeur des terres au Québec, mais reste prudent. « La grosse variable inconnue pour moi, c’est l’effet de l’offre. Tant que les propriétaires ne décident pas de mettre leurs terres en vente, on va rester dans une situation où on va observer des augmentations assez impressionnantes, malgré la hausse du prix des intrants et des taux d’intérêt », croit-il, exprimant également que les perspectives de revenus bruts en agriculture demeurent « positives ».
Comparaison difficile entre les régions
Pour l’économiste en chef de Financement agricole Canada, Jean-Philippe Gervais, il est difficile de comparer les réalités du marché des terres d’une région à l’autre, surtout sur une période courte d’un an. Il s’est toutefois avancé sur quelques hypothèses générales pour expliquer des disparités de taux de croissance des prix d’un endroit à l’autre au Québec. Selon lui, il est normal que des régions comme le Bas-Saint-Laurent–Gaspésie, par exemple, affichent une progression élevée de l’ordre de 18,3 %, parce que la valeur à l’acre en dollars y est plus basse qu’en Montérégie, où les prix sont déjà élevés, mais où la croissance en pourcentage est plus stable, à 4,6 %. « Dans certains cas, aussi, il y a peut-être un rattrapage. […] Par exemple, si je suis en Montérégie, où l’on pousse de plus en plus à la hausse la fourchette de prix, peut-être qu’il est plus intéressant pour moi de prendre de l’expansion dans une région voisine, comme le Centre-du-Québec. » La croissance moyenne dans cette région a été de l’ordre 14,1 % en 2022.