Économie 29 novembre 2019

Récolte misérable de maïs : la Financière compensera une bonne partie des pertes

Les producteurs de maïs qui se dirigent vers une mauvaise récolte, marquée par une baisse des rendements et des coûts de récolte plus élevés, seront dédommagés en bonne partie par La Financière agricole du Québec, estime André Houle, directeur du développement des programmes en assurance.

Un coussin de 44 000 $

C’est une combinaison de programmes qui permettra aux producteurs québécois de disposer d’un niveau de sécurité élevé, tant en termes de protection des revenus que de récoltes, précise M. Houle.

De fait, les gouvernements du Québec et du Canada ont déposé depuis 2014 une somme totale de 199 M$ dans le compte Agri des producteurs de grains afin, justement, de leur offrir un coussin au cas où ils connaîtraient une mauvaise année. Chaque agriculteur participant est libre de faire ce qu’il veut avec cet argent et de l’utiliser quand bon lui semble. Les cinq dernières années ont été bonnes pour l’ensemble des producteurs de maïs et il reste 106 M$ dans leurs comptes Agri en date d’aujourd’hui. Ce coussin, en moyenne de 44 000 $ par agriculteur participant, devrait, selon la Financière, aider à compenser une partie des pertes de liquidités enregistrées lors de cette mauvaise récolte.

Rembourser les baisses de marge

La Financière dispose aussi de programmes qui couvrent les diminutions de marges de production. Par exemple, le programme Agri-Québec Plus dédommagera le producteur de maïs si ses revenus sont au moins 15 % inférieurs à sa moyenne des cinq dernières années. Idem si ses frais variables sont au moins 15 % plus élevés que ce qui apparaît dans son historique. À ce moment, le gouvernement, par le biais de ce programme, lui versera un paiement qui compensera une portion des baisses de marges.

Le maïs assuré

Les pertes de rendement occasionnées par l’écrasement du maïs au sol en raison des forts vents d’octobre dernier sont quant à elles couvertes par l’assurance récolte. Ce ne sont pas tous les producteurs qui ont décidé de s’assurer cette année, mais ceux qui l’on fait pourraient être dédommagés s’ils ont subi des pertes dépassant la franchise qui est de 15 à 20 %.

La Financière dit avoir 1 160 avis de dommages à l’étude à ce sujet. Fait méconnu, le maïs de mauvaise qualité, c’est-à-dire de grade échantillon, est également sujet à une compensation. « La Financière ne couvre pas le stress [engendré par ces mauvaises conditions de récolte] », ajoute M. Houle, empathique envers ses clients. 

Des milliers en pertes de liquidités pour les producteurs

Advenant une baisse de rendement de 20 %, une ferme moyenne spécialisée en grandes cultures, qui cultive 325 hectares de maïs-soya, perdrait 85 000 $ de revenu et subirait une hausse des coûts de main-d’œuvre, de diesel et de propane de 25 à 30 %. Les revenus habituels de 570 000 $ de cette exploitation type diminueraient à 485 000 $. Cet exemple provient de l’agroéconomiste des Producteurs de grains du Québec (PGQ), Marie-Hélène Parent. La réalité de chaque entreprise serait différente, mais selon le scénario de la ferme type précédent, Mme Parent évalue que le programme Agri-Québec Plus de la Financière compenserait un montant qui n’excéderait pas les 20 000 $. « Quoi qu’il existe comme programmes, ils ne seront pas suffisants pour compenser les pertes des producteurs », affirme le directeur des PGQ, Benoit Legault. 

Martin Ménard, journaliste