Agricultrices 20 octobre 2023

Une nouvelle présidente pour les Agricultrices du Québec

TROIS-RIVIÈRES – Les Agricultrices du Québec ont élu une nouvelle présidente à l’occasion de leur assemblée générale annuelle, le 13 octobre, à Trois-Rivières, mettant ainsi fin aux six années de Jeannine Messier à la tête de l’organisation. L’événement a permis d’élire Valérie Fortier, 40 ans, copropriétaire de la ferme laitière Ferme Miline (2021), à Saint-Valère, dans le Centre-du-Québec, pour succéder à la présidente sortante. 

Notons que l’organisation créée il y a 36 ans a connu un développement marqué sous l’égide de Mme Messier, passant d’un seul employé permanent à 14. Les Agricultrices du Québec ont misé sur le développement des compétences entrepreneuriales de leurs membres, en lançant le programme Dimension E, qui offre du soutien dans tous les aspects de la gestion d’entreprise. L’autre principal pilier de ce développement est Perspectives +, qui vise l’avancement de la représentativité des femmes dans les instances agricoles. « Avant cela, notre activité, c’était le gala annuel », dit Jeannine Messier. 

Valérie Fortier

Valérie Fortier entend poursuivre sur cette lancée, qui inclut l’arrivée de l’offre de services de Dimension E aux agricultrices ontariennes. Parmi les priorités qu’elle s’est fixées, on compte la promotion de l’organisation auprès des agricultrices non membres. « Quand les gens apprennent ce qu’on fait vraiment, ils sont toujours surpris. Plusieurs pensent que nous sommes un club social », explique la nouvelle présidente. 

À son avis, les agricultrices et la population doivent développer une nouvelle perception de ce travail. « Nous sommes de véritables chefs d’entreprises, mentionne-t-elle. Certaines gèrent des entreprises qui valent des millions. » Valérie Fortier a également l’intention de poursuivre les visées de l’organisation afin d’assurer le leadership dans la création d’une association pancanadienne d’agricultrices. 

Des enjeux liés à la grossesse en milieu agricole

L’assemblée générale annuelle a également été l’occasion d’adopter différentes résolutions, dont la moitié ont été portées par la jeune génération et ont touché aux enjeux financiers et de santé liés à la grossesse en milieu agricole. 

Rachel Trépanier, de la Ferme La Chouette Lapone, une agricultrice de Saint-Séverin, en Mauricie, a présenté plusieurs d’entre elles. Cette maraîchère qui, il y a plusieurs années, a dû retourner au champ pour mettre l’épaule à la roue et a fait une fausse couche à l’époque. Aujourd’hui mère de deux jeunes enfants, elle juge qu’elle avait été mal conseillée sur les enjeux financiers. « J’ai transformé ma colère et ma peine en militantisme », raconte-t-elle. 

Mme Trépanier a fait adopter une résolution visant à colliger et à rendre accessible la documentation quant aux risques pour la santé liés à la grossesse en milieu agricole. Rachel Trépanier a aussi obtenu l’aval de l’assemblée pour que des démarches soient faites auprès des instances gouvernementales afin que les agricultrices qui, comme elle, n’ont pas accès au programme Pour une maternité sans danger de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail en raison de leur statut bénéficient d’un soutien financier.

La nouvelle présidente, Valérie Fortier, précise, pour sa part, qu’il existe certaines solutions à ces enjeux, mais qu’elles sont méconnues. « Les Agricultrices du Québec ont maintenant des conseillers, avocats, fiscalistes, comptables qui connaissant bien ces enjeux et qui peuvent répondre à ces interrogations, explique-t-elle. Cela dit, on peut encore améliorer la couverture et on va y travailler. Mais c’est long de faire changer les lois. » 

Mère monoparentale, elle mentionne qu’elle peut comprendre les préoccupations de ses membres, ayant élevé seule trois enfants après le décès de son mari il y a 10 ans. « Je sais ce que c’est de devoir faire rouler une entreprise tout en s’occupant des enfants », affirme-t-elle, en soulignant que, comme ce fut le cas pour le Régime québécois d’assurance parentale, pour lequel elles se sont battues, les luttes qu’ont portées les Agricultrices du Québec pourront aussi servir à l’ensemble des femmes de la province.