Alimentation 27 mai 2023

McCain veut « verdir » ses frites

Confronté à des épisodes climatiques extrêmes plus fréquents et à une stagnation de ses rendements, le géant McCain se tourne vers l’agriculture régénératrice pour sécuriser sa production. Le champion canadien de la frite s’est fixé des objectifs ambitieux en matière de santé des sols, de biodiversité et de réduction des gaz à effet de serre.

De façon concrète, McCain incite ses 3 500 producteurs partenaires à adopter certaines pratiques comme l’introduction d’engrais verts, de cultures de couverture et l’optimisation de l’irrigation.

« On constate qu’en règle générale, nos rendements plafonnent un peu partout dans le monde, sauf dans les pays en voie de développement. En revanche, nos coûts de production augmentent », a exposé Yves Leclerc, directeur mondial de la division Agriculture durable chez McCain, dans le cadre de la Journée Innovation, tenue en janvier dernier à Drummondville. 

Ce dernier a expliqué par ailleurs que les changements climatiques mettent à mal la culture de pommes de terre dans de nombreuses régions et que cette tendance est préoccupante. La meilleure approche pour contrer, ou du moins atténuer, les effets des changements climatiques sur la production est d’améliorer la santé des sols et ainsi mieux réguler l’eau, soutient-il. 

Plusieurs objectifs pour 2030

À l’instar d’autres géants comme Cargill, General Mills ou Nestlé qui misent sur l’agriculture régénératrice, McCain a lancé en 2019 une « Stratégie mondiale de développement durable ». Celle-ci a notamment pour cible d’instaurer d’ici 2030 des pratiques liées à l’agriculture régénératrice dans la totalité de ses cultures de pommes de terre et de réduire de 25 % ses émissions de CO2 pour la production, l’entreposage et le transport des récoltes. McCain projette aussi de s’affranchir du charbon et d’utiliser uniquement des énergies renouvelables pour alimenter ses 51 usines au courant de la présente décennie. 

De façon concrète, McCain incite ses 3 500 producteurs partenaires à adopter certaines pratiques comme l’introduction d’engrais verts, de cultures de couverture et l’optimisation de l’irrigation. L’entreprise souhaite ultimement le retour de la biodiversité dans les sols. « On veut aussi que les producteurs commencent à prendre des échantillons de sol, pas uniquement pour recueillir des données sur la chimie, mais pour comprendre la biologie du sol », ajoute Yves Leclerc. (…) Après 100 ans de culture de pommes de terre, on a surtout augmenté les pathogènes de nos sols. En misant sur l’agriculture régénératrice, on va solliciter d’autres fonctions du sol pour les contrebalancer. » 

Le programme de McCain auprès des producteurs inclut des formations et de l’accompagnement, mais aussi des incitatifs pécuniaires. La multinationale a conclu des ententes avec des banques pour obtenir des prêts à taux préférentiel. De plus, elle octroie dans certains pays une prime par tonne par 100 livres pour les producteurs qui s’engagent dans son programme. 

Des fermes modèles

Yves Leclerc souligne que, dans le cadre de sa stratégie, McCain veut prêcher par l’exemple avec la mise sur pied de trois fermes « du futur », dont l’une d’elles se situe à Florenceville, au Nouveau-Brunswick. Le site accueille depuis deux ans plusieurs essais, notamment sur le contrôle de trafic par GPS, l’introduction de plantes pérennes sur buttage d’automne et le retour de ­bestiaux au champ. « C’est important pour nous de comprendre le processus d’agriculture régénératrice pour l’appliquer. On veut utiliser ces fermes pour tester de nouvelles pratiques et éduquer la prochaine ­génération d’employés. »