Actualités 25 novembre 2019

« L’un des plus grands gaspillages alimentaires que le Québec aura à vivre » – Christian Overbeek

MONTRÉAL— Près de 250 producteurs se sont rendus au bureau de Justin Trudeau, ce matin à Montréal, afin de dénoncer la mauvaise gestion du gouvernement fédéral et du Canadien National (CN) en lien avec cette crise du propane qui menace la rentabilité de plusieurs fermes québécoises.

Les agriculteurs sur place ont répandu du maïs dans l’entrée de l’édifice, un geste dont la symbolique est à prendre au sérieux, avertit Christian Overbeek, président des Producteurs de grains du Québec (PGQ). « La mauvaise planification sur l’approvisionnement en propane pourrait occasionner l’un des plus grands gaspillages alimentaires que le Québec aura à vivre », affirme M. Overbeek. Ce dernier fait référence à toutes ces tonnes de maïs qui deviendront inutilisables si les producteurs ne peuvent le sécher. Une situation particulièrement exaspérante en raison de l’inaction du gouvernement et du fait que des mesures auraient facilement pu être entreprises avant la grève pour assurer un approvisionnement régulier du propane, s’insurge M. Overbeek.

Les manifestants exigent le retour des livraisons de propane.
Les manifestants exigent le retour des livraisons de propane.

1 million de volailles pourraient périr

Le producteur d’œufs Gislain Houle mentionne que les poulettes et les poussins ont particulièrement besoin de chaleur. Sachant qu’il ne reste que quelques jours de réserve en propane, l’interruption du chauffage ferait périr un million de volailles, et ce, sans compter les élevages de dindes, de poulets à griller, de porcs, de lapins, etc.

Christian Overbeek dit que le maïs laissé à l’entrée du bureau du premier ministre Trudeau est un échantillon de ce qui pourrait être l’un des plus grands gaspillages alimentaires du Québec.
Christian Overbeek dit que le maïs laissé à l’entrée du bureau du premier ministre Trudeau est un échantillon de ce qui pourrait être l’un des plus grands gaspillages alimentaires du Québec.

La détresse s’installe

La crise du propane crée de la détresse chez les agriculteurs, constate pour sa part Marcel Groleau, président de l’Union des producteurs agricoles (UPA). « Je sais que ça fait mal au cœur, que vous ressentez un malaise personnel dans vos tripes face à ce qui se passe actuellement », a dit M. Groleau aux manifestants, ajoutant que le gouvernement et les dirigeants du CN n’ont pas pris leurs responsabilités relativement à la présente situation. Il leur demande d’agir pour permettre les livraisons de propane.

Marcel Groleau a dit que les agriculteurs sont utilisés dans ce conflit du Canadien National et que le gouvernement Trudeau devrait prendre ses responsabilités.
Marcel Groleau a dit que les agriculteurs sont utilisés dans ce conflit du Canadien National et que le gouvernement Trudeau devrait prendre ses responsabilités.

Les agriculteurs utilisés par le CN

Le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, croit que les agriculteurs sont utilisés et instrumentalisés dans ce conflit du Canadien National (CN). « Cette grève était prévue depuis plusieurs semaines et le CN n’a pris aucune disposition pour prévenir la rareté de propane. Les dirigeants n’ont donné aucun avis à personne conseillant de stocker du gaz. Conséquemment, deux jours après le débrayage, on était déjà à court de propane. Est-ce qu’on a été utilisés pour mettre de la pression? Pour que le gouvernement demande une loi spéciale? Ça sent ça », estime M. Groleau. Ce dernier n’avait pas de bons mots envers Justin Trudeau et son gouvernement. « Il savait que la grève s’en venait. Personne n’a pris la responsabilité alors que le gouvernement aurait dû se soucier de la situation des producteurs, sachant cette situation venir. C’est inacceptable », a-t-il déclaré.

Aucun représentant du gouvernement Trudeau n’est venu s’expliquer. La ministre fédérale de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, indique fièrement par communiqué de presse être en Saskatchewan pour participer à une cérémonie au Canadian Western Agribition.

Martin Ménard, journaliste